Nouvelle déconvenue pour Alstom suite au rachat par GE

Le géant américain a officiellement annoncé qu’il renonçait à la création des 1.000 emplois promis lors du rachat de la branche énergie d’Alstom il y a quatre ans. À ce jour, il n’en a créé que 323 et il pourrait lui en coûter 34 millions d’euros de pénalités.
Dominique Pialot
Députés et sénateurs LR, président du conseil départemental, président du Grand Belfort - par ailleurs maire de Belfort -, demandent à Emmanuel Macron « quelles actions il entend mener (...) pour préserver l'emploi à Belfort.
Députés et sénateurs LR, président du conseil départemental, président du Grand Belfort - par ailleurs maire de Belfort -, demandent à Emmanuel Macron « quelles actions il entend mener (...) pour préserver l'emploi à Belfort". (Crédits : © Vincent Kessler / Reuters)

C'est un nouveau rebondissement dans un dossier qui alimente la polémique depuis quatre ans. « Confrontée à un environnement difficile du fait de l'évolution défavorable de ses marchés historiques dans le secteur de l'énergie », l'entreprise américaine General Electric, qui avait repris les activités du Français Alstom dans l'énergie il y a quatre ans, vient d'informer officiellement le ministre de l'Économie Bruno Le Maire qu'elle n'honorerait pas son engagement de création d'emplois.

C'est pourtant la promesse faite en 2014 de créer 1.000 emplois dans l'Hexagone qui avait permis à l'Américain de l'emporter face à son concurrent Siemens, qui avait les faveurs du ministre de l'Économie de l'époque Arnaud Montebourg. Ce dernier s'était d'ailleurs livré à un bras de fer avec le Pdg d'Alstom, Patrick Kron.

C'est le patron de GE en personne John Flannery, qui a succédé il y a un an à l'emblématique Jeff Immelt, qui avait présidé l'entreprise pendant 16 ans et mené cette opération pour 13,5 milliards d'euros, qui en a informé Bruno Le Maire. En lieu et place du millier d'emplois promis, l'entreprise affiche (seulement) un solde de création nette de 323 emplois. Le ministre de l'Économie a « pris acte » de cette annonce, et demandé à M. Flannery que « des perspectives claires soient données pour les années à venir à chacun des sites industriels de GE en France. »

Les élus du territoire de Belfort vent debout

Il y a quatre ans, une pénalité de 50.000 euros par poste non créé avait été évoquée. Arnaud Montebourg, déplorant que « la parole des multinationales [soit] lourdement dévalorisée par ce type de comportement », incite le gouvernement à appliquer ces amendes, dont l'addition s'élèverait pour GE à quelque 34 millions d'euros.

GE a beau rassurer sur ses autres engagements : "la création de quatre sièges mondiaux en France, celle de trois co-entreprises avec Alstom, la non-fermeture de sites en France et la présence d'un Français au conseil d'administration du groupe", les élus des territoires concernés, à commencer par le territoire de Belfort, berceau d'Alstom - et de GE France avant le rachat -, ne l'entendent pas de cette oreille. Députés et sénateurs LR, président du conseil départemental, président du Grand Belfort - par ailleurs maire de Belfort - ne veulent « rien lâcher ». Ils demandent au président de la République comme au gouvernement « quelles actions ils entendent mener pour faire basculer la parole donnée » et de prendre "toutes les mesures nécessaires pour préserver l'emploi à Belfort".

Performance du pôle énergie d'Alstom « très décevante »

Ils sont d'autant plus virulents qu'ils craignent que cette mauvaise nouvelle ne soit que le début d'une longue série. En effet, à la fin 2018, les ex-Alstom ne seront plus protégés par le plan de restructuration de 4.500 emplois en Europe (12.000 dans le monde) annoncé par GE en décembre dernier, dans le cadre de la restructuration de son pôle énergie. En novembre déjà, John Flannery avait qualifié de « très décevante » la performance du pôle énergie d'Alstom, et annoncé son intention de se séparer de ses activités de transports et services d'électricité dans le cadre d'un plan de cession de 20 milliards de dollars.

Le Pdg de GE a assuré qu'il continuerait "à travailler en étroite collaboration avec le ministère de l'Économie et des Finances" sur les engagements pris lors de l'acquisition, et Bercy a annoncé qu'une nouvelle rencontre entre le ministre et le Pdg aurait lieu à l'automne prochain pour « examiner les propositions de GE. »

Dominique Pialot

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Commentaires 13
à écrit le 15/06/2018 à 9:37
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J'ai du mal à le croire: on signe un contrat sans prévoir de pénalité en cas de non-respect des clauses ???? Je pensais que ce niveau d'incompétence ne se trouvait qu'à la mairie de Paris.

à écrit le 14/06/2018 à 23:05
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Quand on fait de la braderie d'entreprise, on ne veut pas en plus que la concurrence qui rachète en assure le développement non ? Alstom avait été redressé (un des rares bons points qu'il faut attribuer à un ex-président), c'était pour mieux la pe...

à écrit le 14/06/2018 à 23:04
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Les pénalités américaines se chiffrent en milliards de dollars pour les entreprises européennes : quand va-t-on aligner les sanctions sur les mêmes niveaux ???

à écrit le 14/06/2018 à 22:49
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Trump est passé par là !

le 15/06/2018 à 7:26
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Les nuls qui bradent l'industrie et l'agriculture françaises sont passés par là bien avant Trump !

à écrit le 14/06/2018 à 21:29
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Marie Nicolas Les engagements n'engagent que que ceux qui y croient. Combien d'exemples de la sorte ? Il y en a pléthore et pendant ce temps, un bradeur aboie "le social ça coûte un pognon de dingue". La mafia s'éclate..

à écrit le 14/06/2018 à 19:54
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Le visionnaire Macron....😂😂😎

à écrit le 14/06/2018 à 18:50
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Le plus surréaliste de cette histoire, c' est bien que Macron ait cédé Arabelle sur un plateau aux américains cad rien de moins que le coeur du système nucléaire français comme le rapportait en son temps l' excellent Jean Mich...

à écrit le 14/06/2018 à 18:21
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l 'état stratége et nos hommes-énarque d ' affaires? lol ça augure bien pour la suite sncf, adp, engie...vite vendons tout on aura plus de question ensuite à se poser...

à écrit le 14/06/2018 à 16:55
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Qu'en pense Mr Kron, le pdg qui a fait le forcing pour la vente ? Rien car il a empoché le pactole depuis longtemps.

à écrit le 14/06/2018 à 16:50
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L'Etat s'accroche à ce Air France qui n'est qu'un ! transporteur. Il a abandonné Alstom et STX, autrement plus stratégique.

le 14/06/2018 à 17:04
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Alstom énergie (hors nucléaire) n’est pas vraiment stratégique puisqu’elle annonce des résultats médiocres, qu’aucun nouveau projet de centrale au gaz n’est annoncée en France hors Landivisiau, et que le gaz n’est pas trop en phase avec la décarbonée...

le 15/06/2018 à 9:41
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@ Bachoubouzouc Alsthom fait aussi de l'éolien...

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