La ruée vers le GNL fait les affaires du fabricant normand de pipelines ITP

Comme la ruée vers l’or avait fait la fortune des marchands de pelles, celle vers le GNL galvanise le français ITP, connu pour fabriquer le nec plus ultra du pipeline isolant. Capable d’acheminer des fluides à très hautes et très basses températures, il avance aussi ses pions sur le marché des énergies nouvelles.
ITP s'est taillée une réputation en acier trempé dans la technologie du « pipe-in-pipe ».
ITP s'est taillée une réputation en acier trempé dans la technologie du « pipe-in-pipe ». (Crédits : ITP)

Sagement rangés sur une esplanade, des dizaines de tubes faits d'un alliage à base de nickel attendent l'intervention des soudeurs. Dans l'atelier, une équipe entoure d'une feuille de métal d'autres tuyaux de plus petit diamètre. Bienvenue dans la seule usine française de la PME francilienne ITP sur le port de Caen-Ouistreham (Calvados).

Brevet de bonnes conduites

Ici, l'on fabrique la Rolls du pipeline ou, plus précisément, ce que les spécialistes appellent le pipe-in-pipe. Autrement dit, un tuyau en renfermant un autre à la manière d'un thermos. Entre les deux couches, une barrière isolante à toute épreuve. De quoi acheminer des fluides à des températures comprises entre -250 °C (moins 250 degrés Celsius) et +500 °C.

La qualité se paie. Pour douze mètres de conduite sur mesure exclusivement, comptez environ 50.000 euros. Pour ce prix, ITP -qui ne communique pas son chiffre d'affaires- est le seul dans sa spécialité à garantir zéro maintenance tout au long de la vie. « Nos produits ont vocation à être installés là où il y a des besoins d'isolation critique sur des distances de quelques kilomètres dans les ports ou les aéroports par exemple », détaille son directeur général, Pierre Ollier.

Un carnet de commandes plein comme un œuf

Spécialisée à l'origine dans le transport de pétrole, la PME fondée en 1992 a pris le virage du gaz liquéfié ces dernières années. Bien lui en a pris. Depuis la fermeture des robinets du gaz russe, elle engrange les commandes pour des pipelines de GNL. Conçus pour transporter du gaz liquide à -100 °C, ceux-ci sont fabriquées pour une moitié à l'étranger à proximité des sites de liquéfaction, et pour l'autre, dans son usine normande.

Cette dernière tourne à plein régime en ce moment pour fournir un client en Louisiane (dont on ne saura pas l'identité, secret industriel oblige). D'une moyenne de 25 salariés à la création du site en 2008, les effectifs tournent à plus de 200 personnes, intérimaires compris.

La ruée vers le GNL battant son plein, l'activité ne devrait pas décroître avant un bon moment, à écouter son PDG, Ludovic Villatte.

« Nous sommes en lice sur tous les projets d'export de gaz aux USA et sur tous les projets d'import de gaz », indique-t-il.

Cap sur les nouvelles énergies

Soucieuse de conserver son avance, ITP entend bien aussi jouer sa carte sur le marché des énergies nouvelles comme la géothermie industrielle, le solaire thermodynamique, l'ammoniac, ou encore, l'hydrogène - une molécule qui, sous sa forme liquide, se transporte à -250 °C. Dans ce dernier domaine, l'entreprise est impliquée dans plusieurs démonstrateurs en Australie.

« Si l'exportation d'hydrogène décolle, c'est de là-bas que cela partira en premier », prédit son patron en connaisseur.

Dans le même registre de la décarbonation, la PME suit de très près l'évolution des projets concernant la capture et le stockage du carbone. Ses tubes high tech pourraient en effet être utilisés pour injecter le CO2 liquéfié depuis les bateaux qui le transporteront jusque dans des cavités sous-marines.

« Si cela se transforme de manière industrielle, nous serons dans la course », promettent ses dirigeants.

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