Charbon : le gouvernement met en stand-by le prix plancher du carbone

L'instauration d'une surtaxe sur l'énergie produite par les centrales alimentées en charbon, qui devait être intégrée au projet de budget pour 2017, a été abandonnée. Selon la CGT, elle aurait entraîné la fermeture dans les deux ans à venir des dernières centrales à charbon françaises.
La mesure va être abordée dans un cadre européen, explique-t-on du côté du ministère de l'Environnement.

La promesse très symbolique formulée par le gouvernement entre le printemps et l'été ne restera qu'un vœu encore pour quelques temps. La production d'électricité à partir du charbon sera pas taxée dès l'année prochaine. Après des manifestations organisées jeudi 21 octobre par la CGT dans plusieurs villes menacées par les fermetures de centrales, la mesure, qui devait être intégrée sous la forme d'un amendement au projet de budget pour 2017, a été abandonnée.

Lors des débats sur la loi de Finances à l'Assemblée, dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, conscient de "l'émoi considérable" causé dans plusieurs régions par cet amendement qui aurait précipité la fin programmée des centrales à charbon françaises, a déclaré : "Il serait judicieux d'avoir un étalement dans le temps", en soulignant que la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoyait "au plus tard en 2023 de mettre fin à ces centrales."

Un revirement à la veille de la COP 22

La promesse du gouvernement remonte à la conférence environnementale, en avril, lorsque le président François Hollande avait annoncé l'instauration unilatérale, par la France, d'un prix plancher pour la tonne de carbone dans le secteur de la production électrique. Il s'agissait notamment de surtaxer, à partir de 2017, le courant produit par les centrales alimentées en énergies fossiles (charbon, fioul et gaz), afin d'encourager la production d'électricité à base de sources renouvelables (éolien, solaire...). Quelques mois plus tard, la ministre de l'Environnement et de l'Energie Ségolène Royal avait précisé que ce "prix plancher" serait limité aux seules centrales à charbon, les plus polluantes des centrales thermiques.

Le revirement intervient à quelques semaines de la conférence de l'ONU sur le climat, qui se tiendra en novembre à Marrakech. Selon une source proche du dossier citée par l'AFP, il ne serait pas lié à la faible disponibilité du parc nucléaire français, qui suscite en ce moment des inquiétudes pour l'approvisionnement en électricité du pays cet hiver.

Le ministère de l'Environnement rassurant

Mais la mesure n'est pas abandonnée et va être abordée dans un cadre européen, explique-t-on du côté du ministère de l'Environnement.

"L'importance de donner un prix un prix au carbone pour orienter dans la durée les investissements vers les énergies bas carbone, reste un des axes de la loi sur la transition énergétique", et de la PPE "qui sera publiée dans les prochains jours", rappelle-on , soulignant que "la France a déjà une tarification carbone incluse dans sa fiscalité énergétique, et il y a des travaux européens sur les marchés carbone".

"C'est dans ce cadre que la discussion se poursuit", et "l'objectif reste la réduction des énergies fossiles dans la production d'énergie", explique-t-on de même source.

La CGT minimise l'impact du charbon sur le climat

La CGT, selon qui cette surtaxe aurait entraîné la fermeture dans les deux ans à venir des dernières centrales électriques françaises à charbon, et la suppression de 5.000 emplois directs et indirects en France, a estimé que l'abandon de l'amendement est "un bon début", mais qu'elle sera vigilante sur "'l'étalement dans le temps' évoqué par M. Eckert". Loïc Delpech, de la fédération Mines énergie, appelle le gouvernement à "une vraie réflexion environnementale et pas juste sur les centrales à charbon", responsables selon lui "de 1 à 1,5% seulement des émissions" polluantes.

La France compte encore quatre centrales fonctionnant avec cette énergie. Deux sont exploitées par EDF, à Cordemais en Loire-Atlantique et au Havre en Seine-Maritime, et deux autres par l'allemand Uniper (ex-EON), à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône et Saint-Avold en Moselle.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 23/10/2016 à 10:26
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La fiscalité énergétique a une justification purement "économique". La référence au climat est une opportunité pour sensibiliser l'opinion publique parce que le public et les économistes sont insensibles aux problèmes économiques liés à l'usage de l'...

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