The Plastic Bank, la start-up qui transforme les déchets plastiques en monnaie

Opérationnelle à Haïti, l'entreprise canadienne rémunère la population locale qui récolte les emballages dans les plages et les campagnes, pour ensuite revendre le plastique recyclé aux industriels. Labellisé Social Plastic, celui-ci garantit leur engagement environnemental et solidaire.
Giulietta Gamberini
Un constat a été à l'origine de l'idée: nombre d'habitants de pays en voie de développement ayant du mal à trouver de quoi survivre évoluent pourtant au sein d'un environnement qui abonde d'une ressource issue du pétrole.

D'une part des centaines de milliers de tonnes de déchets en plastique polluant les terres et les océans. De l'autre, des centaines de millions de personnes vivant, souvent au milieu de ces débris, sous le seuil de pauvreté. En apparence, deux réalités sans connexion, mais entre lesquelles une entreprise canadienne tente de rompre la contradiction. Créée par deux entrepreneurs nord-américains, David Katz et Shaun Frankson, The Social Bank monétarise notamment les rebuts en plastique, afin d'en rendre la valeur tangible et de les transformer en opportunités de richesse.

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Un constat a été à l'origine de l'idée: beaucoup d'habitants de pays en voie de développement ayant du mal à trouver de quoi survivre évoluent pourtant au sein d'un "environnement qui abonde d'une ressource issue du pétrole", expliquait au mois de mars à La Tribune David Katz, dans le cadre d'une rencontre organisée par l'ambassade du Canada à Vancouver. The Plastic Bank intervient alors comme intermédiaire afin d'assurer la revalorisation de ces déchets: elle rémunère la population qui les récolte dans les plages ou les campagnes, et fait appel à des entreprises partenaires locales pour recycler le plastique. Elle le revend enfin à de grands groupes qui s'en servent pour leur production, tels que Unilever ou Procter&Gamble.

Le plastique valorisé sous l'angle de l'économie sociale et solidaire

Si la collecte de déchets joue déjà un rôle important dans la réduction de la pauvreté et la réinsertion sociale dans nombreux pays, notamment d'Amérique latine, le projet de The Plastic Bank s'appuie néanmoins sur une idée innovante: la création d'une marque, Social Plastic, valorisant sous l'angle de l'économie sociale et solidaire le produit issu du processus. Elle permet de justifier le prix plus élevé que celui du marché des palettes de plastiques commercialisées par The Plastic Bank, et ainsi de mieux rémunérer les collecteurs tout en permettant l'intermédiation.

Les entreprises qui achètent le Social Plastic, quant à elles, peuvent en retirer un bénéfice en termes d'image. Le site qui sponsorise la marque encourage d'ailleurs les consommateurs à demander aux industriels l'utilisation de plastique labellisé "social": un million de personnes l'auraient déjà fait.

Une trentaine de centres à Haïti

Testée au Pérou, The Plastic Bank est d'ores et déjà opérationnelle à Haïti où -rapporte Forbes-, elle vient d'inaugurer son 30e centre de récolte, sponsorisé par le lunetier Norton Point. Les quelque 11.000 personnes qui apportent quotidiennement dans ces centres des déchets en plastique reçoivent du cash ou des points. Ils peuvent utiliser ces derniers pour acheter des biens tels que des cuisinières plus efficaces sur le plan énergétique et des carburants durables, ou y recharger leurs téléphones. Ils peuvent ainsi consacrer l'argent économisé pour d'autres nécessités.

Une entreprise partenaire transforme le plastique récolté. "Avant elles étaient quatre mais trois d'entre elles ont fait faillite à cause de la chute des prix du pétrole qui les a rendues peu compétitives", regrette David Katz.

 Le futur entre Philippines et imprimantes 3D

The Plastic Bank, qui compte désormais une dizaine de salariés entre l'Amérique du Nord et Haïti, envisage de se développer aux Philippines avant la fin de l'année, a déclaré David Katz à La Tribune. Mais un tel projet serait aussi "tout à fait concevable dans un pays comme les Etats-Unis, où les infrastructures nécessaires sont présentes et le nombre de pauvres important", reconnaît l'entrepreneur.

La start-up étudie aussi de près comment exploiter l'essor des imprimantes 3D, rapporte Forbes. Elle envisage notamment de créer des plate-formes de modèles en open sources permettant de résoudre les problèmes d'approvisionnement en pièces de recharge dans les pays en voie de développement, avec un impact tant sur la production de déchets que sur le pouvoir économique des consommateurs.

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Giulietta Gamberini

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Commentaires 5
à écrit le 15/06/2016 à 7:39
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je vous conseillerait de completer votre reportage , notamemnt en venant voir ce qui se passe pour les plages en Espagne : tous les matin des equipes de " techniciens ( ennes) de surface " harpentent les plages pour ramasser ( en triant ) les residus...

à écrit le 14/06/2016 à 1:15
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Dire qu'il suffirait de ne plus produire de plastiques. Or, il semble que nous devions tuer la planète pour montrer notre "pouvoir". Allons-y... Mince, on est dessus... Va pas durer.

à écrit le 13/06/2016 à 19:24
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C'est une très bonne option à élargir à tous les pays et parfois appliquée aussi à d'autres déchets types canettes, verre, cartons etc mais pas assez. Beaucoup d'associations font aussi un travail de nettoyage des bords des fleuves et autres qui sont...

le 14/06/2016 à 1:16
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Eeet.. il vous "faut" beaucoup d'argent..??

à écrit le 13/06/2016 à 19:06
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C'est une super initiative. Merci de l'avoir publié

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