Recyclage : les industriels reprennent leur souffle

Après une "année noire" en 2015, les professionnels du secteur affichent une vision plutôt positive de 2016 et 2017. Mais si, l'année dernière les volumes de déchets collectés ont atteint un record, les bas cours des matières premières continuent d'affecter le chiffre d'affaires.
Giulietta Gamberini
Globalement, le chiffre d'affaires du secteur, de 8,1 milliards d'euros en 2016, a ainsi enregistré une baisse nette de 1,8% par rapport à l'année précédente.

L'avenir n'est pas tout rose. Mais le pire semble passé, et les industriels retrouvent confiance. C'est l'amélioration en demi-teinte mise en avant jeudi 19 octobre par la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec), qui a publié ce jour son bilan 2016. La majorité des professionnels interrogés affichent une vision plutôt positive de l'année écoulée, et espèrent même voir leur chiffre d'affaires augmenter en 2017, montre en effet l'étude. "Un vent d'optimisme souffle sur le secteur", résume le président de la fédération Jean-Philippe Carpentier, soulignant notamment l'écart par rapport à l'"année noire" 2015 lorsque, pour la première fois après une période continue d'augmentation, le secteur avait enregistré une diminution des effectifs de 1,4%.

Plus de volumes et d'effectifs

Parmi les résultats permettant cette analyse positive figure justement celui concernant la création d'emplois, qui en 2016 retrouve une hausse de 2,5%, permettant d'atteindre le nombre de 26.750 employés -dont 87% en CDI. Cette nouvelle augmentation d'effectifs a accompagné une croissance de l'activité puisque, dans l'ensemble des filières du recyclage, le volume de déchets collectés a grossi de 2,2% par rapport à 2015, jusqu'à atteindre le record de plus de 100 millions de tonnes.

La reprise de la consommation est sans doute l'une des causes de cette performance, mais pas la seule, souligne le Federec: le projet d'extension des consignes de tri à tous les emballages en plastique en cours de déploiement, ainsi que l'entrée en vigueur du décret du 10 mars 2016 imposant à une grande partie des entreprises le tri à la source de 5 types de déchets recyclables, y participent. Comme en 2015, les industriels ont ainsi continué d'investir 5,7% du chiffre d'affaires du secteur (465 millions d'euros) dans le renouvellement de leurs machines, véhicules, locaux, parc informatique, confirmant ainsi le maintien de leur confiance.

Un "véritable exercice d'équilibrisme"

Pourtant, dans certaines des filières du recyclage, les effets de la chute des prix des matières premières ont continué de se faire sentir: malgré la croissance des volumes collectés, ferrailles, métaux non ferreux, plastiques et bois hors palettes ont enregistré une diminution de leurs recettes. Globalement, le chiffre d'affaires du secteur, de 8,1 milliards d'euros en 2016, a ainsi enregistré une baisse nette de 1,8% par rapport à l'année précédente.

Une fragilité persistante qui oblige les professionnels à un "véritable exercice d'équilibrisme" et qui explique d'ailleurs -avec la consolidation du secteur en cours depuis plusieurs année- la diminution du nombre d'établissements enregistrée en 2016. Mais que Jean-Philippe Carpentier nuance toutefois, soulignant que si les bas cours de nombre de matières premières vierges pénalisent toujours celles recyclées, leur stabilisation rassure depuis quelques temps les producteurs de ces dernières.

L'intégration des externalités réclamée

Pour confirmer ce début de renouveau, le nerf de la guerre reste en tous cas le développement des débouchés des matières recyclées en France, d'autant plus après l'annonce de la Chine de son intention d'arrêter l'importation de certaines catégories de déchets, admet Jean-Philippe Carpentier. Le Federec plaide à cette fin pour l'adoption de dispositifs de soutien, qui pourraient prendre la forme de bonus pour les matières recyclées (réduction de la TVA notamment) ou de malus pour les matières premières d'origine fossiles (intégration des externalités via un prix carbone). Il cite notamment l'exemple positif du dispositif de l'Ademe Orplast (Objectif Recyclage Plastiques), visant à soutenir financièrement l'intégration de matières plastiques recyclées par les plasturgistes ou transformateurs, lancé en 2016 et en cours de renouvellement. La fédération compte faire entendre sa voix dans le cadre de l'élaboration de la feuille de route pour l'économie circulaire, dont les travaux seront lancés le 24 octobre, et dont le rendu a été promis pour début 2018.

> Lire aussi : Comment le recyclage permet d'éviter l'équivalent des émissions du transport aérien

Giulietta Gamberini

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Commentaires 5
à écrit le 21/10/2017 à 14:50
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4,5 cmes le kg de ferraille, aucun intérêt ça ne paye même pas le transport, l'Europe doit mettre la main à la poche pour subventionner les apports car si on veut réduire le co2 on doit fermer les hauts fourneaux et le fer est éternel une fois fondu

à écrit le 20/10/2017 à 8:54
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Le recyclage des déchets de l'industrie c'est du foutage de gueule permanent, tandis qu'on demande avec courbettes et ronds de chapeau aux actionnaires s'ils veulent bien un minimum au moins, ce que la plupart ne font pas, recycler on les laisse fabr...

le 21/10/2017 à 4:05
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Productions de déchets par an par habitant de l'industrie: 14 tonnes. ( salarié de l'industrie je suppose ) Vous parlez industrie ... Pourriez vous me dire combien un tourneur fraiseur sur machine UGV ( usinage grande vitesse ) produit de déchet da...

le 22/10/2017 à 11:53
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venez contempler les trottoirs du centre ville d'ARGENTEUIL le DIMANCHE!!!! Le tri sélectif s'effectue façon Afrique!!!

le 23/10/2017 à 6:21
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Le tri sélectif s'effectue façon Afrique!!! Argenteuil n'est il pas au Maghreb ? C'est un peu normal !!!

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