Pétrole : Alger, encore une réunion de l'Opep pour rien ?

Les 14 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui pompe environ un tiers du brut mondial, tiendront une réunion informelle mercredi en marge du Forum international de l'énergie à Alger.
Sarah Belhadi
Le 2 juin, lors de sa réunion semestrielle à Vienne, l'Opep n'était pas parvenue à s'entendre sur un plafond de production, estimant celui-ci "raisonnable".

En matière de rendez-vous manqué, ou de réunion pour rien, le cartel des 14 commencerait presque à devenir champion. Sauf surprise, tous les analystes du marché s'accordent à dire que le rendez-vous d'Alger, prévu mercredi 28 septembre en marge du Forum international de l'énergie, ne servira à rien. Christophe Dembik, responsable mondial de la recherche macroéconomique chez Saxo Bank acquiesce. « C'est un non-événement ».

Pourtant, ces dernières semaines, plusieurs déclarations de pays producteurs de brut, membres et non-membres de l'Opep, ont laissé croire que l'ébauche d'un accord, qui porterait sur un gel de la production, serait actée lors de cette rencontre. Mais à l'approche de la réunion, les déclarations sont nettement moins enthousiastes. Dernière en date : celle de Khaled al-Faleh, le ministre saoudien de l'énergie ce mardi, rapportée par l'AFP. Il assure rester "optimiste" sur une possible entente... mais conditionne le feu vert de Ryad à celui de Téhéran.

En avril, la réunion semestrielle à Doha avait tourné au fiasco ... précisément pour la même raison : face au désaccord de l'Iran de réduire sa production de brut, l'Arabie saoudite avait finalement refusé de participer à un accord visant à stabiliser les prix. Quelques semaines plus tard, le 2 juin, les 13 membres de l'Opep réunis à Vienne pour leur réunion semestrielle, avaient maintenu à l'identique leur niveau de production, satisfaits du rééquilibrage des dernières semaines, expliquant que "l'offre et la demande convergent".

Bref, à quelques heures de cette réunion informelle, les déclarations cherchent au mieux à rassurer, au pire à détourner l'attention de ce qui s'annonce déjà être une réunion pour rien. "L'Arabie saoudite cherche à gagner du temps, et à pomper le maximum de barils. Ryad veut contenir le retour de l'Iran (sur le marché)", résume Christophe Dembik.

Niveau record de la production russe

Sur le sujet, la position de Téhéran n'a pas bougé d'un iota depuis avril. L'Iran reste déterminé à récupérer son niveau de production d'avant les sanctions, c'est-à-dire 4 millions de barils par jour (bpj) d'ici la fin de l'année. Trois sources de l'Opep ont assuré à l'agence Reuters que l'Iran avoisinait actuellement à 3,6 millions de barils par jour (bpj).

Lundi,  le ministre de l'énergie iranien, Bijan Zanganeh, a déclaré que cette réunion était purement ...consultative. Si l'Iran dit non aux concessions, la Russie, pays non-membre de l'Opep et troisième producteur mondial de pétrole, n'est pas prête non plus à réduire ses quotas. Certes, elle participera demain aux festivités d'Alger, mais sans avoir l'intention de prendre des initiatives visant à stabiliser la production mondiale. Il suffit d'observer les derniers chiffres de la production russe. En septembre, elle a atteint des niveaux record dépassant les 11,09 millions de barils par jour, (soit un niveau de pompage mensuel jamais atteint depuis la fin de l'époque soviétique).

De son côté, un autre géant pétrolier se dit solidaire, mais certainement pas prêt à casser sa dynamique de croissance. Le ministre du pétrole irakien, Jabar Laibi, s'est contenté de déclarer, selon des propos rapportés mardi par l'agence de presse officielle algérienne (APS) que "l'Irak soutient toute action et tout effort de nature à préserver l'équilibre du marché pétrolier et à hisser les cours du pétrole". Il y a quelques jours, Badgad a annoncé que sa production doit croître de 4,3 millions de barils par jour à 5 Mb/j à court terme.

>>>(A)RELIRE : Pétrole : la perspective d'un rééquilibrage du marché s'estompe

Sarah Belhadi

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Commentaires 2
à écrit le 28/09/2016 à 8:56
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L'Irak a plus besoin de liquidité que l'arabie saoudite ou le qatar et l'Iran s'est vu interdire ses exportations pendant des décennies je ne vois donc pas pourquoi ils devraient à peine revenu sur le marché limiter leur production. Et oui les mo...

à écrit le 27/09/2016 à 18:51
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Il n'y avait plus de pétrole soi-disant...transition énergétique nous dit-on. Bref la dictature du pétrole à encore de beaux jours...avec de nouveaux conflits militaires à la clef....les peuples du Moyen-Orient n'ont pas fini de souffrir.

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