Hydrogène : Air Liquide investit dans un projet d’électrolyseur de grande capacité

L’hydrogène est devenu la nouvelle terre promise pour les groupes gaziers. Après Engie associé à Total à La Mède, c’est au tour d’Air Liquide de sortir du bois. Le groupe vient d’annoncer avoir pris une participation au capital de la société H2V Normandy qui porte un projet de complexe d’électrolyseurs XXL dans la zone industrielle de Port-Jérôme, proche du Havre.
Désormais associé à Air Liquide, H2V Normandy projette de construire un complexe d'électrolyseurs pour produire de l'hydrogène renouvelable et bas carbone dans l'estuaire de la Seine. L'investissement est estimé à 230 millions d'euros
Désormais associé à Air Liquide, H2V Normandy projette de construire un complexe d'électrolyseurs pour produire de l'hydrogène renouvelable et bas carbone dans l'estuaire de la Seine. L'investissement est estimé à 230 millions d'euros (Crédits : H2V Product)

C'est la ruée vers le premier élément du tableau de Mendeleiev. Les promesses française et européenne de soutenir massivement le développement de l'hydrogène décarbonée galvanisent les états-majors des géants de l'énergie qui semblent engagés dans une course à l'échalote. A peine quelques jours après que Total et Engie ont confirmé la signature d'un accord pour la construction d'une unité de production d'H2 « vert » au sein de la bioraffinerie de La Mède, Air Liquide avance ses pions à son tour pour ne pas se laisser distancer par son rival.

Un investissement stratégique

Par un communiqué publié le 20 janvier, le groupe indique être entré à hauteur de 40% au capital d'H2V Normandy, filiale d'H2V Product : une jeune société détenue par l'homme d'affaires caennais, Alain Samson, via sa holding Samfi Invest déjà détentrice de plusieurs parcs éoliens et photovoltaïques. Le montant de l'investissement d'Air Liquide n'est pas révélé mais il est qualifié de « stratégique » par François Jackow, directeur général adjoint et membre du Comex qui parle d'un « engagement sur le long terme ».

Pour autant, la nouvelle ne constitue pas à proprement parler une surprise. En embuscade depuis un moment, le géant français du gaz industriel affichait volontiers sa proximité et sa convergence de vue avec l'entreprise d'Alain Samson sans pour autant passer à l'acte en mode sonnant et trébuchant.

« Sur un territoire béni des dieux »

L'arrivée de ce nouveau partenaire dans le jeu devrait permettre de sécuriser le projet d'H2V de construire un complexe d'électrolyseurs d'une capacité pouvant atteindre 200 MW d'hydrogène renouvelable et bas carbone. L'usine devrait prendre place au sein de la zone industrielle de Port Jérôme en Seine Maritime, à un jet de pierre de la raffinerie Exxon Mobil pour laquelle le groupe de Benoît Potier exploite déjà une unité de production d'hydrogène « gris » équipée d'un dispositif de captage de CO2.

Pour Régis Saadi, directeur des affaires publiques d'Air Liquide France, la localisation choisie par H2V est idéale. « Nous sommes au cœur d'une terre d'énergies et sur ce territoire béni des dieux de la vallée de Seine normande qui a tout pour devenir un eldorado de l'hydrogène grâce à ses ports, à son fleuve et à son tissu industriel ».

Le verrou sautera à Bercy et à Bruxelles

Bien qu'il ait déjà passé le stade du débat public, l'aboutissement de ce projet reste toutefois suspendu à la mise en place des mécanismes de soutien promis par l'UE et à Paris par Bercy. Pas exactement un point de détail.Trois à quatre fois plus cher que son équivalent produit à partir du reformage du gaz, le tarif d'achat de l'H2 bas carbone reste rédhibitoire dans l'état actuel du marché.

Air Liquide comme d'ailleurs Engie attendent donc avec une certaine impatience de connaître le montant et les conditions d'octroi des compensations qui seront proposées par l'Etat. L'issue dépendra aussi d'une future directive européenne qui pourrait contraindre les industriels de la chimie et du raffinage à « verdir » leur approvisionnement en hydrogène. « Nous devrions être fixés d'ici la fin de l'année » croit savoir Régis Saadi. Le conseil national de l'hydrogène qui vient d'être installé devrait permettre d'en débattre.

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Commentaires 7
à écrit le 23/01/2021 à 16:24
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Pour faire de l'hydrogène , ils faut de l'électricité . Donc a moins d'avoir un soleil artificiel ou un grand barrage hydraulique pour produire de l'électricité ... Nous somme dans une impasse . Je souhaiteraient que notre union construise le gra...

à écrit le 22/01/2021 à 9:33
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On suppose que cet hydrogène décarboné sera fabriqué en utilisant de l'électricité nucléaire. Il y a tout ce qu'il faut en Haute Normandie avec Paluel et Penly. Mais ce n'est pas clair dans le texte : il faut appeler un chat un chat. Ce qui nous ra...

à écrit le 21/01/2021 à 19:05
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Vive l'hydrogène radioactif... produit 100 % à l'énergie électrique d'origine nucléaire.

à écrit le 21/01/2021 à 13:02
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C'est une excellente nouvelle que nous groupes industriels se lance dans la production d'hydrogène, en cohérence avec notre stratégie européenne de devenir la première zone CO2 neutre au monde. Juste un commentaire: pourquoi employer le terme négati...

le 21/01/2021 à 14:44
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course à l'échalote n'est ni péjoratif ni négatif, c'est ne pas lâcher le premier

à écrit le 21/01/2021 à 10:26
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Produire de l'hydrogène dans une zone industrielle n'est pas une solution secure. Ce type de production non polluant mais potentiellement explosif devrait être construit loin de toute zone d'activité ou d'habitation.

à écrit le 21/01/2021 à 8:50
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Allelluia, l'on achéte des parts dansn le projet de quelqu'un d'autre. Quand je penses que Jean Luc Lagardére lui constuisait des usines. Comment dire? triste époque.

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