Green bonds : la France fait la course en tête

Engie vient d’émettre sa deuxième obligation verte pour 1,5 milliard d’euros, sur un marché particulièrement dynamique en ce début d’année, où la France tient le haut du pavé.
Dominique Pialot
Les émissions d'obligations vertes se multiplient depuis le début de l'année 2017: Engie, Edf, la Caisse des dépôts, la Région Ile-de-France et l'Etat français lui-même.

Après un premier "green bond" de 2,5 milliards d'euros en mai 2014, Engie récidive avec une nouvelle émission de 1,5 milliard. Cette obligation verte, destinée à financer des projets dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, où le groupe affiche de grands ambitions, comporte deux tranches de respectivement 700 millions d'euros à 7 ans, avec un rendement de 1,01 %, et  de 800 millions d'euros, à 11 ans, à un taux de 1,65 %. Certaines opérations financées par le premier "green bond", notamment des barrages, avaient été vertement critiquées par des ONG pointant du doigt les déplacements de population et les nuisances causées à la biodiversité locale. Cette fois, le groupe met en avant ses critères environnementaux et sociaux validés par l'agence indépendante de notation extra-financière Vigeo Eiris, ainsi qu'un contrôle a posteriori.

Déjà quatre émissions et près de 5,5 milliards d'euros pour EDF

Cette émission s'inscrit dans un marché des "green bonds" qui entame 2017 en fanfare, notamment en France. De 42 milliards de dollars en 2015, il a bondi à 92 milliards en 2016 et semble bien parti pour franchir allègrement la barre des 100 milliards attendue cette année. D'après le site spécialisé Environmental finance, le montant des fonds levés en janvier 2017 s'établirait déjà à 10,5 milliards de dollars, à comparer avec les 7,8 milliards levés en janvier 2016.

La France joue le premier rôle dans ce démarrage en trombe. Ses énergéticiens sont particulièrement actifs : outre Engie, EDF, qui avait innové en 2013 avec le premier "green bond" corporate français, d'un montant de 1,4 milliard d'euros, lançait en janvier justement sa quatrième émission. Son obligation « Samouraï » (émise en yen par une entreprise non japonaise) d'un montant global de 137 milliards de yen (1,1 milliard d'euros), comporte deux tranches « vertes » qui représentent 212 millions d'euros. Au total, l'énergéticien a levé près de 5,5 milliards de "green bonds", en euros, en dollars et en yen.

Franc succès de l'obligation souveraine française

En dehors du secteur de l'énergie, la Caisse des Dépôts (CDC) a également placé en février une obligation verte de 500 millions d'euros à échéance 1er mars 2022 et assortie d'un coupon de 0,20%, pour laquelle la demande a dépassé un milliard d'euros. Ces fonds sont destinés à financer des investissements en fonds propres ou quasi-fonds propres. Les deux tiers concernent des projets immobiliers dotés d'un label environnemental, le solde étant consacré à des infrastructures de production d'énergie renouvelable ou à la réhabilitation de sites urbains pollués menée par des fonds des sociétés Ginkgo et Brownfields, abondés en partie par la CDC.

La Région Ile-de-France a également émis sa cinquième obligation verte et responsable début mars, d'un montant de 500 millions d'euros sur douze ans, à un taux de 1,425%. Le livre d'ordres a dépassé les 900 millions d'euros.

Mais c'est surtout grâce à son obligation verte souveraine que la France occupe le premier rang en ce début d'année. D'un montant de 7 milliards d'euros et d'une maturité de 22 ans, elle a été souscrite à hauteur de 23 milliards. Bien que s'étant fait griller la priorité par la Pologne en décembre dernier (et avec une émission nettement plus modeste, à 700 millions d'euros sur 5 ans), la France mise sur ce succès pour se faire une place dans la finance verte internationale. Le Nigeria, la Suède, la Chine, l'Allemagne, l'Inde, l'Italie ou encore les Pays-Bas pourraient lui emboîter le pas.

La conversion de Warren Buffett

Elle n'est pas pour autant le seul pays où les choses bougent en ce début d'année. Toujours dans le secteur de l'énergie, l'Italien Enel, qui visait officiellement entre 500 millions et 1 milliard d'euros, a finalement levé début janvier 1,25 milliard d'euros sur ce marché des « green bonds », le livre d'ordre ayant atteint 2,9 milliards d'euros . Ces fonds lui serviront à financer des projets liés à la lutte contre le réchauffement climatique.

Quant à l'emblématique investisseur américain Warren Buffett, il a émis en février via son entreprise MidAmerican Energy une obligation verte de 850 millions de dollars, destinée au refinancement de projets éoliens géants dans l'Iowa. Cette conversion aux green bonds de « l'oracle d'Omaha », qui n'avait pas choisi cette labellisation pour ses précédentes obligations pourtant destinées à financer des projets solaires, pourrait bien être interprétée comme un point d'inflexion sur ce tout jeune marché.

Dominique Pialot

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