Pétrole : pourquoi les cours font du yoyo cette semaine

Le marché du brut est toujours tenu en haleine par la progression des incendies géants qui ralentissent fortement la production de pétrole canadien. Depuis une semaine, il esquissait une timide remontée, pour finalement repasser dans le rouge ce mercredi. Explications.
Sarah Belhadi
Les prix du pétrole ont chuté de plus de 70% depuis juin 2014. Et la timide remontée de cette semaine, due notamment à la catastrophe dans l'Alberta, ne semble pas devoir durer.

L'annonce d'une reprise de l'activité pétrolière en Alberta "dans les prochains jours" n'a pas tardé à faire réagir les marchés financiers. Ce mercredi 11 mai, après avoir connu une légère hausse ces derniers jours, les cours du pétrole sont finalement retombés. Vers 10H20 GMT (12H20 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 45,40 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en repli de 12 cents par rapport à la clôture d'hier, mardi 10 mai.

Les estimations de l'Institut américain du pétrole (API) mardi ont douché les espoirs d'une baisse de la production mondiale. Dans la semaine du 6 mai, les Etats-Unis enregistrent une hausse des stocks de 3,45 millions de barils à un niveau record de 543,1 millions de barils. Pourtant, plusieurs épisodes ont, pendant un moment, laissé penser que les cours pouvaient remonter la pente.

Retour sur cette folle semaine.

1er mai : le mini-état pétrolier canadien, prisonnier des flammes

Dimanche 1er mai, en fin de journée, la région de Fort McMurray, dans l'ouest canadien, s'embrase. Dix jours plus tard, les soldats du feu continuent de se battre pour mettre un terme à ces incendies géants qui ont dévasté une zone de près de 2.000 km². Mais Fort McMurray, spectateur impuissant de ces feux de forêts, est aussi la troisième réserve mondiale de pétrole. Toutes les majors pétrolières s'y sont implantées : Shell, Suncor, Total. Les flammes ont contraint la plupart d'entre elles à cesser l'exploitation des sables bitumineux dans la région.

Le résultat est mécanique : l'offre de pétrole baisse. Les experts les plus pessimistes tablent alors sur un manque à gagner en termes de production pétrolière pouvant atteindre 1 million de barils par jour, soit... le quart de la production canadienne. Donc forcément, le prix du brut augmente. Les marchés applaudissent - pour quelques heures...

4 mai: le Nigeria, aux mains des "Vengeurs du Delta du Niger"

Le mercredi 4 mai, dans le sud du Nigeria (pays qui est le premier producteur de brut d'Afrique), un groupe de rebelles nommés "les Vengeurs du Delta du Niger" attaquent une installation offshore de la compagnie américaine Chevron.

Deux jours plus tard, Chevron annonce que l'explosion de l'installation engendre une perte de 35.000 barils de pétrole par jour de sa production au Nigeria.

7 mai : en Arabie saoudite, Monsieur Pétrole remercié

Certes, en début d'année, le Financial Times rapportait que Ali Al-Naïmi, ministre saoudien du pétrole, 81 ans, envisageait de partir, après 21 années passées à la tête du ministère du Pétrole. Mais, le remaniement ministériel engagé par Ryad est venu mettre un terme à sa longue carrière et au suspense.

Samedi 7 mai, la télévision d'Etat El-Ikhbariya annonce le limogeage du ministre saoudien par décret royal. Dès dimanche, le tout nouveau ministre, qui n'est autre que Khaled al-Faleh, Pdg de la compagnie pétrolière Saudi Aramco, s'empresse de jouer les Cassandre, histoire de mettre un terme aux illusions des plus optimistes sur une remontée des cours."L'Arabie saoudite va maintenir sa politique pétrolière stable", déclare-t-il. Le premier exportateur de brut défend donc ses parts de marché, et ne changera pas d'un iota sa politique pétrolière.

Pourtant, lundi matin, le 9 mai, les marchés ont ignoré cette déclaration préférant s'en tenir aux annonces de Mohamed Ben Salman, prince héritier du royaume, qui martelait encore ce week-end la volonté du royaume de diversifier son économie, sans pour autant donner de calendrier précis pour son plan. Dans les premiers échanges en Asie lundi, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin gagnait 75 cents à 45,41 dollars.

Sarah Belhadi

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Commentaires 4
à écrit le 11/05/2016 à 17:14
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Comme tout ce qui ressort du marché spéculatif, les prix pratiqués par les bourses sont ineptes et ne représentent en rien l’économie réelle. Dans le cas présent, encore une fois, il n’y a aucun risque concernant l’approvisionnement. Rien que des su...

à écrit le 11/05/2016 à 15:27
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ben oui les puits de schistes pompent tjs plus, et ce d'autant que les prix ont remonte... ft vite rentabiliser par contre y a pas de nouveaux investissements, alors quand ca va s'arreter, ca sera aussi rapide, et faudra taper dans les stocks copie...

à écrit le 11/05/2016 à 15:27
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Entièrement d'accord le Yoyo c'est plus amusant que le hula hoop, et tout le monde le sait, les spéculateurs sont de grands enfants. La preuve les cours boursiers sont rarement en rapport avec l'économie réelle.

à écrit le 11/05/2016 à 14:15
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Parce que le yoyo c'est plus amusant que le hula hoop. A ce sujet j'ai une info de première main de Madame Soleil, si les prix montent, ils pourraient monter très haut, s'ils baissent ils pourraient baisser très bas avec quelques probabilités qu'ils ...

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