EDF prend pied sur le marché africain du hors réseau

En partenariat avec la startup californienne Off Grid Energy (OGE), EDF lance une activité hors-réseau en Côte d’Ivoire, un pays où elle est présente depuis plus de 50 ans. Son objectif est d’alimenter ainsi en électricité 3 millions d’Africains d’ici 2020, dont la moitié d’Ivoiriens.
Dominique Pialot
EDF et OGE veulent apporter l'électricité à trois millions d'Africains hors-réseau

Le contexte commence à être bien connu : 600 millions au moins d'Africains sans aucun accès à l'électricité ; des prix d'équipements en énergies renouvelables qui s'effondrent depuis des années, et l'avènement de nouvelles technologies qui, à l'instar du paiement par mobile, le levier le plus efficace de l'électrification africaine, permettent de s'assurer du paiement des factures par une clientèle jusqu'ici laissée pour compte.

La nouveauté, en revanche, c'est l'intérêt que porte EDF, chantre de l'énergie décentralisée, au marché du hors-réseau. Certes cela fait 15 ans que l'opérateur historique français mène en Afrique un programme d'électrification qui a déjà bénéficié à 100 000 personnes. Mais son ambition est aujourd'hui de passer à une autre échelle. « Le développement des réseaux et des moyens de production traditionnels ne suffisent pas à répondre à la croissance démographique », reconnaît ainsi Valérie Levkov. La directrice Afrique et Moyen-Orient du groupe identifie par la même occasion une immense opportunité de marché.

Une co-entreprise 50/50 avec une startup californienne

Au-delà des 600 millions d'Africains hors-réseau (auxquels s'ajoutent ceux pour lesquels l'électricité n'est pas abordable et ceux raccordés à un réseau défaillant), « le marché potentiel compte plutôt 2,2 milliards de personnes », observe Bill Lenihan, directeur financier et opérationnel de Off Grid Energy (OGE), la startup californienne à laquelle EDF s'est associée pour ses premiers pas sur ce marché. C'est au travers de son fonds d'investissement corporate Electranova Capital, qui étudie pas moins de 400 startups par an, que le groupe français a sélectionné son partenaire. Entre autres atouts, ce dernier possède une technologie éprouvée, des actionnaires tels que Solar City, une première référence sur le marché tanzanien où il a équipé plus de foyers en électricité solaire en 2015 que le réseau national n'en a raccordé ...Surtout, OGE développe ses propres réseaux de distribution, au lieu de sous-traiter cette activité comme la plupart de ses concurrents.

Trois ans pour posséder un kit complet

Ainsi, en Côte d'Ivoire, où EDF est présent depuis plus de 50 ans et qui a été choisie comme premier marché, la co-entreprise ZENI à 50/50 vise 1000 salariés à terme, dont une majorité dédiés à la distribution. Un atout certain dans la mesure où, en dehors de l'équipement solaire (panneaux et onduleur), le kit proposé comprend également des lampes, une radio et pour les offres les plus élaborées, un téléviseur à écran plat, fabriqués en Inde et en Chine, et assemblé en Indonésie et en Afrique. Le tout pour un forfait mensuel de 7, 15 ou 22 dollars, à comparer avec la facture actuelle de l'ordre de 5 dollars pour une électricité polluante et peu fiable. Le modèle économique proposé par les deux partenaires permet à leurs clients de devenir propriétaires des kits en trois ans. Les kits seront commercialisés sous la marque Zola (soleil en dialecte local). « Si EDF est bien connue des élites du pays et des professionnels du secteur, elle ne l'est pas du grand public », observe Valérie Levkov. Et Zola a l'avantage de pouvoir se décliner aussi bien en Afrique francophone ou anglophone.

Un marché de 2,2 milliards de personnes

Les deux partenaires envisagent de partir ensemble à l'assaut d'autres marchés africains, en priorité ceux où EDF est déjà implanté, avec un objectif global de trois millions de clients en 2020, dont la moitié en Côte d'Ivoire. Mais à ce jour, c'est seulement dans ce pays que l'exclusivité du partenariat a été décidée.

EDF et OGE ne sont pas les seuls à s'intéresser à ce marché, où sont déjà positionnés, pour ne mentionner que de grands groupes français, Schneider Electric ou encore Total.  Mais, comme le rappelle Bill Lenihan, le marché est à peine émergent et ne comporte que 300 000 ou 500 000 installations aujourd'hui. "Il y aura différents modèles et de nombreux gagnants". Parmi lesquels EDf compte bien jouer sa carte.

Dominique Pialot

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Commentaire 1
à écrit le 10/11/2016 à 9:32
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L'Afrique, terre de fléaux.

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