RSE : les constructeurs automobiles français se distinguent dans un secteur en transition

Peugeot et Renault font figure de modèles dans le dernier classement international des entreprises les plus responsables de l'agence allemande Oekom. Mais ces efforts doivent être multipliés face à des standards de plus en plus strictes et à la révolution des modes de mobilité.
Giulietta Gamberini
Tant que le secteur "ne prendra pas des contre-mesures perceptibles et systématiques", "un large déclin dans la notation peut donc probablement être attendu", craint Oekom.

Malgré les inquiétudes suscitées par le scandale qui a récemment ébranlé Volkswagen, l'industrie automobile s'en sort plutôt bien en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Le classement international des entreprises les plus responsables publié mercredi 5 avril par l'agence allemande de notation extra-financière Oekom  le hisse cette année à la première place parmi les 26 secteurs passés en revue, après lui avoir attribué la deuxième place l'année dernière. Plus de 3.800 sociétés ont été analysées sur la base de leurs publications ainsi que de multiples informations de sources externes indépendantes (ONG, gouvernements, syndicats et média) étudiées afin d'établir ce classement.

"Les plus gros constructeurs ont obtenu des notes plutôt bonnes [...] par rapport à la moyenne de l'ensemble des sociétés analysée", observe le rapport, tout en rappelant la nécessité d'être prudent dans la comparaison entre industries puisque les centaines d'indicateurs environnementaux et sociaux utilisés pour son évaluation par Oekom sont pour la plupart spécifiques à chaque secteur d'activité.

Les constructeurs français font figure de modèles dans cet effort de responsabilité. Pour la deuxième année consécutive, le Groupe PSA est classé comme leader du secteur automobile en matière de RSE, suivi de près par Renault. Sur une échelle à 12 niveaux, allant de A + à D -, le premier est globalement noté B et le deuxième B-.

Une bonne analyse du cycle de vie

Renault et Peugeot obtiennent notamment une note (C) supérieure à celle de la plupart de leurs concurrents en matière d'émissions de CO2 de la flotte vendue, premier enjeu clé de performance RSE du secteur automobile selon Oekom. Un résultat qui s'explique en raison de la part importante des voitures de petite taille dans leur offre, et est fondé sur les tests menés en laboratoire et non pas sur route, souligne l'agence. Ils se distinguent également en matière d'analyses de cycle de vie (ACV) de leurs produits : Renault, "par exemple, utilise des ACV détaillées répondant aux standards internationaux pour la majorité de ses modèles et rend ces analyses accessibles au public", lit-on dans le rapport.

Sur les deux autres critères, à savoir le respect des standards sociaux et environnementaux dans la chaîne d'approvisionnement et le développement de motorisations alternatives et de solutions de mobilité, les deux constructeurs français affichent aussi des résultats supérieurs à la moyenne de l'industrie, bien que l'écart avec leurs concurrents soit moindre.

Classement RSE automobile Oekom

Le risque d'un "large déclin"

Si l'industrie automobile continue de profiter de "ses standards traditionnellement élevés dans les domaines des droits des travailleurs et des normes environnementales", sa capacité à maintenir dans l'avenir son exemplarité en matière de RSE interroge néanmoins Oekon. Alors que l'opinion publique et les législations deviennent de plus en plus exigeantes sur les question de la consommation de carburant et des émissions, et que l'agence compte elle-même durcir ses critères d'évaluation, "aucun constructeur n'obtient de note "A" dans aucun des domaines d'action clés". Un focus dans le cadre d'une étude menée récemment par le cabinet français Ecovadis et dédié aux fournisseurs des constructeurs automobiles français - situés à 80% hors de France -  montrait par ailleurs qu'y compris dans la supply chain, des efforts restent possibles, seulement 53% des entreprises affichant un système de gestion adapté ou exemplaire. Tant que le secteur "ne prendra pas des contre-mesures perceptibles et systématiques", "un large déclin dans la notation peut donc probablement être attendu", conclut Oekom.

Quant aux mouvements de fond vers la mobilité électrique voire vers des systèmes de mobilité radicalement alternatifs, certes, tous les principaux constructeurs s'y penchent. Mais si "les connaissances et la capacité de migrer de la technologie des moteurs à combustion interne aux véhicules électriques existent", "le pas permettant de passer d'un marché de niche à un marché grand public doit encore être franchi", observe l'agence. De même, "des modèles de mobilité radicalement nouveaux sont des aspects centraux dont [...] le futur prochain de l'industrie dépend", et qui seront de plus en plus pris en compte dans le classement, met-elle en garde.

Giulietta Gamberini

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