COP21 : l'aide aux pays du Sud a augmenté, mais pas encore assez

En 2014, les pays du Nord ont mobilisé 62 milliards de dollars pour aider les pays du Sud à atténuer leurs émissions de gaz a effet de serre ou à s'adapter au réchauffement climatique. Ils ont toutefois promis d'en verser 100 milliards par an à partir de 2020.
Giulietta Gamberini
"Plus de trois quarts du total estimé des financements climatiques ont soutenu des activités d'atténuation, un sixième environ a été consacré à l'adaptation et une faible proportion a appuyé les deux objectifs", souligne l'OCDE.

Si on avance vers l'objectif, nombreux sont encore les efforts nécessaires afin de l'atteindre. En 2014, les financements mobilisés par les pays développés vers ceux en voie de développement pour lutter contre le réchauffement climatique se sont élevés à 61,8 milliards de dollars (54,7 milliards d'euros). C'est environ 10 milliards de plus qu'en 2013, lorsque 52,2 milliards avaient été versés, a révélé l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié mercredi 7 et réalisé en collaboration avec la Climate Policy Initiative (CPI).

Bien que "des progrès significatifs" aient ainsi été réalisés "en direction de l'objectif de 100 milliards de dollars" par an promis à partir de 2020 par les pays développés à ceux en voie de développement, une quarantaine de milliards manquent donc encore, constate cette étude, présentée à Lima dans le cadre de l'assemblée générale de la Banque mondiale et du FMI. Or, le respect de cette promesse, formulée en 2009 à Copenhague, conditionne la signature des pays du Sud à l'accord mondial sur la climat espéré fin 2015 à Paris.

Un état des lieux

L'OCDE a été chargée de rédiger ce rapport justement afin de faciliter les discussions en vue de la conférence internationale de décembre (COP21). "Notre mandat était de fournir un état des lieux des financements", et non pas de "faire des projections" jusqu'en 2020, a expliqué à l'AFP, lors d'un briefing téléphonique, Simon Buckle, l'un des auteurs du rapport.

"Ce n'est pas une estimation parfaite (...) mais nous pensons que c'est une estimation solide et actualisée qui sera utile à l'approche de la COP21", a-t-il souligné.

L'aide prise en compte peut être fournie par des organismes tant publics que privés, sous forme de dons ou de prêts et être destinée à soutenir soit des plans de réduction des gaz à effet de serre, soit des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement. Selon la moyenne calculée sur 2013 et 2014, la part des financements publics (bilatéraux ou multilatéraux) s'établit à 71%, contre 26% pour le privé et 3% pour les crédits export.

Il est néanmoins précisé que l'étude ne prend pas en compte les montants promis pour le Fonds vert pour le climat (10 milliards d'ici 2018), puisque ce fonds n'est opérationnel que depuis fin 2014. "Plus de trois quarts du total estimé des financements climatiques ont soutenu des activités d'atténuation, un sixième environ a été consacré à l'adaptation et une faible proportion a appuyé les deux objectifs", ajoute d'ailleurs l'OCDE.

Bilan OCDE financement climat

Encore du temps pour beaucoup de chemin?

Voilà "un chiffre qui ne fait fuir personne : ni les pays du Sud (...), qui doivent continuer de détailler leurs engagements pour contenir le réchauffement de la planète, ni les pays du Nord, qui sont appelés à augmenter leur contribution pour atteindre l'objectif de 100 milliards", a réagi dans un communiqué le ministre français des Finances, Michel Sapin, se montrant confiant quant à une accélération de la dynamique.

François Hollande a annoncé le lundi 28 septembre, devant l'Assemblée générale des Nations unies, que les financements annuels de la France pour le climat, qui sont de trois milliards d'euros aujourd'hui, atteindront cinq milliards en 2020. Michel Sapin espère que d'autres annonces de ce type tomberont lors des rencontres de ce jeudi à Lima entre les financiers de 188 pays.

Quant aux réactions des ONG, elles se partagent entre celles qui insistent sur la moitié pleine ou vide du verre, la grande majorité soulignant néanmoins la nécessité de poursuivre les efforts. Bien qu'il y ait "encore beaucoup de chemin à faire", d'ici à 2020, "les pays ont encore le temps de revoir (leurs engagements) à la hausse", observe notamment Athena Ballesteros du World resources institute, un think tank américain, interrogée par l'AFP. "Les pays et les communauté les plus vulnérables sont encore les grands perdants des financements climat", rappelle pour sa part Romain Benicchio, conseiller principal en politiques pour Oxfam International.

L'adaptation, parent pauvre de l'atténuation?

Cette ONG déplore en effet qu'une "part marginale des financements, 16%, soit effectivement destinée à l'adaptation des populations les plus vulnérables", la très grande majorité de l'aide allant à des projets visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un déséquilibre sur lequel a également insisté, pour la France, le dernier rapport de la Commission des finances du Sénat -intitulé justement Financement climat: n'oublions pas les pays les plus pauvres:

"Les engagements de l'Agence française de développement comptabilisés climat et déclarables aide publique au développement ont certes connu une hausse importante entre 2007 et 2010, mais elle n'a pas bénéficié à tous les types de financement. Ainsi, entre 2007 et 2014, les engagements en matière d'atténuation ont été multipliés par 3,5 environ (+ 247,5 %), quand les engagements en matière d'adaptation n'ont augmenté que de 89,3 %. Au total, sur la période, les engagements en matière d'adaptation n'ont représenté que 12 % des engagements climat de l'AFD", lisait-on dans le communiqué de présentation du rapport.

Les rapporteurs spéciaux -Fabienne Keller (Les Républicains) et Yvon Collin (RDSE)-, préconisaient ainsi "de consacrer au minimum 20 % de financements climats à des actions d'adaptation au changement climatique".

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2015 à 20:34
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Vous voulez dire comme dans les pays subsahariens dont les surfaces désertiques diminuent au profit de la verdure? C'est beau le constructivisme et le militantisme. Surtout quand on en vit aux dépens des autres.

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