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« La transition énergétique change le rôle des réseaux »

Mobilité, autoconsommation, smart grids : la transition énergétique modifie radicalement notre façon de consommer et de produire les énergies. Christian Nadal, Président du conseil de surveillance d’Enedis, nous explique les principaux enjeux de cette nouvelle ère.
Christian Nadal, Président du conseil de surveillance d’Enedis explique l'enjeu de la transition énergétique

Qu'entend-on lorsque l'on parle de « transition énergétique » ?

Il s'agit d'abord d'un bouleversement majeur, sans précédent. Le monde de l'énergie s'est toujours adapté aux évolutions, que ce soit avec le développement de l'hydroélectricité puis du nucléaire et maintenant des énergies renouvelables. En France, l'histoire d'EDF est un parfait exemple de cette mutation. Mais, la transition énergétique que nous connaissons actuellement se caractérise par une vaste accélération. Elle s'explique à la fois par l'intégration des technologies numériques facilitant le pilotage des installations, mais aussi par une action politique volontaire en faveur des énergies renouvelables (ENR) et par une forte demande des pouvoirs locaux en matière de décentralisation. Le tout avec un objectif commun : offrir de meilleures conditions pour l'utilisateur et préserver l'environnement.

Quels sont les enjeux pour les distributeurs ?

Le premier enjeu reste la modification du rôle des réseaux. Les installations de distribution ont été conçues pour acheminer l'électricité de manière descendante. Aujourd'hui, il faut désormais qu'elles intègrent les productions locales par panneaux solaires ou éoliennes dans le réseau. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : nous sommes passés, en 5 ans, d'un petit nombre de producteurs à plus de 300 000. En termes de puissance, 17 000 MW d'énergies renouvelables sont aujourd'hui raccordées au réseau Enedis, soit l'équivalent de 15 tranches nucléaires ou encore de la totalité de la capacité électrique d'un pays comme la Belgique. Dans le secteur de la mobilité électrique, les réseaux sont aussi très sollicités. Par exemple, quand la RATP commande 7 500 bus électriques, il faut gérer des flux nouveaux et s'adapter aux besoins de rechargement. À chaque fois, cela nécessite des investissements conséquents.

Les pouvoirs publics ont-ils un rôle à jouer dans ce mouvement ?

L'Union Européenne, l'État et les collectivités ont un rôle majeur. Ce sont eux qui répartissent les rôles, qui régulent le système. La loi relative à l'autoconsommation devrait par exemple donner un vrai coup d'accélérateur. Il faut aussi que les pouvoirs publics prennent en compte des données essentielles : la transition énergétique exige énormément d'efforts du côté des opérateurs et des clients. Mais, ils ne peuvent pas toujours supporter la totalité des coûts nécessaires. La Contribution au Service Public de l'Électricité, par exemple, est passée de 10,5 € par MWh en 2012 à 22,5 € en 2017, essentiellement du fait du développement des ENR. On est encore loin des niveaux de nos voisins allemands, à 60 €, mais cela va nécessiter, de la part des pouvoirs publics, des choix pertinents et des solutions adaptées.

En matière de solutions, justement, quels sont les apports d'Enedis sur ces questions ?

Concernant les smart grids, la nomination de Christian Buchel à la tête de l'EDSO (NDLR l'association européenne des principaux distributeurs d'électricité) place Enedis en position de leader au niveau européen. Le compteur communicant Linky participe également à ce système. Cette nouvelle technologie facilite le pilotage des installations et met à disposition des utilisateurs les éléments nécessaires à une bonne gestion de l'électricité. Enedis joue aussi un rôle clé dans la collecte, la gestion et la mise à disposition des données et accompagne les collectivités et les communautés dans leurs projets.

Quand cette transition arrivera-t-elle à maturité ?

Actuellement, nous sommes au cœur du mouvement, c'est donc difficile de se projeter. Ce qu'on sait, par contre, c'est que la dynamique demeure très importante. Linky devrait être déployé sur tout le territoire à l'horizon 2021. D'ici là, l'autoconsommation et les énergies renouvelables seront encore mieux installées. Les transports ainsi que les organisations territoriales auront aussi beaucoup changé. D'ici 2025, l'ensemble de ces transformations modifieront radicalement le paysage et d'autres changements s'annonceront à nouveau.

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Commentaire 1
à écrit le 11/07/2017 à 11:34
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La Transition Energétique, dit ce monsieur, doit "offrir de meilleures conditions pour l'utilisateur et préserver l'environnement.". Or l'installation subventionnée des éoliennes et autres panneaux solaires a déjà fait exploser nos factures EDF ave...

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