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A Marseille, remédier aux bâtiments énergivores

La transition énergétique est lancée en France et en Europe. Mais qu’en est-il des enjeux à l’échelle des grandes métropoles de notre territoire ?
Interview de Monique Cordier au sujet de la transition énergétique dans les grande métropoles

La Tribune de l'énergie a interrogé Monique Cordier, adjointe au maire de Marseille, déléguée au développement durable et au cadre de vie.

La Tribune de l'énergie : Lorsque l'on parle de « transition énergétique », à quoi pensez-vous ?

Monique Cordier : Il s'agit de répondre, au travers des énergies, aux enjeux du changement climatique et à la raréfaction des ressources. Le développement des énergies renouvelables est une partie de la réponse. Une autre consiste à améliorer la qualité du bâti, mais aussi les performances de l'éclairage public et de la flotte de véhicules pour diminuer les consommations énergétiques.

LTDE : Quel est le rôle d'une commune comme Marseille dans les questions de gestion d'énergie ?

M.C. : La Ville possède un patrimoine de 2 500 bâtiments, 77 000 points lumineux et près de 2 000 véhicules. Avec une consommation d'environ 270 GWh/an et une facture annuelle d'électricité et de gaz supérieure à 20 Millions d'Euros, cela ne représente que 16% de la consommation finale d'énergie primaire annuelle sur Marseille. Pour autant, la question énergétique mérite bien évidemment d'être traitée avec une attention particulière. À ce titre, notre Plan Climat Énergie Territorial 2012/2020, l'actualisation triennale de notre Bilan Carbone et le Rapport annuel Développement Durable de la Ville constituent autant d'outils qui permettent de mieux cerner les enjeux globaux, de se fixer des objectifs politiques ambitieux et cohérents, et de valoriser l'action de la municipalité.

LTDE : À quels enjeux énergétiques Marseille est-elle confrontée ?

M.C. : Nous possédons des bâtiments particulièrement énergivores, dont une quinzaine de piscines et 38 écoles à structures métalliques légères, mais aussi des édifices anciens, comme ces 83 écoles qui datent du début du XXème siècle. Les bâtis anciens présentent souvent de fortes déperditions thermiques et nécessitent des améliorations lourdes, mais les temps de retour sur investissement sont très longs, jusqu'à 30 ans, et peu incitatifs par rapport aux mobilisations budgétaires importantes que cela exige.

LTDE : Quelles solutions ont été mises en place ? Pour quel investissement ?

M.C. : Pour les chaufferies municipales, des marchés avec primes d'intéressement aux économies générées ont été conclus avec les exploitants et donnent de bons résultats. Une réduction de 30% de la flotte municipale de véhicules est mise en œuvre sur 3 ans, de 2016 à 2018, et un plan d'économies d'énergie de 30% est engagé sur l'éclairage public. Il existe aussi 2 boucles thalasso-thermiques privées soutenues financièrement par les collectivités territoriales dont la Ville de Marseille.

LTDE : Avez-vous fixé des objectifs en termes d'énergies renouvelables ?

M.C. : Nous avons d'ores et déjà mis à disposition de certains opérateurs privés les toitures de 200 bâtiments municipaux, principalement des écoles, pour l'installation de centrales photovoltaïques. Ces dispositifs génèrent une production de 8 200 MWh/an, soit 25% de la production d'énergie électrique photovoltaïque à Marseille. Par ailleurs, nous avons valorisé un terrain municipal de 25 hectares situé à St Martin de Crau en permettant à un opérateur d'installer une centrale au sol dont la production moyenne de 16 800 MWh/an est également injectée dans le réseau.

LTDE : Les Marseillais sont-ils réceptifs à ces questions ?

M.C. : Au regard de la résonance médiatique nationale et internationale des enjeux climatiques et de la question énergétique, les Marseillais sont bien évidemment à l'écoute. C'est pourquoi la Ville était à l'initiative, dès 2003, de la création d'un Espace Info Énergie en vue de développer un réseau d'information de proximité dans le domaine de l'utilisation rationnelle de l'énergie et du recours aux énergies renouvelables, à destination des particuliers, des petites entreprises et des collectivités territoriales. Désormais, une Agence Locale de l'Énergie et du Climat (ALEC) créée avec le soutien de la Ville et portée aujourd'hui par la Métropole, la Région et l'ADEME permet d'apporter toutes les informations aux Marseillais désireux de mieux appréhender la question de l'énergie dans leur quotidien.

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