Boosté par l'éolien et l'hydrogène, PlanetSolar attaque un deuxième tour du monde

Des bouteilles d'hydrogène produit à bord permettront au navire de gagner en autonomie. Et l'énergie du vent, via un "kite" (cerf-volant) pilotable automatiquement, aidera à réduire la consommation d'énergie solaire. Ainsi adapté, PlanetSolar (désormais Race for Water) naviguera pendant cinq ans afin de montrer que la propulsion sans pollution est possible.
Giulietta Gamberini
"Les quelque 500 mètres carrés de panneaux solaires qui recouvrent le bateau restent les mêmes, dans le respect de l'intention initiale d'utiliser des produits couramment commercialisés", précise l'ancien capitaine du navire Gérard d'Aboville.

Un pas de plus vers la transition énergétique du transport maritime. Premier bateau solaire à avoir réalisé, entre 2010 et 2012, le tour du monde, PlanetSolar repart pour une mission pédagogique encore plus ambitieuse. En cinq ans, il parcourra de nouveau la planète en associant, cette fois, l'énergie du soleil à celles du vent et de l'hydrogène.

"Les quelque 500 mètres carrés de panneaux solaires qui recouvrent le bateau restent les mêmes, dans le respect de l'intention initiale d'utiliser des produits couramment commercialisés", précise l'ancien capitaine du navire Gérard d'Aboville. Mais afin de pouvoir plus longtemps naviguer en cas de mauvais temps, le bateau, appartenant désormais à la fondation Race for Water, a été équipé de 25 bouteilles d'hydrogène. Produit à bord par électrolyse à partir de l'eau de mer, ce gaz permettra de stocker l'énergie solaire excédentaire.

     >Lire: Hydrogène: la France a son usine de production d'électrolyseurs

L'hydrogène produit par l'électrolyse de l'eau de mer

"Atteindre la même capacité de stockage en utilisant les seules batteries Lithium Ion n'aurait pas été possible dans un bateau, en raison de leur poids: dix tonnes de batteries permettent de naviguer à peine deux jours", explique Alexandre Closset, président de la société qui commercialise la technologie ajoutée à PlanetSolar, Swiss Hydrogen. Or, les quelque cinq tonnes de bouteilles d'hydrogène que désormais le navire portera lui permettront d'être autonome pendant environ une semaine. Toutes les précautions évitant le risque d'explosion ont évidemment été prises, assure Alexandre Closset.

Planet solar

Afin de profiter également de la force du vent, le navire a par ailleurs été équipé d'un grand cerf-volant (kite) pilotable automatiquement, fabriqué par une entreprise allemande spécialisée. "Par rapport aux voiles traditionnelles, ces cerfs-volants sont adaptables à toutes sortes de bateaux. Ils permettent aussi davantage d'économies car ils peuvent aller chercher le vent jusqu'à 400 mètres de hauteur et en optimisent l'énergie", souligne le président de Skysails Stephan Wrage.

Skysails

Silencieux comme un voilier

Ainsi adapté, l'ex-PlanetSolar partira donc de Lorient le 9 avril, pour un tour qui prévoit trois escales phares: aux Bermudes en juin 2017 pour l'America Cup, à Tokyo en juillet 2020 pour les Jeux Olympiques et à Dubaï lors de l'Exposition universelle à partir d'octobre 2020. Entre-temps, le bateau, équipé de laboratoires humides et sèches, hébergera des missions scientifiques. "Silencieux et sans vibrations comme un voilier, mais plus précis dans ses déplacements, il offre des possibilités de recherche uniques", observe Gérard d'Aboville. Au-delà des cinq personnes composant l'équipage permanent, le bateau est en effet assez grand pour héberger une bonne dizaine d'autres chercheurs, dans des locaux tout fraîchement rénovés.

Plus ponctuellement, jusqu'à 50 personnes pourront être accueillies à bord: journalistes, politiques, public. L'objectif est en effet surtout démontrer la "réalité de la transition énergétique", et montrer des solutions aussi utilisables à plus large échelle, explique Franklin Servan-Schreiber, porte-parole et membre du conseil stratégique de Race for Water.

Le plastique transformé en vraie ressource

Une exposition à bord fera notamment la promotion d'une machine que la fondation est en train de développer avec l'entreprise française Etia, visant à transformer par pyrolyse toutes sortes de plastique en hydrogène et méthane commercialisables et qui devrait être prête en fin 2017.

"Chaque année, 10% des 250 millions de tonnes de plastique produites au monde aboutit, via les rivières, dans les océans, dont il constitue 80% des débris, avec des effets dramatiques pour les écosystèmes. La seule manière de stopper ce fléau est de rendre rentable la collecte de ces déchets, déjà pratiquée dans nombre d'îles et de villes côtières", estime Franklin Servan-Schreiber, qui reste pourtant optimiste: dès lors que les moyens de la transition existent, "l'accélération de la transformation peut être fulgurante".

Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 13/03/2017 à 11:01
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Belle aventure!

à écrit le 12/03/2017 à 18:17
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Un projet passionnant qui fait avancer la technique dans le sens du transport propre et durable. Les associations soleil-vent et électricité-hydrogène promues par ce projet m'enthousiasme ! Nous ne pouvons que leur souhaiter le meilleur succès et de...

à écrit le 12/03/2017 à 10:38
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Pourquoi n'utilise pas t'on l’énergie des centrales nucléaires pour faire de l'hydrogène la nuit .... faute de mieux pour l'instant ?

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