Les cyber-attaques, un danger croissant pour le secteur de l'énergie

En 2015, le nombre d'attaques informatiques réussies a augmenté dans plus de 80% des sociétés pétrolières. Ce qui rend ce secteur si attirant pour les pirates, c'est sa digitalisation -et sa vulnérabilité- accrue mais, surtout, l'effet domino potentiel d'un blocage des infrastructures énergétiques, souligne un rapport publié jeudi.
Giulietta Gamberini
D'ici 2018, 1,87 milliard de dollars pourraient être dépensés chaque année par les industries du gaz et du pétrole pour se protéger contre les cyber-attaques, calcule le rapport.

Ce n'est pas parce qu'il est stratégique que ce secteur est plus à l'abri des hackers que les autres. Au contraire, son rôle essentiel dans les économies modernes en fait désormais une cible de choix. Le secteur énergétique est de plus en plus visé par les cyber-attaques, et prend conscience du danger, constate un rapport publié jeudi 29 septembre par le Conseil mondial de l'énergie en partenariat avec le réassureur Swiss Re et l'entreprise de gestion des risques Marsh & McLennan Companies, en vue du Congrès mondial de l'énergie qui se tiendra à Istanbul du 9 au 13 octobre. En 2015, le nombre d'attaques informatiques réussies a augmenté dans plus de 80% des sociétés pétrolières.

Ce qui rend ce secteur si attirant pour les pirates, c'est d'une part sa digitalisation accrue, qui en augmente la vulnérabilité: désormais, la menace informatique est comparable à celle d'"une inondation ou un incendie". D'autre part, la dépendance de l'énergie d'un monde de plus en plus numérisé, qui amplifie l'effet domino potentiel d'un blocage des infrastructures énergétiques: "dérèglements économiques et financiers", mais aussi "pertes humaines" et "dommages environnementaux massifs" figurent parmi les conséquences possibles évoquées par le rapport. D'autant plus que ces attaques "peuvent passer inaperçues jusqu'à ce qu'un réel dommage soit apparent", observe le secrétaire général du Conseil mondial de l'Energie, Christoph Frei, qui  en conclut:

"Dans les années à venir, nous nous attendons à ce que les cyber-menaces continuent d'augmenter et changent notre façon de penser les infrastructures intégrées et la gestion de la chaîne d'approvisionnement."

Une approche inter-sectorielle s'impose

La sensibilité au problème croît avec le phénomène. Au cours des trois dernières années, une bonne trentaine de pays ont ainsi "mis en place des programmes ambitieux" pour le contrer, observe le secrétaire général.

L'Europe a pour sa part adopté une directive dédiée à la cybersécurité (Network and Information Security Directive, NISD) qui entrera en vigueur en 2018. Et d'ici à cette date, quelque 1,87 milliard de dollars pourraient être dépensés chaque année par les industries du gaz et du pétrole pour se protéger contre les cyber-attaques, calcule le rapport.

L'étude prône toutefois "une plus grande sensibilisation du grand public et des gouvernements au risque", qui fera d'ailleurs l'objet d'une session dédiée lors de la deuxième journée du congrès.

Un nouveau gisement d'emplois

Le Conseil mondial de l'énergie insiste notamment sur la nécessité d'une approche systémique et inter-sectorielle, permettant d'évaluer le danger, améliorer la protection et diminuer l'impact des failles tout au long de la chaîne d'approvisionnement énergétique. Industrie, entreprises technologiques, assurance et finance sont ainsi appelées à jouer leur rôle.

Les gouvernements sont, pour leur part, encouragés à créer un terrain réglementaire favorable à la lutte contre la cyber-criminalité, mais aussi à "former des gens qualifiés", "sachant que la demande en la matière dépasse l'offre avec un taux de croissance deux fois plus rapide que tous les autres emplois dans les nouvelles technologies".

Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 04/10/2016 à 12:48
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"L'étude prône toutefois "une plus grande sensibilisation du grand public et des gouvernements au risque"" : le jour où on arrêtera de vouloir absolument nous refourguer des voitures connectées, des compteurs gaz/électricité connectés, des paiements ...

à écrit le 01/10/2016 à 12:49
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Quand on vend des bâtons pour se faire battre, il ne faut pas s'étonner!

à écrit le 30/09/2016 à 17:11
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En principe des énergies décentralisées ou il peut y avoir de plus d'îlots autonomes en énergie c'est beaucoup plus difficile à faire tomber totalement qu'un réseau centralisé. Cà donne un avantage de plus aux énergies renouvelables.

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