Le géant gazier allemand Uniper a déjà perdu 12,3 milliards d'euros en 6 mois

Uniper a annoncé avoir enregistré, au premier semestre, une perte nette de 12,3 milliards d'euros. Le géant allemand, qui paye les conséquences de la baisse des livraison de gaz à bas coût venu de Russie, fait l'objet d'un plan de soutien par l'Etat qui a prévu de monter à hauteur de 30% au capital du groupe.
Uniper fait l'objet d'un plan de soutien de la part de l'Etat allemand qui va monter à hauteur de 30% au capital du groupe.
Uniper fait l'objet d'un plan de soutien de la part de l'Etat allemand qui va monter à hauteur de 30% au capital du groupe. (Crédits : WOLFGANG RATTAY)

Les temps sont difficiles pour Uniper. Le géant allemand de l'énergie paye le prix fort de la crise énergétique qui menace le pays depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février. Et pour cause, « pour respecter les contrats avec ses clients, Uniper était et est forcé d'acheter du gaz à des prix élevés sur le marché », explique l'entreprise. Plus concrètement, à cause de la baisse de l'approvisionnement en provenance de Russie, Uniper ne peut plus compter sur des accords de prix à long terme et a dû acheter du gaz cher au comptant pour compenser le manque à gagner.

Or, le prix de l'hydrocarbure ne cessent de grimper. Il atteignait, mardi, son plus haut niveau en six mois en Europe. Historiquement, il n'avait plus été élevé que lors de deux séances, début mars, quand les sanctions économiques contre la Russie après son invasion de l'Ukraine ont bouleversé le marché.

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12,3 milliards d'euros de perte nette

Si Uniper est fragilisé par des ajustements comptables liés à la réduction des livraisons, il subit aussi l'arrêt du gazoduc Nord Stream 2, ces deux facteurs ayant pesé à hauteur de plusieurs milliards d'euros sur le résultat. Le projet de ce pharaonique gazoduc censé relier la Russie à l'Europe en particulier l'Allemagne et exploité par le géant russe Gazprom, a, en effet, été suspendu peu après l'invasion russe en Ukraine. Il avait été cofinancé par cinq groupes énergétiques européens, dont Uniper.

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En conséquence, l'entreprise gazière allemande a annoncé des résultats bien peu encourageants, mardi. Elle a affiché au premier semestre une perte nette de 12,3 milliards d'euros. Si elle dit s'attendre à une perte annuelle, sans la chiffrer, elle anticipe néanmoins une amélioration du résultat en 2023 et un retour aux bénéfices en 2024. « Depuis des mois, Uniper joue un rôle essentiel dans la stabilisation de l'approvisionnement en gaz -- et ce au prix de milliards d'euros de pertes », explique le patron, Klaus-Dieter Maubach, dans un communiqué.

Sauvetage par l'Etat

Des chiffres qui n'augurent aucune amélioration à court terme de la situation d'Uniper qui fait déjà l'objet d'un plan de sauvetage par l'Etat pour garantir sa solvabilité. Fin juillet, Berlin avait, en effet, décidé d'injecter des milliards d'euros pour sauver le premier importateur et stockeur de gaz en Allemagne de la faillite. Ce plan de sauvetage prévoit notamment que l'Etat monte à hauteur de 30% au capital du groupe ce qui passera par « une augmentation de capital d'environ 267 millions d'euros pour un prix d'émission de 1,70 euro par action », avait détaillé le groupe fin juillet. Uniper va également bénéficier d'un prêt public de « jusqu'à 7,7 milliards d'euros » en obligations convertibles obligatoires, c'est-à-dire qui deviendront à terme des actions. Une extension à « 9 milliards d'euros » de la ligne de crédit d'urgence, actuellement à 2 milliards d'euros, sera débloquée auprès de la banque publique KfW, avait ajouté l'entreprise. « Uniper est une entreprise d'une importance capitale pour le développement économique de notre pays et pour l'approvisionnement en énergie des citoyens », avait justifié le chancelier Olaf Scholz, qui s'était personnellement engagé à éviter une faillite du groupe qui menacerait, par effet domino, de disloquer le marché énergétique et d'entraîner des pénuries d'énergie pour des milliers de clients.

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Et les contribuables vont également devoir mettre la main au portefeuille : les importateurs et distributeurs de gaz, dont Uniper, sont, en effet, autorisés à répercuter, à partir du 1er octobre, sur leurs clients la hausse des prix du gaz, qui a été multipliée par huit. Ils pourront prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers. Le chancelier allemand Olaf Scholz a, toutefois, assuré que le gouvernement envisageait des mesures d'aide. Le dirigeant a également souligné que la décision du gouvernement allemand de prendre une participation dans Uniper était nécessaire mais pas éternelle.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 18/08/2022 à 0:35
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Vive le national socialisme allemand qui collectivise les pertes d'une entreprise privée défaillante de quoi faire rougir Mao Zedong...

à écrit le 17/08/2022 à 15:31
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Que scholtz se débrouille avec Biden, il est devenu le mouton des USA, sans se préoccuper des alliés européens.

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