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L’Agrivoltaïque, comment ça marche ?

Le concept de l’agrivoltaïque est né dans les années 1980, mais cette technologie de régulation du micro-climat reçu par les plantes se développe véritablement depuis 2009.
Focus sur le concept de l’agrivoltaïque avec Pierre Guerrier, directeur du développement de la société Sun’R

Pierre Guerrier, directeur du développement de la société Sun'R qui pilote le projet Sun'Agri en collaboration avec l'INRA, nous explique le fonctionnement de l'agrivoltaïque.

La Tribune de l'énergie : Comment définissez-vous l'agrivoltaïque ?

Pierre Guerrier : Ce que nous appelons l'agrivoltaïque dynamique est le fruit de la rencontre entre deux convictions. D'abord, celle que les effets du changement climatique nécessitent des outils de régulation assez fins. D'autre part, celle que le conflit d'usage potentiel sur le foncier entre énergie solaire et agriculture peut être efficacement résolu. Il faut donc concevoir un outil intelligent qui ne soit pas le produit d'un compromis. L'agrivoltaïque dynamique propose de faire fonctionner, en symbiose, l'agriculteur et l'énergéticien autour d'un objectif commun : optimiser la régulation du micro-climat reçu par la plante.

LTDE : En quoi consiste ce procédé ?

P.G. : Cela s'apparente à une persienne intelligente de l'agriculture. Avec le réchauffement climatique, la plante est soumise à trois niveaux de stress : radiatif, thermique et hydrique. Pour les réguler, il faut ajuster en permanence les niveaux d'ensoleillement et d'ombre auxquels elle est soumise. Nous avons donc conçu un outil de pilotage des panneaux photovoltaïques qui les fait pivoter en fonction des besoins physiologiques de la plante. Nous l'avons développé en collaboration avec l'INRA et l'Irstea, mais aussi avec l'aide de partenaires industriels comme Optimum Tracker, Photowatt et iTK, le leader mondial en matière de conception de modèles agronomiques. On est dans une logique d'optimisation qui prend d'abord en compte le développement de la plante, puis des paramètres météorologiques et des données provenant de l'exploitation agricole.

LTDE : L'agrivoltaïque s'adapte-t-il à toutes les exploitations ?

P.G. : Évidemment, une culture qui a besoin de recevoir 100% d'ensoleillement toute l'année n'aura pas recours aux procédés agrivoltaïques. Les domaines concernés restent ceux qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Pour l'instant nous développons donc nos expérimentations autour de trois axes : arboriculture, maraîchage et viticulture. Mais horticulture, grandes cultures et autres plantes jugées pertinentes par les filières professionnelles seront également concernées. L'adaptation de la technologie aux serres ouvre également un vaste champ des possibles.

LTDE : Où en sont les expérimentations ?

P.G. : Le premier dispositif expérimental a été lancé dès 2009 sur le site d'Agropolis, près de Montpellier, en partenariat avec l'Irstea, un laboratoire de référence dans le domaine des systèmes irrigués. Jusqu'à présent, il nous manquait un cadre dédié pour étoffer la phase de démonstration. C'est le cas depuis cette année : la Commission de régulation de l'énergie a lancé un appel d'offres autour de l'innovation agrivoltaïque permettant de réaliser les projets complémentaires au premier démonstrateur mondial que nous inaugurerons début 2018 sur une exploitation viticole à Tresserre, dans les Pyrénées Orientales. 4,5 hectares seront en culture agrivoltaïque et 3 hectares seront en culture témoin, afin de comparer rendements et qualités de production. D'ici trois ans, nous devrions pouvoir développer 20 à 30 démonstrateurs en France, qui couvrent autant de territoires et de couples climat/culture différents.

LTDE : Quand pourra-t-on parler de maturité pour cette technologie ?

P.G. : La phase dite de commercialisation interviendra après 2020, quand nous disposerons de suffisamment d'éléments grâce à nos démonstrateurs pour proposer largement notre offre de pilotage. Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une technologie de rupture au service de l'agriculture et que notre objectif reste de proposer en France un socle d'expertise mondial pour l'agrivoltaïque. Car notre pays n'est pas le seul à être impacté par les changements climatiques et bon nombre de zones géographiques vont nécessairement y trouver grand intérêt.

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