COP21 : un prix plancher pour le carbone... ou une taxe ?

La ministre française de l'Ecologie estime qu'un prix plancher permettrait de redresser en France le marché du carbone lancé en 2005 par l'Union européenne. Mais pour Christine Lagarde, l'introduction d'une taxe permettrait aux ministres des Finances du globe de reconstituer leurs réserves budgétaires.
"Nous pourrions, pour accélérer le mouvement à l'échelle européenne, faire cause commune avec le Royaume-Uni (qui a déjà mis cela en place), avec l'Espagne, l'Italie, la Belgique et, pourquoi pas, l'Allemagne, a proposé Ségolène Royal.

Leurs propositions ne semblent pas être contradictoires, mais plutôt complémentaires et définies par des périmètres géographiques et temporels différents. D'une part et d'autre de l'Atlantique, deux Françaises, Ségolène Royal et Christine Lagarde, ont rouvert le débat entre mercredi et jeudi sur les moyens par lesquels les Etats devraient accélérer la transition écologique.

Face au fonctionnement encore imparfait du marché du carbone européen, pourtant principal instrument de la politique climatique de l'UE, la ministre française de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, a proposé jeudi 8 octobre la création d'un prix plancher du carbone pour le secteur électrique dans l'Hexagone. Lors du colloque annuel de l'Union française de l'électricité (UFE), l'association professionnelle du secteur de l'électricité, elle a déclaré:

"Quoique nous n'en soyons pas encore à adopter un prix du carbone mondial et unifié - mais ça viendra -, pourquoi en France ne pas avancer dans le bon sens, avec un prix plancher du quota de CO2 pour le secteur électrique?"

"Cela aiderait à baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Cela permettrait de réduire utilement la durée de fonctionnement de nos centrales à charbon, tout en gardant un fonctionnement de marché", a expliqué la ministre.

Cette proposition sera mise sur la table dans le cadre de la réflexion engagée sur l'évolution de la fiscalité écologique, qui figurera dans un projet de loi de finances rectificative en fin d'année (ou "collectif budgétaire"), a précisé le ministère de l'Energie à l'AFP.

Un prix en chute libre

 "Nous pourrions, pour accélérer le mouvement à l'échelle européenne, faire cause commune avec le Royaume-Uni (qui a déjà mis cela en place), avec l'Espagne, l'Italie, la Belgique et, pourquoi pas, l'Allemagne, qui fait de ses centrales à charbon un palliatif transitoire à l'abandon du nucléaire mais certainement pas une énergie d'avenir", a poursuivi Ségolène Royal.

Depuis 2009, l'UE peine à redresser le marché du carbone lancé en 2005 dans le but d'inciter les entreprises à investir dans des technologies moins polluantes. Du fait du ralentissement économique, mais aussi du développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, la demande de quotas d'émission (ou "droits à polluer") a chuté et les excédents se sont accumulés, pesant sur le prix du carbone. Celui-ci est aujourd'hui plus de trois fois inférieur au prix qui avait été envisagé au moment de la mise en place du mécanisme.

Un "matelas de sécurité"

Pour sa part, la patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a estimé la veille que ce serait le "bon moment"  pour introduire une "taxe carbone", afin de financer la lutte contre le réchauffement climatique tout en redressant les finances des Etats.

Lors de l'assemblée générale FMI-Banque mondiale à Lima, au Pérou, et à deux mois de la conférence de Paris sur le climat, la dirigeante a souligné que cette contribution permettrait aux ministres des Finances du globe de reconstituer les "matelas de sécurité" budgétaires qui ont été durement affectés par le récent ralentissement économique mondial, "pour combattre la prochaine crise". "C'est le propre des ministres des Finances" de chercher "des sources de revenus", a-t-elle souligné.

Lagarde préfère une taxe

La dirigeante a affiché sa préférence pour une taxe par rapport au système concurrent d'un marché carbone, où les entreprises s'échangent des quotas d'émissions de CO2 moyennant finances, comme en Europe. Selon elle, cet impôt pourrait permettre d'abonder le fonds de 100 milliards de dollars par an que la communauté internationale s'est engagée à mettre sur pied d'ici à 2020 pour freiner le réchauffement climatique. Quelque 61 milliards ont pour l'heure été réunis, a révélé l'OCDE mercredi.

Christine Lagarde a également estimé que c'était "le bon moment" pour supprimer les subventions aux prix énergétiques qui pèsent, selon le FMI, 5.400 milliards de dollars et qui sont actuellement "perdus".

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 09/10/2015 à 6:07
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Mme Royal et ses déclarations..... Les autoroutes devraient etre gratuite le week end...... Les autoroutes sont trop chères..... La France va faire des controles sur les véhicules diesels (il y a 15 jours) ne croyant pas les responsables de la mar...

à écrit le 09/10/2015 à 0:08
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@ BONSOIR : encore une taxe mais à part inventer de nouvelles taxes à quoi servez vous exactement ????

à écrit le 08/10/2015 à 21:04
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Et pourquoi ne pas créer une taxe Européenne sur le CO2. Avec le nombre de centrales au charbon que l'Allemagne a ouverte on pourra enfin se rendre compte que leur exemple tant voulu par nos écologiste est loin d'en être un...

à écrit le 08/10/2015 à 20:32
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Une taxe plancher. Une sorte de droit d'exister... A force d'inverser le sens premier des choses, à savoir laisser l'état s'accaparer des droits qu'il n'a pas, nous finirons par devoir payer pour simplement avoir le droit de vivre.

à écrit le 08/10/2015 à 17:45
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C'est toujours le bon moment pour créer une taxe !

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