La Société Générale mise sur les particuliers pour accélérer en Afrique

La Société générale veut accélérer son développement en Afrique, où elle est historiquement présente sur la clientèle des entreprises, un marché de plus en plus concurrentiel.
Christine Lejoux
La banque veut faire croître son activité en Afrique de 7% par an.

Un peu à la façon de l'ancien président des Etats-Unis John Kennedy et de son célèbre « Ich bin ein Berliner", Bernardo Sanchez Incera, directeur général délégué de la Société générale, dit de la banque française qu'elle « se considère comme africaine. »

La Société générale, créée il y a 150 ans, est présente depuis 100 ans en Afrique, un continent d'où est parti le développement international de la banque. Cette dernière compte aujourd'hui 11.000 collaborateurs sur le continent africain, y a réalisé un produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) de 1,1 milliard d'euros en 2014, en hausse de 5% par rapport à 2013, pour un résultat net (part du groupe) de 146 millions.

Son activité en Afrique, où ses encours de crédits s'élèvent à 13 milliards d'euros, la banque, présente dans 18 pays comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Cameroun ou le Ghana, entend la faire croître de 7% en moyenne par an d'ici à 2016, dont une progression annuelle de 5% dans le bassin méditerranéen et de 10% en Afrique subsaharienne. Et ce, par croissance organique essentiellement, via l'ouverture de 50 à 70 agences par an (la banque en compte actuellement 1.000 sur le continent africain), de filiales (comme récemment au Togo) et de bureaux de représentation. Mais Bernardo Sanchez Incera n'exclut pas des acquisitions ponctuelles, à l'image du récent rachat de MCB Mozambique, qui devrait être finalisé en juillet.

Un taux de bancarisation de 20% seulement

"L'Afrique représente un marché clé dans notre stratégie de croissance", insiste le directeur général délégué de la Société générale. Il faut dire que l'Afrique subsaharienne, après avoir connu une croissance nulle entre 1980 et 2000, a vu son économie progresser de 6,4% par an en moyenne entre 2004 et 2008, année où la crise financière mondiale a éclaté, puis de 5,2% par an entre 2010 et 2013. Les perspectives de développement du secteur bancaire en Afrique sont d'autant plus importantes que le taux de bancarisation n'excède pas 20% dans de nombreux pays du continent. Or l'émergence d'une classe moyenne dans ces pays va engendrer de nouveaux besoins d'épargne et de crédit. C'est précisément sur la clientèle des particuliers que la Société générale compte pour accélérer son développement en Afrique.

En effet, sur le continent africain, la Société générale est d'abord une banque d'entreprises puisqu'elle a amorcé son développement en Afrique en accompagnant sa clientèle de grands groupes français et européens dans leur expansion internationale. La clientèle des entreprises représente ainsi 70% environ des revenus des filiales africaines de la Société générale. Des revenus qui font de la banque française l'une des trois principales banques internationales d'Afrique, aux côtés des Britanniques Barclays et Standard Chartered, avec des parts de marché supérieures à 10% dans plus de la moitié de ses filiales africaines et de plus de 20% en Côte d'Ivoire, au Sénégal, en Guinée et au Cameroun.

La clientèle des particuliers en ligne de mire

Mais "le marché africain sur le segment des entreprises devient très concurrentiel, les banques nigérianes et marocaines se développant de façon très agressive et n'étant pas encore toutes soumises aux mêmes obligations réglementaires que nous", indique Alexandre Maymat, directeur délégué du pôle banque et services financiers internationaux de la Société générale et responsable de la région Afrique. Dans ce contexte d'exacerbation de la concurrence, les clients particuliers représentent un relais de croissance.

"Nous voulons devenir une référence sur le marché des particuliers", insiste Alexandre Maymat. A l'inverse de sa stratégie sur le segment des entreprises, qui vise à s'adapter aux standards internationaux, la tactique de la banque sur la clientèle des particuliers en Afrique consistera à coller aux spécificités locales, ce marché étant si segmenté qu'il évolue suivant sa propre logique et qu'il est donc impossible de le développer sur un modèle européen

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 16/04/2015 à 22:20
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On pense à mettre des banques en place et étouffer le citoyen africain avec des crédits sur le long terme , alors que les deux tiers du continent vit sous le seuil de pauvreté .

le 16/04/2015 à 22:31
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Tout a fait d'accord

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