Une douche "sans fin" mais... écologique ?

Mise au point par un ingénieur finlandais, cette douche recycle l'eau à l'infini en filtrant en temps réel les dix litres d'eau gaspillés au bout d'une minute seulement.
Giulietta Gamberini
Malgré son potentiel révolutionnaire, la douche "infinie" fonctionne grâce à un système relativement simple: une pompe et un filtre constitué de sable, de charbon actif et d'une lampe UV. Ici, le prototype construit dans le garage de son inventeur.

Il se demande souvent pourquoi personne n'a tenté de réaliser cette idée avant lui. Car pour sa part Jason Selvarajan, qui est en train de mettre au point un prototype de "douche infinie", y songe depuis ses 10 ans: lorsque, encore enfant, il réfléchissait déjà à comment récupérer et recycler l'eau utilisée pour se laver.

Une vingtaine d'années plus tard, cet ingénieur environnemental finlandais a été sélectionné pour participer à POC 21 (pour "Proof of concept"), un Fab lab organisé par l'association OuiShare et la fondation Open State au château de Millemont, dans les Yvelines, à quelques kilomètres de Paris. Comme 11 autres concurrents, il a bénéficié pendant cinq semaines de l'apport d'outils et d'experts pour mettre au point un prototype de son invention, le tout rigoureusement en open source. L'objectif est d'expérimenter ainsi un nouveau mode de production écologique dans l'attente de la 21e conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique qui se tiendra en décembre à Paris (COP 21).

La chaleur aussi récupérée

Cette douche "sans fin", Jason Selvarajan l'a imaginée en partant d'un constat écologiquement effrayant: à chaque fois que l'on prend une douche, on gaspille en moyenne une dizaine de litres d'eau par minute. Or il est possible, grâce à un système de filtrage en temps réel, de réutiliser ces mêmes dix litres, purifiés, et potentiellement à jamais.

Le bénéfice pour l'environnement ne se limite d'ailleurs pas à la réduction de la consommation d'eau: "La chaleur utilisée une première fois pour chauffer sa douche est aussi re-capturée lors du processus de recyclage", explique le jeune inventeur. Dans les pays en voie de développement, un tel système présenterait d'ailleurs un bénéfice supplémentaire: celui de faciliter l'hygiène de populations pour qui accéder à l'eau reste difficile. Le système est en effet "personnalisable": si pour l'instant il est raccordé au réseau d'eau courante, il pourrait aussi avec quelques adaptations être muni d'une citerne.

Une technologie simple

S'il est surpris que personne n'ait tenté l'expérience avant lui, c'est que, malgré son potentiel révolutionnaire, la douche "infinie" fonctionne grâce à un système relativement simple, explique Jason Selvarajan. Une fois utilisée, l'eau est récoltée et repoussée vers le haut à travers les tuyaux par une simple pompe. Avant d'atteindre de nouveau la tête de douche, elle est purifiée par un filtre qui utilise trois matériaux et techniques complémentaires: du sable pour retenir les particules, du charbon actif pour absorber les substances chimiques et une lampe UV pour rendre les bactéries inoffensives.

"L'eau pourrait même être bue!"

"On a choisi de telles techniques, basiques, par nécessité", explique Jason Selvarajan: "Au début, on a dû faire avec ce qu'on avait!". Mais l'ensemble s'est révélé être étonnamment performant.

"Certes, des tests supplémentaires sont encore nécessaires. Mais jusqu'à présent tous ceux menés, même avec l'utilisation de savons, ont donné des résultats largement satisfaisants en matière de pureté de l'eau", se réjouit Jason Selvarajan, qui va encore plus loin et assure: "L'eau qui sort de la douche après avoir été filtrée pourrait même être bue!".

Le filtre est par ailleurs "lavé" au fur et à mesure, toujours par  la même eau, ce qui lui garantit une plus longue durée de vie: selon l'inventeur, il pourra servir pendant une bonne centaine d'heures de douche avant de devoir être changé.

Castorama sponsor

Le caractère "ancien" de toutes les technologies utilisées, que Jason Selvarajan admet avoir simplement "réunies", est par ailleurs ce qui lui permet de travailler en open source, puisque rien ne peut vraiment être breveté, estime-t-il. "Chacun pourra la réaliser tout seul", promet l'inventeur, qui songe à proposer des "kits" voire des cours pour construire la douche sans prise de tête.

Il envisage néanmoins, "une fois l'esthétique améliorée", de lancer une campagne de crowdfunding (financement participatif) pour produire ses propres exemplaires, et n'exclut pas la conclusion de partenariats: comme par exemple avec Castorama qui, dans le cadre de POC 21, lui a fourni les parois en verre.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 2
à écrit le 15/09/2015 à 13:16
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Oui c'est parfait mais combien vont coûter les filtres? Il faudra que la rentabilité soit au rendez vous! Si cela revient au final plus cher que de laisser couler l'eau alors cela ne m’intéresse pas

le 22/09/2015 à 6:07
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Bonjour,pour une personne que ce produit n'intéresse pas combien serai disposer à adopter ce genre de produit ???

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