Rivières et nappes phréatiques sont dans un "état calamiteux" (UFC-Que Choisir)

Après des décennies d'agriculture productiviste, le bilan de l'état de la ressource aquatique est catastrophique, dénonce l'organisation de défense du consommateur dans une étude publiée ce mardi 17 octobre alors que vont s'achever bientôt les Etats généraux de l'Alimentation. L'UFC-Que Choisir fustige l'immense responsabilité des pouvoirs publics, de gauche comme de droite, dans l'aggravation de ce désastre écologique.
"Les pesticides sont désormais massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans les cours d’eau de la moitié du territoire français et dans le tiers des nappes phréatiques !", dénonce l'organisation de défense du consommateur dans son rapport (Photo : un agriculteur pulvérise son champ de colza avec un insecticide et un fongicide près de Cambrai, en France, le 10 mai 2015.)

Plus rare, plus polluée, l'eau des rivières et des nappes phréatiques est dans un "état calamiteux", affirme mardi l'UFC-Que Choisir, qui incrimine des "les conséquences de décennies d'agriculture productiviste" et "l'inaction des pouvoirs publics".

Dans un rapport sur la "préservation de la ressource aquatique" publié à l'occasion des Etats généraux de l'alimentation qui s'achèvent à la fin du mois d'octobre, l'association réclame "une réforme urgente" de la politique de l'eau afin de mettre en place des mesures de prévention des pollutions agricoles et d'appliquer strictement le principe "préleveur-pollueur-payeur".

"Faute de réforme, de changement d'orientations et de braquet, force est de déplorer que les dégradations environnementales sont toujours massives", écrit l'organisation, qui avait publié une étude similaire en 2005.

La moitié des nappes déjà touchées

L'UFC-Que Choisir précise le bilan catastrophique de la ressource aquatique :

"Dans la moitié du territoire français, les pesticides sont présents dans les cours d'eau à des doses supérieures à la norme autorisée dans l'eau potable". Cette norme est aussi dépassée dans "le tiers des nappes phréatiques."

L'agriculture intensive incapable de se corriger

Pire, dans ces dernières, "les contaminations en nitrates ont progressé, ne laissant plus que la moitié des nappes indemnes".

L'association impute ces "désastres environnementaux" à l'agriculture intensive qui, dénonce-t-elle, "est loin d'avoir corrigé ses pratiques" puisque "les quantités d'engrais utilisées n'ont pas baissé en vingt ans" et que "l'utilisation des pesticides a même augmenté de 18% en 5 ans".

 | Lire aussi : "Toujours plus de pesticides dans les cultures françaises"

Quant à l'irrigation, "elle est plus particulièrement concentrée dans les zones les plus touchées par les restrictions d'utilisation d'eau, aggravant ainsi la pénurie", déplore l'UFC-Que Choisir.

Redevance "pollutions" : les consommateurs en paient 88%...

L'association regrette que la réparation des dommages environnementaux soit toujours très majoritairement financée par les consommateurs. Via leur facture d'eau, ils « payent 88 % de la redevance "pollutions" et 70% de la redevance "prélèvement", soit 1,9 milliard d'euros par an », précise-t-elle.

... et l'agriculture seulement 7%

L'agriculture, « pourtant responsable à elle seule de 70% des pollutions en pesticides, de 75% des pollutions en nitrates et de 50% des consommations nettes en eau" ne paie que "7 % de la redevance +pollutions+ et 4 % de la redevance "prélèvement", en violation flagrante du principe "préleveur-pollueur-payeur" », ajoute l'association.

Prévenir la pollution est 2,5 moins coûteux que de dépolluer

Elle estime par ailleurs que la politique de l'eau dans les régions est "dictée par les intérêts agricoles", ce qui conduit selon elle à privilégier "des mesures essentiellement curatives, trop souvent sans chercher à réduire les pollutions à la source, alors même qu'il est 2,5 fois moins coûteux de prévenir les pollutions que de dépolluer".

L'association appelle les consommateurs à se mobiliser en signant sa pétition "Ressource aquatique -STOP à la gabegie !" et lance une campagne de sensibilisation des parlementaires.

Les ponctions "exceptionnelles" de l'Etat sur le budget de l'eau

L'UFC Que Choisir dénonce également un autre problème de fond : les ponctions réalisées par l'Etat sur l'important budget des agences de l'eau chaque année depuis 2014 - et chaque année présentée comme "exceptionnelle". Mais le pire est à venir, selon l'organisation, qui s'alarme d'une aggravation doublée d'une pérennisation du système :

"Le projet de Loi de finances 2018 prévoit un prélèvement de 300 millions d'euros par an, soit 15 % du budget prévisionnel des agences de l'eau pour des utilisations sans lien direct avec la gestion de l'eau. On est loin du principe fondateur des agences : 'l'eau paye l'eau' !"

| Lire aussi : le rapport de l'UFC Que Choisir

(avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 18/10/2017 à 9:36
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Et pourtant le lobby agro-industriel se porte de mieux en mieux, leurs actionnaires milliardaires empoisonneurs généralisés ne sont jamais inquiétés, pire avec la complicité des états ils continuent de mettre des bâtons dans les roues d'une agricultu...

à écrit le 17/10/2017 à 18:08
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Il est clair que c'est un scandale.

à écrit le 17/10/2017 à 16:38
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"l'utilisation des pesticides a même augmenté de 18% en 5 ans". Sur Arte ce soir : le roundup face à ses juges.

à écrit le 17/10/2017 à 14:47
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Les pesticides ils sont « inventés «  par des ingénieurs et les industriels ( groupes) les commercialisent et la population doit «  vivre » par leur travail. La nature ( eau, terre, ciel , air, vivants, plantes )n’est pas facile à dompter , mais si ...

à écrit le 17/10/2017 à 14:42
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Cultiver propre est plus rentable que cultiver avec des pesticides. C'est clairement vrai à l'échelle de la société qui économise les frais de restauration des milieux naturels et les frais médicaux. C'est en train de le devenir aussi pour les agricu...

à écrit le 17/10/2017 à 14:31
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Dans nos chères campagnes il est vrai que jusqu'à présent nos paysans ne se sont guère préoccupés ni d'écologie, ni de développement durable, ni d'environnement ,rentabilité oblige.

à écrit le 17/10/2017 à 13:43
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Le jour où les gens se rendront compte que Les billets de banque ne se mange pas, on aura fait un grand pas !!

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