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A Bordeaux, concilier transition énergétique et population en forte croissance

Valérie Sabéran directrice adjointe à la direction Energie, Ecologie et Développement Durable de Bordeaux Métropole, explique les mécanismes de la transition énergétique sur le territoire bordelais.
Interview de Valérie Sabérian au sujet de la transition énergétique sur le territoire bodelais
Interview de Valérie Sabérian au sujet de la transition énergétique sur le territoire bodelais (Crédits : Pexels)

Où en est-on du processus de transition énergétique à Bordeaux ? La Tribune de l'énergie est allée poser la question à Valérie Sabéran, directrice adjointe à la Direction énergie, écologie et développement durable de Bordeaux Métropole.

La Tribune de l'énergie : Que signifie pour vous  la « transition énergétique » ?

Valérie Sabéran : Cela signifie beaucoup de choses à la fois. Au sein de la direction Energie, écologie et développement durable de la Métropole, nous gérons les services publiés liés à l'énergie, mais pas seulement. On est un service qui recoupe aussi la santé environnementale, la qualité de l'air comme toutes les politiques transversales en matière d'air et d'énergie.

La transition énergétique, c'est un peu tout cela : passer d'un système à l'autre, avec des enjeux touchants à la fois au réchauffement climatique, aux gaz à effets de serre et sur la protection et la valorisation de la biodiversité.

LTDE : Quelles sont vos priorités en la matière ?

V.S. : Nous en avons plusieurs. Nous venons juste de voter notre nouveau plan climat-air-énergie en juillet. L'objectif, ambitieux, est d'être une métropole à énergie positive à l'horizon 2050.

Nous avons une approche productive sur le développement des énergies renouvelables, la récupération d'énergie à partir d'un réseau de chaleur, sur le photovoltaïque... Tout un tas d'expérimentations sur l'hydrolienne par exemple. On essaie aussi d'accélérer un certain nombre de projets innovants.

Il y a aussi la réduction des consommations avec des actions envers les usagers sur la rénovation du bâti, avec des systèmes de subventionnement qu'on a approfondi en créant la plateforme Ma Renov. Il s'agit d'un site web à destination des usagers qui leur permet à la fois d'être fléchés vers les opérateurs, leur donner des informations. On est aussi en train de créer une SEM de tiers financement pour aider à la réalisation de projets de rénovation.

La Ville de Bordeaux a aussi élaboré un cadastre solaire, avec de la thermographie aérienne, qui va être étendu à toute la métropole. On a fait cela car on a identifié une très forte consommation d'énergie sur l'habitat usagé.

LTDE : Quels sont les enjeux de transition énergétique auxquels Bordeaux fait face ?

V.S. : On a des enjeux liés à un milieu urbain dense, avec une population importante et en forte croissance. On s'intéresse donc à tout ce qui est transports, activités humaines plus accrues, actions de sensibilisation vis-à-vis des aménageurs sur les ilots de chaleur.

On a par exemple développé des outils spéciaux de dialogue pour pouvoir, à partir de projets d'aménagement, visualiser et mesurer de façon prévisionnelle les zones qui pourraient poser problème en matière d'ilot de chaleur et proposer des solutions correctives.

Le Plan local d'urbanisme métropolitain a ainsi sanctuarisé une proportion de 50% d'espaces naturels, avec de fortes actions pour travailler sur la biodiversité en ville.

Une ville dense, ce sont aussi beaucoup de transports. Nous avons sur ce point une politique très offensive sur le développement des transports collectifs et de la mobilité douce.

« Bordeaux est une ville ouverte aux problématiques de mobilité douce »

LTDE : Quelles sont les initiatives et projets mis en place sur le territoire bordelais ?

V.S. : Le plus parlant, c'est le travail qui a été réalisé sur un important réseau de chaleur sur la rive droite de Bordeaux. Il s'agit d'une délégation de service public attribuée à la fin de l'année dernière, où l'on va œuvrer sur de la géothermie à 1 700 mètres de profondeur.

L'idée est de pouvoir alimenter 25 000 équivalents logements avec la desserte de nouveaux quartiers plus de l'existant. C'est un projet dont la gestation a été assez longue, mais qui est emblématique de notre politique de développement des réseaux de chaleur.

Nous allons également travailler sur deux fermes photovoltaïques, une à Bordeaux sur 70 hectares -sur l'ancienne décharge de Labarde- et l'autre à Pessac.

LTDE : Où en est Bordeaux sur l'exploitation des énergies renouvelables ?

V.S. : Nous sommes très offensifs sur les réseaux de chaleur, avec nos deux unités d'incinération de déchets reliées au réseau, l'une « historique » et l'autre toute récente. Ce sont des réseaux de chaleur en maîtrise d'ouvrage public mais on a aussi des réseaux privés qui se développent.

Souvent, quand une nouvelle zone est aménagée, la réflexion s'engage et lorsque la densité est suffisante, on essaie de développer un réseau de chaleur.

Bordeaux est aussi sur le développement du photovoltaïque, avec une centrale mise en place sur le Parc des expositions. Nous avons aussi une expérimentation d'hydroliennes sur la Garonne, avec l'idée de développer une filière si cela fonctionne bien.

Une grosse étude va également être lancée sur la filière bio-déchets et méthanisation. Nous avons été labellisés zéro déchet-zéro gaspillage par l'Ademe et cette étude va permettre de voir si l'on peut structurer une filière de méthanisation à partir de bio-déchets ménagers et privés sur le territoire.

LTDE : Les Bordelais sont-ils sensibles aux enjeux de la transition énergétique ?

V.S. : On a envie de dire que oui, car nous menons beaucoup d'actions de sensibilisation. Il y a, par exemple, le Défi des familles à énergie positive qui, depuis cinq ou six ans, mobilise les familles sur un défi annuel et les accompagne sur la réduction de leurs consommations. Nous allons étendre ce dispositif au zéro déchet prochainement.

Les familles adhèrent bien à ces initiatives. Lorsque nous avons travaillé sur les phases préalables à notre nouveau Plan climat, plus de 1 000 contributions ont été enregistrées sur la plateforme dédiée et les gens se sont déplacés aux réunions publiques.

Bordeaux est une ville où l'on marche, où l'on fait de plus en plus de vélo, une ville ouverte aux problématiques de mobilité douce et aux questions climatiques.

Il n'y aura jamais assez de mobilisation sur ces questions mais c'est notre job d'aller chercher les gens pour les amener à s'y intéresser davantage encore.

Propos recueillis par Benjamin Hay

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