Charbon, pétrole, gaz... une centaine de députés européens exhortent l'UE et ses banques à bannir tout projet « climaticide »

L'initiative, lancée par Raphaël Glucksmann (groupe S&D), Karima Delli (EELV) et le Belge Paul Magnette, a convaincu une centaine d'élus européens de signer une lettre demandant à la Commission européenne d'interdire aux groupes énergétiques de l'UE de lancer de nouveaux projets dans les énergies fossiles. Ils réclament aussi une législation plus contraignante à l'égard des banques, qui financent ces projets qui représentent selon eux un « péril climatique ».
L'initiative a été lancée par les députés européens Raphaël Glucksmann (groupe S&D) et Karima Delli (EELV) ainsi que le bourgmestre de la commune belge de Charleroi, Paul Magnette.
L'initiative a été lancée par les députés européens Raphaël Glucksmann (groupe S&D) et Karima Delli (EELV) ainsi que le bourgmestre de la commune belge de Charleroi, Paul Magnette. (Crédits : Reuters)

Une prise de position historique : voilà en substance ce qu'attendent de l'Union européenne une centaine d'élus européens. Dans une lettre consultée ce mardi 7 février par l'AFP, ils indiquent que l'UE « doit passer à la vitesse supérieure en contraignant par la loi les multinationales fossiles et les acteurs financiers à renoncer à tout nouveau projet dans le charbon, le pétrole et le gaz ».

Objectif : un traité européen de non-prolifération des énergies fossiles

Ils demandent ainsi « à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de proposer d'urgence une législation européenne » qui « empêche toute nouvelle exploitation d'énergies fossiles » par des groupes européens tel que « TotalEnergies ou Shell ».

L'initiative a été lancée par les députés européens Raphaël Glucksmann (groupe S&D), Karima Delli (EELV) et le bourgmestre de la commune belge de Charleroi, Paul Magnette qui s'illustra en 2016 en bloquant le CETA au niveau européen.

Une centaine d'élus - eurodéputés, élus français, maires - ont signé cette lettre, notamment Yannick Jadot (EELV), Olivier Faure (PS), Delphine Batho (EELV) ou encore les maires de Strasbourg, Jeanne Barseghian (PS) et de Grenoble Eric Piolle (EELV).

« Nous demandons également à Ursula von der Leyen de défendre publiquement l'idée de traité de non-prolifération des énergies fossiles », détaillent les élus.

Et d'ajouter :

« C'est maintenant qu'il faut agir, avant qu'il ne soit définitivement trop tard », ajoutent les 100 signataires.

Leur lettre sera présentée ce mardi 7 février dans l'après-midi lors d'un évènement à Bruxelles baptisé « Stop aux superprofits sur le dos de la planète ».

Lire aussiCOP 27 : sortir des sources fossiles n'est pas une solution pour sauver le climat, c'est un but à atteindre

Empêcher les banques de l'UE de financer tout projet « climaticide »

Les élus réclament également une législation « qui empêche le secteur financier européen de fournir des services financiers à ce type de projet et aux entreprises qui ne renonceraient pas rapidement à développer ce type de projet climaticide ».

Les banques s'efforcent de devenir plus « vertes » ces dernières années, comme le montre un rapport publié fin 2022 par ShareAction, mais il y a encore « beaucoup de chemin à parcourir », précise la même ONG.

L'association a scruté les politiques des 25 premières banques européennes, qui se sont engagées à atteindre un net zéro émission de carbone d'ici à 2050, à travers plusieurs critères (gouvernance du climat, risques climatiques, stratégie en matière de biodiversité...).

Si elle salue les actions menées, elle dénonce toujours le manque de transparence des banques, notamment dans le soutien aux secteurs à forte émission de carbone, la difficulté de saisir une grande partie du financement des secteurs à forte intensité de carbone et les « lacunes » dans les politiques de réduction de financement des industries fossiles, ce qui rendrait hors de portée l'objectif de contenir le réchauffement à +1,5 °C, conformément aux accords de Paris.

Lire aussiClimat : l'ONG ShareAction place trois banques françaises en tête de son classement européen

Les banques sont régulièrement visées par des attaques d'activistes. La dernière en date vise notamment BNP Paribas, mise en demeure par trois ONG, pour exiger de la banque « à cesser immédiatement tout financement de nouveaux projets fossiles ».

La réponse des banques, notamment françaises, est de dire qu'elles font déjà ce qu'elles peuvent, sur des sujets très complexes où tous les indicateurs ne sont pas encore disponibles, et qu'elles ne peuvent pas aller plus vite que le rythme de décarbonation de l'économie elle-même.

Lire aussiLes actifs des 60 plus grandes banques liés aux énergies fossiles s'élèvent à 1.350 milliards de dollars

En Afrique, TotalEnergies et les banques font la sourde oreille

C'est finalement un exemple qui montre que, en l'absence de réglementation stricte, les pétroliers et les financiers ont le champ libre. Cinq défenseuses de l'environnement avaient pressé en novembre TotalEnergie et ses soutiens financiers de cesser leurs projets « climaticides » en Afrique du Sud, accusés de menacer la faune marine et la pêcherie artisanale, ainsi que d'aggraver la crise climatique.

Elles indiquent ce mardi 7 février regretter le peu de réponses positives de la part des banques interpellées. « Globalement on n'a que quatre acteurs financiers - la banque italienne UniCredit et trois assureurs - Generali, Hannover RE et HDi Global - qui se sont engagés à ne pas soutenir explicitement » ces projets, a expliqué l'une d'elle, Lucie Pinson.

Certaines banques (comme Crédit Agricole ou BNP Paribas) ont simplement renvoyé à leur politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) tandis que la grande majorité (dont Axa et Société Générale) n'a tout simplement pas répondu.

Ces cinq défenseuses de l'environnement - Claire Nouvian (Bloom), Liziwe McDaid (The Green Connection), Makoma Lekalakala (Earthlife Africa), Heffa Schücking (Urgewald) et Lucie Pinson (Reclaim Finance) - sont lauréates du prestigieux prix Goldman de l'environnement - parfois qualifié de prix Nobel vert.

Lire aussiClimat : Pour l'ONU, les pétroliers ont menti et doivent être punis, le patron de TotalEnergies répond

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 08/02/2023 à 13:07
Signaler
Faites tourner une économie sans énergie, et le réchauffement climatique deviendra le cadet de vos soucis. Si manger à sa faim, se soigner, et se chauffer pour se protéger du froid, sont des activités de confort. Désolé, nous ne serons jamais d'accor...

à écrit le 07/02/2023 à 14:46
Signaler
Se rendent t-ils compte que la politique de décarbonation de l'économie est un pari risqué ? S'ils empêchent les investissements dans les énergies fossiles, il n'y aura pas de plan B. Ils nous empêcheront tout retour en arrière, pour finalement nous ...

le 08/02/2023 à 9:08
Signaler
Un pari risqué !!!! Non sérieux.... Et une catastrophe climatique, c'est pas risqué ??? Les bras m'en tombent !!! Avec de tels commentaires, faut pas s'étonner que cette société tombe en délabrement. Et bien continuons comme ça, continuons à inv...

le 08/02/2023 à 9:08
Signaler
Un pari risqué !!!! Non sérieux.... Et une catastrophe climatique, c'est pas risqué ??? Les bras m'en tombent !!! Avec de tels commentaires, faut pas s'étonner que cette société tombe en délabrement. Et bien continuons comme ça, continuons à inv...

à écrit le 07/02/2023 à 12:43
Signaler
inutile de demander si c'est les memes qui vont exiger un cheque energie ' pour ceux qui n'ont pas les moyens d'etre sobres, vu qu'ils sont de gauche', et qui exigent le retour de la souverainete industrielle ou autre, mais a leurs conditions bien su...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.