La politique pro-charbon de Trump attaquée en justice

Comme ils l’avaient annoncé, 22 États et 6 villes américaines ont entamé une action en justice devant une cour fédérale de Washington pour tenter d’empêcher le président américain de ralentir la fermeture des centrales à charbon souhaitée par son prédécesseur Barack Obama.
Dominique Pialot
Malgré la réglementation pro-charbon de Trump, cette énergie est en perte de vitesse aux États-Unis, concurrencée par le gaz de schiste peu cher.
Malgré la réglementation pro-charbon de Trump, cette énergie est en perte de vitesse aux États-Unis, concurrencée par le gaz de schiste peu cher. (Crédits : Brian Snyder)

Ils l'avaient annoncé dès l'abrogation en juin dernier par l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA) du Clean Power Plan élaboré par l'administration Obama, avec l'objectif de contraindre chaque État à abaisser de 32% entre 2005 et 2030 les émissions de gaz à effet de serre de leurs centrales. Cet objectif s'inscrivait dans l'Accord de Paris pour le climat, que Trump s'est empressé de dénoncer en juin 2017.

En réalité, ce texte, à l'époque attaqué par 27 États contestants la compétence de l'EPA, avait été suspendu en février 2016 par la Cour suprême et n'était jamais entré en vigueur.

Le mythe du « charbon propre »

Mais il est désormais remplacé par le bien mal nommé « Affordable Clean Energy » (ACE). Ce nouveau texte laisse chaque État libre de fixer la mise à niveau des centrales à charbon implantées sur leur territoire. Ce qui laisse évidemment la porte ouverte à de simples remises aux normes limitant les émissions de gaz à effet de serre des centrales, leur évitant la fermeture pure et simple.

Certes, les promoteurs du charbon, dont le président lui-même - en partie porté au pouvoir par les ouvriers de la "Rust Belt" (littéralement, la "ceinture de la rouille") - mais aussi l'actuel directeur de l'EPA et ancien lobbyiste de l'industrie Andrew Wheeler, vantent les mérites de la prochaine génération de « charbon propre », qu'ils se targuent d'exporter aux pays encore très accros à cette énergie, tels la Chine et la Russie.

La plupart des têtes d'affiche du camp des démocrates restent sourdes à ces promesses, il est vrai intenables au plan scientifique, dans la mesure où il n'existe rien de tel que du charbon « propre », qui restera dans tous les cas la source d'énergie dont la combustion produit le plus d'émissions de gaz à effet de serre. Ainsi Nancy Pelosi, la présidente de la Chambres des représentants, s'était immédiatement élevée contre ce nouveau texte.

La consommation de charbon n'a jamais été aussi basse depuis 40 ans

Mais mardi 13 août, c'est une coalition de 22 États - parmi lesquels ceux de la côte Pacifique, tels que la Californie, l'État de Washington, de New York ou du Colorado) et 6 villes (dont New York, Los Angeles, Chicago...) qui a annoncé s'être pourvue en justice, au motif que ce texte va à l'encontre des obligations légales fixées à l'EPA.

Mais, au-delà d'une opposition éminemment politique à 15 mois de la prochaine échéance électorale, le combat semble d'ores et déjà perdu pour le charbon, pour des raisons économiques et notamment l'abondance de gaz de schiste très compétitif.

Certes, Trump peut mettre en avant les quelque 1.800 emplois regagnés dans le secteur depuis son élection. Mais les chiffres du ministère de l'Énergie indiquent que la consommation est aujourd'hui au plus bas depuis 40 ans, et, sur le terrain, en dépit de l'absence de réglementation contraignante, les fermetures se multiplient. Le charbon ne produit plus qu'un quart de l'électricité américaine, contre 50% dans les années 2000.

Depuis 2011, les centrales de capacités de production 65 GW ont été fermées. En plus de ces raisons purement économiques, les entreprises opérant ces centrales craignent également un - nouveau - revirement réglementaire, d'autant plus probable si les Républicains étaient contraints de céder la Maison Blanche aux Démocrates en novembre 2020.

Dominique Pialot

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Commentaires 7
à écrit le 16/08/2019 à 8:50
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Notre pouvoir français ferait bien de redonner à manger à la justice française parce que petit à petit c'est elle qui va jouer le rôle d'acteur économique majeur. Mais bon en UERSS, empire prévu pour durer mille ans, on aime pas les juges, logiqu...

à écrit le 15/08/2019 à 22:19
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T 'en fait qu'à ta tête. Mais le peuple américain veille avec l'aide de ses représentants locaux. Ah la la !!! C'est ingrat la démocratie. Bon, autant pour moi je plaide coupable car j'avais oublié que le charbon c'est tjrs propre à vous enfumer.

à écrit le 14/08/2019 à 20:56
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Du charbon propre? Les américains ont le sens de l'humour.

le 16/08/2019 à 9:29
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Humour noir.

à écrit le 14/08/2019 à 16:20
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En fait au lieu de se lamenter d'un déséquilibre, une augmentation de la température avec une augmentation du carbone, nous pourrions nous adapter a un retour de la végétation similaire a celle du temps des dinosaures! A nous de gérer un nouveau mond...

le 15/08/2019 à 9:29
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Il faut regarder la réalité en face: une multinationale qui pollue construit en réalité un nouveau monde pour nos enfants. Et après on critique lâchement bien caché derrière un ecran!

le 15/08/2019 à 16:52
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Esprit de contradiction... grâce a des idées toutes faites sans faire intervenir l'évolution et l"adaptation! Une multinationale a tendance a répondre a une demande!

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