Total quitte l'Iran par crainte des sanctions américaines

Le géant pétrolier français Total s'est officiellement désengagé de ses projets d'investissements de plusieurs milliards de dollars en Iran, selon le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanghaneh. Cette annonce fait suite au rétablissement des sanctions américaines contre ce pays.
Total renonce au projet South Pars, qui apparaît comme le plus grand gisement gazier au monde, avec un investissement initial d'un milliard de dollars.
Total renonce au projet South Pars, qui apparaît comme le plus grand gisement gazier au monde, avec un investissement initial d'un milliard de dollars. (Crédits : Regis Duvignau)

Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, a déclaré ce 20 août que le groupe français Total avait officiellement quitté l'Iran à la suite des menaces de Washington visant les entreprises qui continueraient de commerce avec Téhéran, rapporte la télévision publique iranienne.

"Total s'est officiellement retiré du contrat pour le développement de la phase 11 du projet South Pars (...) Le processus de remplacement par une autre société est en cours", selon les propos du ministre rapportés par la télévision.

Le groupe pétrolier français a confirmé cette information. Le contrat signé en 2017 en vue du développement de la phase 11 de South Pars attribuait à Total une part de 50,1% dans ce qui apparaît comme le plus grand gisement gazier au monde, avec un investissement initial d'un milliard de dollars (sur un montant de 4,9 muilliards). A la tête d'un consortium avec le chinois CNPC et l'iranien Petropars, Total a indiqué en mai avoir dépensé moins de 40 millions d'euros en raison de l'incertitude croissante liée au rétablissement des sanctions américaines.

Plus de 10 milliards d'actifs américains

Mi-mai, le groupe pétrolier français avait déclaré qu'il n'irait au terme de son projet s'il n'obtenait pas une dérogation des autorités américaines. Total avait indiqué, qu'au regard de ses actifs américains qui représentent plus de 10 milliards de ses capitaux employés, il ne pouvait se permettre d'être exposé à des sanctions secondaires américaines, qui peuvent comprendre la perte des financements en dollars par des banques américaines.

Après son retrait unilatéral de l'accord nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, Washington a rétabli le 6 août une première série de sanctions contre Téhéran et lancé un avertissement aux pays qui persisteraient à commercer avec l'Iran. Les Américains ont donné aux entreprises une période de 90 à 180 jours pour se retirer d'Iran et une nouvelle salve de sanctions touchant le secteur des hydrocarbures est prévue en novembre.

Jeudi 16 août, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a même annoncé la création d'un "groupe de travail sur l'Iran" destiné à faire respecter les sanctions économiques américaines contre Téhéran, au risque de sanctions "secondaires" aux pays qui ne les respecteraient pas.

Les pays européens, parties prenantes de l'accord de 2015 visant à empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, s'étaient d'emblée dit déterminés à sauver le texte. Mais par peur des pénalités américaines, un grand nombre de groupes, notamment allemands comme Daimler Deutsche Telekom, Deutsche Bahn, ont déjà annoncé leur retrait du pays.

L'agence de presse iranienne Irna a rapporté le 11 août que la compagnie nationale chinoise CNPC avait repris la part de Total dans le gisement gazier mais un responsable de la compagnie pétrolière nationale iranienne (NIOC) a rapidement démenti ces propos. Une information que Total dit ignorer.

"Quant au devenir de la participation de Total, pour notre part, nous n'avons pas été informé d'une position officielle de CNPC mais que comme nous l'avons toujours indiqué, CNPC, société d'Etat chinoise, a le droit de reprendre notre participation si CNPC le décide", a indiqué le groupe français.

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Commentaires 8
à écrit le 22/08/2018 à 23:58
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Tant mieux, les CHINOIS ont vite comblé le vide laissé par la débandade des Sans-Culottes ... MDR !!!

à écrit le 22/08/2018 à 10:36
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Courageux mais pas téméraire. Total espérait une exonération de sanction. . On peut rêver.

à écrit le 21/08/2018 à 12:09
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Preuve éclatante de la tyrannie exercée par les USA sur le reste du monde. Insupportable!

à écrit le 21/08/2018 à 6:40
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Mon jeu de mots va être un four ! J'ai pris Total en totale aversion ! C'est pour moi la société à nationaliser sans aucune indemnité. Que des journalistes arrivent encore à dire que cette multinationale est un géant français me coince la chique...

le 21/08/2018 à 10:27
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Toutes les grosses entreprises dites Françaises appartiennent en majorité aux capitaux étrangers, car les Français refusent d'en être propriétaires en refusant de prendre les risques. Alors arrêter de cracher sur ceux qui en prennent - les fameux act...

à écrit le 21/08/2018 à 2:33
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Et y aura-t-il des sanctions contre la société chinoise?

le 21/08/2018 à 16:50
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CNPC est coté en bourse à NY sous la valeur PETROCHINA, elle est implanté dans une trentaine de pays et CNPC c'est la Chine, comme Elf était la France et gazprom l'URSS C'est un très très gros morceau économiquement et politiquement, pour un pays ...

à écrit le 20/08/2018 à 14:03
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La France est un état européen ou américain ? Il faut que je vérifie, j'ai un doute ...

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