Des riverains anti-nucléaires jugeaient que les critères pris en compte par la compagnie et l'Autorité de régulation du secteur pour valider techniquement le redémarrage des unités 3 et 4 de la centrale nucléaire de Genkai n'étaient pas assez sévères. Notamment parce que le site, sur l'île méridionale de Kyushu à une centaine de kilomètres au nord de Kumamoto, a été frappé l'an dernier par des tremblements de terre meurtriers.
Pourtant, le tribunal de Saga (sud-ouest du Japon) a annoncé mardi qu'il rejetait la demande de citoyens d'interdire le redémarrage de ces deux réacteurs, donnant raison à l'exploitant, Kyushu Electric Power.
"L'évaluation du risque (par les autorités et la compagnie) repose sur des normes qui sont considérées comme les plus sévères", a argué le juge, estimant qu'il était donc "rationnel" de considérer que les réacteurs sont sûrs, selon les propos rapportés par la presse. "Par conséquent, nous ne voyons pas de risque concret de dégâts majeurs à la centrale de Genkai", a-t-il ajouté.
Une décision favorable au gouvernement ouvertement pro-nucléaire
Tous les réacteurs de l'archipel avaient progressivement été arrêtés après le drame de Fukushima en mars 2011, désastre provoqué par un violent séisme suivi d'un gigantesque tsunami. Des normes plus sévères ont alors été décidées pour toutes les installations nucléaires et seules les tranches qui ont obtenu le feu vert technique de l'Autorité de régulation du secteur et des élus locaux peuvent être réactivées.
Mais le rythme des redémarrages est très inférieur à ce qu'aurait voulu le gouvernement de Shinzo Abe, ouvertement pro-nucléaire. Au total, il y a actuellement 5 réacteurs actifs au Japon, sur un parc ramené à 42 unités, contre 54 avant l'accident de Fukushima qui a de facto condamné les tranches concernées et entraîné l'arrêt définitif d'autres tranches.
Accélération des redémarrages de réacteurs nucléaires
Le cinquième réacteur nucléaire, Takahama 3, situé à 350 km à l'ouest de Tokyo, a été relancé tout récemment, mardi 6 juin 2017, a annoncé l'exploitant Kansai Electric Power (Kepco). Ce réacteur est un modèle qui fonctionne en partie au combustible recyclé Mox dont une livraison est prévue prochainement au Japon en provenance de France, selon Greenpeace.
Takahama 3 et 4 avaient redémarré début 2016, mais un tribunal, saisi par un groupe de riverains, en avait ordonné l'arrêt, estimant que toutes les leçons de la catastrophe nucléaire de Fukushima n'avaient pas été tirées. La décision avait été confirmée en premier appel.
"Il reste des interrogations sur les mesures de protection vis-à-vis d'un tsunami et concernant les plans d'évacuation", avait signifié le juge.
Mais en mars cette année, la Haute cour d'Osaka a infirmé cette décision, ouvrant la voie à un redémarrage.
(Avec AFP)
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