Essence super chère : Joe Biden accuse les pétroliers d'abuser

Malgré la récente baisse des prix du pétrole brut sur les marchés mondiaux, les prix du carburant continuent de flamber aux États-Unis. Au pays de l'automobile reine, face au mécontentement qui monte, Joe Biden, qui se veut le président de la classe moyenne, via sa porte-parole Jen Psaki, a donné de la voix, qualifiant ce décalage d'"extrêmement contrariant". Mais cette posture pourrait faire long feu face aux mouvements erratiques d'un pétrole brut aux prix très volatils (ils rebondissent ce matin juste avant une réunion de l'OPEP).
Jérôme Cristiani
La moyenne nationale pour un gallon d'essence était de 3,41 dollars, soit 1,29 dollars de plus qu'un an auparavant, et sur certains autoroutes du pays, il peut flamber jusqu'à 7,59 dollars le gallon, expliquait le NYT il y a douze jours. Ici, dans cette station-service de Brooklyn, à New York, le 24 novembre, on note que le prix de super s'affiche à 4,09 le gallon (très proche de la moyenne à 4,16 de ce mercredi 1er décembre), contre... 2,75 dollars il y a un an.
La moyenne nationale pour un gallon d'essence était de 3,41 dollars, soit 1,29 dollars de plus qu'un an auparavant, et sur certains autoroutes du pays, il peut flamber jusqu'à 7,59 dollars le gallon, expliquait le NYT il y a douze jours. Ici, dans cette station-service de Brooklyn, à New York, le 24 novembre, on note que le prix de super s'affiche à 4,09 le gallon (très proche de la moyenne à 4,16 de ce mercredi 1er décembre), contre... 2,75 dollars il y a un an. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 1.12.2021 à 11:11, mis à jour le 2.12 à 17:10 avec (*)Notes]

Aux États-Unis, des millions d'automobilistes américains sont touchés par la récente flambée du prix des carburants qui a atteint le mois dernier "son plus haut niveau depuis 2014", rapportait déjà le New York Times (NYT) il y a une douzaine de jours. Le quotidien américain racontait, au travers de quelques témoignages, comment, dans un contexte d'inflation, avec le renchérissement de nombreux biens et services, cette hausse du prix des carburants contraignait les gens à modifier leurs habitudes de vie: réduction des achats d'autres biens, moins de sorties au restaurant, moins de visites à la famille...

Pour le président Joe Biden qui s'est fait le chantre de la classe moyenne au pays de l'automobile reine, ce problème d'atteinte au pouvoir d'achat des Américains est particulièrement préoccupant.

65,5% d'augmentation sur un an

Le NYT expliquait alors que la moyenne nationale pour un gallon d'essence était de 3,41 dollars, soit 1,29 dollars de plus qu'un an auparavant, et que, sur certains autoroutes du pays, il pouvait flamber jusqu'à 7,59 dollars le gallon.

Sur le site de comparaison des prix des carburants AAA, on lit par exemple que, ce mercredi 1er décembre, le gallon(*) de super coûte en moyenne 4,016 dollars; facile de comparer, quelques lignes plus bas, avec son coût moyen un an auparavant: 2,426 dollars(**)... soit une augmentation de 65,5% sur un an pour ce carburant.

AAA, national average gas prices

Biden signale "le comportement anti-consommateur de majors pétrolières"

Et cela, malgré la récente baisse des prix du pétrole brut sur les marchés mondiaux, avec l'arrivée du nouveau variant du Covid-19, qui fait redouter un ralentissement de l'activité économique mondiale et donc une baisse de la consommation d'or noir...

Cette distorsion alimente l'incompréhension du public. Et face au mécontentement qui monte, la Maison-Blanche via sa porte-parole Jen Psaki qui faisait mardi un point-presse depuis l'avion présidentiel Air Force One, déclarait que ce décalage était "extrêmement contrariant", et, dans le même mouvement, proposait une sorte d'issue en pointant la responsabilité des multinationales du secteur.

"Nous sommes contrariés parce qu'il y a une baisse du prix du pétrole. Il n'y a pas de baisse du prix de l'essence. (...) Il n'y a pas besoin d'être un économiste, il n'y a pas besoin d'être un expert du marché pétrolier pour s'en rendre compte", a-t-elle ajouté, notant qu'au même moment "nous voyons les patrons des compagnies pétrolières qui se vantent de leurs bénéfices".

Jen Psaki a rappelé que le président américain Joe Biden avait saisi à ce sujet l'autorité de la concurrence à ce sujet, la FTC (Federal Trade Commission). De fait, le 18 novembre dernier, le président Joe Biden a écrit à Lina Khan, présidente de la FTC, pour lui demander de porter son attention sur "l'accumulation de preuves d'un comportement anti-consommateur de la part des sociétés pétrolières et gazières", rapporte CBS News dans un article titré "Le président Biden appelle la FTC à déterminer si des « actions illégales » ont fait monter les prix de l'essence".

Green New Deal, dépendance à l'OPEP, prix abusifs...

Pour rappel, lors de la conférence de presse du 12 novembre 2021 à la Maison-Blanche, Jen Psaki abordait clairement la question dans sa réponse à une journaliste qui l'interrogeait sur la hausse des prix de l'énergie:

« Écoutez, notre point de vue est que la hausse des prix du carburant sur le long terme plaide encore plus en faveur du doublement de nos investissements et de notre concentration sur le choix des énergies propres, afin que nous ne comptions pas sur les fluctuations du marché ou de l'OPEP... »

Faisant référence à la saisine de la FTC, elle ajoutait notamment:

"Nous pensons également qu'il y a un certain nombre d'acteurs dans notre pays, qui nous inquiètent et que nous avons repérés, y compris sur la question des prix abusifs."

| VIDÉO. Conférence de presse à la Maison-Blanche du 12 novembre 2021 (la question posée à Jen Psaki est à 43:55 de cette conférence qui dure 52 minutes. En anglais.)

Des prix du pétrole très volatils avant les réunions OPEP et OPEP+

Pourtant, les mesures de coercition qu'envisagerait de prendre le président américain à l'encontre des majors pétrolières pourraient se heurter à une réalité du marché moins manichéenne que prévue. En effet, Omicron, le nouveau variant découvert en Afrique du Sud, frappe en plein envol l'économie mondiale en plein redémarrage. À peine ouvertes, les frontières des États-Unis et d'autres grandes destinations touristiques se referment.

Ainsi, à cause des incertitudes de la 5e vague et maintenant de ce nouveau variant, les prix du pétrole, très volatils, sont repartis fortement à la hausse ce mercredi 1er décembre dans un marché fébrile quelques heures avant l'ouverture d'une réunion de de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

L'OPEP se réunit ce mercredi après 13h00 GMT et de nouveau demain jeudi 2 décembre dans son format OPEP+ (l'OPEP avec ses alliés dont la Russie) pour discuter de l'impact du variant Omicron sur la demande mondiale de pétrole, selon CNBC.

Certains analystes s'attendent à ce que l'OPEP+ ne mette plus à exécution son intention d'ajouter 400.000 barils par jour d'approvisionnement en janvier au regard des restrictions de voyage -et ses conséquences sur l'aviation- qui se profilent avec l'apparition d'Omicron, précise site de la chaîne d'information américaine. Plusieurs ministres de l'OPEP+ ont déclaré qu'il n'y avait pas besoin de changer les prix.

Mais selon Sunil Katke, directeur des activités de vente au détail de matières premières chez Kotak Securities, cité par CNBC, "puisque (les) États-Unis et d'autres pays ont convenu de libérer des stocks d'urgence pour contrôler la hausse des prix... ce qui a conduit à faire passer les prix de 85 dollars le baril à près de 70 dollars, l'OPEP+ pourrait revoir sa stratégie".

Lire aussi 4 mnEtats-Unis : Biden puise dans les réserves de pétrole pour faire baisser les prix de l'essence

Vers 10H45 GMT (11H45 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février avançait de 5,01% à 72,70 dollars, quand celui de West Texas Intermediate (WTI) pour janvier gagnait 4,74% à 69,32 dollars.

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NOTES

(*) Combien de litres dans un gallon ?

Le gallon est une unité de mesure anglo-saxonne dont la définition varie selon la géographie: il équivaut à 3,78 litres aux États-Unis, mais 4,54 litres de l'autre côté de la frontière, au Canada, ou de l'autre côté de l'Atlantique, au Royaume-Uni.

(**) Prix du litre de carburant en France VS aux États-Unis

Les prix des carburants sont beaucoup plus élevés en Union européenne qu'aux États-Unis. D'une manière générale, les pays producteurs/exportateurs de pétrole taxent moins le carburant que les pays importateurs. Le site GlobalPetrolPrices donne, à la date du 29 novembre 2021, un prix moyen au litre de carburant (tous carburants confondus) de 0,989 dollar (0,876 euro) aux États-Unis, contre 1,850 dollar (1,638 euro) en France, grosso modo deux fois plus cher. Bien entendu, les prix réels français de ce début de mois de décembre en France peuvent naviguer bien plus haut, avec des station-service pratiquant ici ou là des prix à quasi 2 euros (par exemple, 1,999 euro le litre de SP98 pour cette station-service de l'avenue Malakoff dans le 16e arrondissement (Source: Carburants.org).

Si l'on compare les prix du carburant à l'intérieur de l'Union européenne, selon une étude de 2018 réalisée par Le Parisien, la France n'est pas le pays où il coûte le plus cher: elle figure "seulement" au 6e rang, derrière la Suède (1re), l'Italie (2e), le Royaume-Uni (3e), la Belgique (4e) et la Finlande (5e). (Source: Le Parisien).

En revanche, côté fiscalité, la France était sur le podium selon cette même étude de 2018: 2e avec 57% de taxes sur le gazole derrière le Royaume-Uni (59%), ou 3e avec 62% de taxes pour le SP95 à 62%, contre 65% en Belgique (1re).

Jérôme Cristiani

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Commentaires 7
à écrit le 02/12/2021 à 16:25
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En voilà "un" au moins qui se réveille, c'est pas les jeunes comateux de notre coté de l'atlantique qui s'en apercevraient!

à écrit le 01/12/2021 à 18:58
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Oui! Mais First In, First Out! Ce que vous avez acheté avant la baisse, vous ne voulez pas le vendre à perte.

le 02/12/2021 à 18:10
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Chez nous je crois qu'un pompiste peut attendre de vider sa citerne quand le prix baisse, et continuer à empocher le prix élevé, mais quand le prix monte il peut appliquer de suite la hausse à son stock. Pour les réserves de gros volume, faut voir, u...

à écrit le 01/12/2021 à 18:04
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aux etats unis ca se comprend, en europe on a des fachos de gauche qui ont le meme discours, alors qu'il y a 70% de taxes et qu'ils expliquent que le carbone n'est pas assez cher ( tout en demandant des primes et bonus 'pour ceux qui n'en n'ont pas l...

à écrit le 01/12/2021 à 12:34
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Z'ont qu'à rouler en C2 en Fiat Panda ou en Clio, ce qui au passage, les obligera à maigrir. Ils feront de fait des économies sur la "bouffe" junk... évidemment 🤭

à écrit le 01/12/2021 à 12:06
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Pour Biden il est urgent de détruire le Texas et les majors pétrolières finançant le parti républicain afin d'endiguer une cuisante défaite électorale au sénat suite à la récente victoire en Virginie du républicain Glenn Youngkin. Par ailleurs,...

à écrit le 01/12/2021 à 11:33
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Non ce ne sont que nos actionnaires milliardaires qui détruisent le monde en ronflant tant qu'on les réveillera pas ils continueront et on ne voit aucun de leurs valets de politicien en mesure de les réveiller. Le cercle vicieux est solidement instal...

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