Le plastique, prochain défi du recyclage

Seuls 23 % des emballages ménagers en plastique sont recyclés. Éco-Emballages veut arriver à plus de 50 % d'ici à 2030.
1 million de tonnes d’emballages ménagers en plastique sont mis sur le marché chaque année en France.

Le sixième continent continue de dériver dans le Pacifique, tuant vie marine et plancton. Cette énorme masse de déchets contient certainement une partie du million de tonnes d'emballages ménagers en plastique mis sur le marché chaque année en France.

En effet, ce matériau est encore très peu recyclé (23 % du total, contre 70 % pour le verre et 90 % pour le papier carton en 2011, source ministère de l'Écologie) et la plus grande partie se retrouve dans les décharges puis dans la nature. C'est pourquoi Éco-Emballages, société privée à but non lucratif agréée par l'État, veut doubler ce chiffre d'ici à 2030.

Plusieurs facteurs expliquent ce taux très bas : la complexité du plastique, avec sept résines de natures très différentes qui le composent, la complexité du tri - seules les bouteilles en PET et quelques pots et barquettes sont recyclables - et un outil industriel peu adapté. Or, d'un point de vue écologique, le recyclage du plastique est important : l'extension des consignes de tri à tous les emballages plastiques pourrait faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre d'un million de tonnes à l'horizon 2030.

Éco-Emballages a mené entre 2011 et 2013 une expérimentation des consignes de sélection auprès de 51 collectivités et 34 centres de tri dont dépendent regroupent 3,7 millions d'habitants.

« Seuls 15 % des centres français sont prêts à accueillir ces tonnes d'emballages plastiques», explique Éric Brac de la Perrière, directeur général.

Il faut donc adapter les centres à ces contenants, particulièrement les films, très difficiles à séparer des autres emballages.

Le Syndicat mixte de la Vallée de l'Oise (SMVO) qui gère un bassin de 410000 habitants, a investi 8 millions d'euros pour moderniser son outil de sélection des déchets ménagers. Pourtant, malgré cet effort financier considérable, il a dû remettre au pot en achetant une nouvelle machine à 800 000 euros capable d'extraire ces films dès le début du processus de tri.

« La moitié de ce qui rentre dans les machines est composée de films que nous étions incapables de sortir du flux. De plus, ils ont tendance à se disperser en petits fragments et polluer les balles d'autres matériaux recyclés qui sont vendues aux différentes filières industrielles [papier, aluminium, verre, etc., ndlr] », détaille Gilles Choquer, directeur du SMVO.

La nécessité des économies d'échelle

L'expérimentation a aussi montré qu'il est nécessaire d'adapter le parc actuel des centres (241, soit un pour 250 000 habitants) aux bassins de population, avec des installations moins nombreuses mais plus grandes et capables de trier les plastiques.

« Le tri est une activité industrielle qui nécessite des économies d'échelle. Un bassin d'un million d'habitants génère environ 60 000 tonnes de déchets ménagers. Or, le plus gros centre français situé à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, traite 45 000 tonnes au maximum, et le standard est de 30 000 tonnes pour les autres installations», détaille Carlos de los Llanos, directeur du département tri et emballages.

Troisième étape : maîtriser le calendrier pour la mise en oeuvre des nouvelles consignes de tri incluant les plastiques.

Suite à cette expérimentation en grandeur réelle, le recyclage des emballages plastiques concernera 8 à 10 millions d'habitants d'ici à 2016, puis sera généralisé à l'ensemble du territoire en 2022. Un calendrier « plus rapide que ceux des autres pays européens», se félicite Éric Brac de la Perrière.

Pour appuyer ce déploiement, la société à but non lucratif va investir 45 millions d'euros : 15 pour poursuivre l'expérimentation en cours, 10 pour la nouvelle tranche jusqu'en 2016 et 20 millions pour aider la modernisation du parc, avec à la clé une réduction de 15 % du coût de tri unitaire à la tonne en 2022. Un appel à candidature auprès des collectivités volontaires est en ligne sur le site d'Éco-Emballages. Grâce à cette campagne pour améliorer le recyclage des déchets ménagers en plastique, ÉcoEmballages espère bien faire diminuer la pollution, mais également la mise en décharge et améliorer les conditions de travail dans les centres de tri, très difficiles et génératrices de TMS (troubles musculo-squelettiques).

Une initiative bienvenue qui devrait bénéficier à toute la filière et à l'ensemble de la population française.

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Commentaires 6
à écrit le 05/06/2015 à 15:41
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Et la bonne vieille consigne???

à écrit le 23/03/2015 à 18:53
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Il faudrait commencer par harmoniser la couleur des poubelles. Ensuite, comme dit photo73, supprimer le logo qui indique "à payé" et le remplacer par un dessin de l'emballage et/ou du produit où chaque partie (bouchon, bouteille par exemple) serait d...

à écrit le 23/03/2015 à 15:50
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et on en vient jamais à parler de changer la nature des emballages ! Une harmonisations des plastiques utilisés, voir l'intégration d'emballages plus écologiques, des plastiques bio-dégradables,... pourquoi prend t'on toujours les problèmes dans le ...

à écrit le 22/03/2015 à 15:14
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Recyclage quelle fumisterie!!!! La majorité des HLM,ne font pas de récupération car le statut des gardiens,est nébuleux sur cette tache!!!! Les syndics font fi de cette modalité,car cela implique une contrainte pour le prestataire de nettoyage de l...

à écrit le 22/03/2015 à 14:16
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Une chose quand même pour nous rassurer, tout emballage contribue financièrement même s'il finit à l'incinérateur. Le petit logo ne veut pas dire "recyclable" mais "à payé" (disons contribué), ce qui perturbe certains consommateurs. En Italie, les b...

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