Bercy tente de mettre les PDG Veolia et Suez autour de la table : Frérot ne comptait pas s'y rendre

Les présidents des groupes Veolia et Suez, engagés dans un bras de fer autour du projet d'OPA du premier sur le second, ont été conviés à "engager le dialogue" samedi au ministère de l'Economie pour tenter notamment de décaler la date-limite fixée par Veolia à Engie pour se prononcer. Le PDG de Veolia, Antoine Frérot n'avait pas l'intention de s'y rendre.
(Crédits : Reuters)

L'Etat entend "engager le dialogue" samedi entre les deux frères ennemis du traitement de l'eau, qui s'affrontent sur le terrain des mots, de la communication ou du droit depuis que Veolia a manifesté fin août son projet d'OPA sur Suez.

Le PDG de Veolia n'avait pas l'intention de se rendre à Bercy

Leurs dirigeants, le PDG de Veolia Antoine Frérot, et le président de Suez Philippe Varin, ont été invités samedi matin à Bercy par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Cette réunion vise à s'entendre pour repousser la date limite (30 septembre) de l'offre faite par Veolia à Engie de lui racheter sa participation de 29,9% dans Suez pour 2,9 milliards d'euros. Une première étape avant de lancer une OPA sur le reste du capital.

Problème. Antoine Frérot n'avait pas l'intention de s'y rendre, selon l'AFP et Le Figaro. Le PDG du leader mondial du traitement de l'eau et des déchets, qui veut réaliser la fusion de son entreprise avec Suez, a indiqué à plusieurs reprises qu'il ne souhaitait pas repousser la date de validité de son offre, fixée au 30 septembre, car il ne souhaite "pas mettre Veolia dans cette position plus longtemps", selon l'un de ses proches.

Offre améliorée

Dans la journée de vendredi, Antoine Frérot a indiqué vouloir revoir à la hausse le prix offert à Engie pour acheter ses parts dans Suez, "confiant" de pouvoir mener à bien son OPA en dépit du barrage juridique que son rival lui oppose. Engie, qui vend ses actions dans Suez pour se recentrer sur son secteur de l'énergie, a réuni ses administrateurs vendredi en fin de journée. Ils étaient censés prendre connaissance de l'offre "améliorée" présentée par Veolia. Mais aucune décision immédiate n'était attendue car le conseil d'administration a été transformé au dernier moment en simple réunion de travail à distance, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Antoine Frérot insiste sur les améliorations apportées aussi en termes de garanties sociales, avec un courrier formalisant ses engagements en matière de préservation de tous les emplois avec leurs avantages sociaux.

Engie dispose encore de cinq jours pour discuter de l'offre de Veolia. Un conseil d'administration ordinaire est d'ores et déjà prévu mercredi après-midi.

Si Engie accepte, Veolia compte déposer quelques jours plus tard une "intention d'OPA" à l'adresse des autres actionnaires de Suez. Il espère accomplir l'opération dans un délai de 12 à 18 mois, le temps d'obtenir l'aval des autorités de la concurrence en France et à Bruxelles.

"Pilule empoisonnée"

Son projet, qui inclut la cession des activités Eau France de Suez pour respecter la législation anti-trust, a cependant une épine dans le pied depuis que Suez a placé mercredi cette branche sous le chapeau d'une fondation destinée à la rendre incessible.

"Cette pilule empoisonnée est handicapante pour le projet que je porte et tant qu'elle ne sera pas désamorcée, elle ne le rend pas possible", a admis Antoine Frérot devant des journalistes. Mais "je n'ai pas dit que c'était imparable", a-t-il ajouté, relevant que "les juristes travaillent".

Il a aussi indiqué qu'il ne céderait pas la branche Eau France de Veolia, au lieu de celle de Suez. "Parce que ce n'est pas mon projet, donc c'est comme ça".

La direction de Suez s'oppose au projet de fusion, selon elle "aberrant" d'un point de vue économique et social et "funeste pour la France". Elle demande quelques semaines pour monter un plan avec des investisseurs alternatifs.

Pour desserrer l'étau, le conseil d'administration a approuvé la création d'une fondation de droit néerlandais, composée de trois administrateurs et dotée d'un droit de regard sur la cession de l'Eau France, grâce au transfert d'une seule action.

Une façon pour Suez de s'imposer dans la discussion sur le sort de son actionnariat, et de préserver l'Eau, cœur de son métier, argumente son président Philippe Varin.

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