Les entreprises à la rescousse de la place financière de Paris

Dans un rapport publié ce lundi 19 octobre, la Chambre de Commerce et d’Industrie Paris Ile-de-France alerte sur l’urgence à agir pour endiguer la perte de compétitivité de la place financière de Paris.
Christine Lejoux
L'ensemble de l’écosystème de la place financière de Paris pèse 40% du PIB de la région Ile-de-France.

Etre son propre avocat, c'est bien, mais rien ne vaut des appuis extérieurs, gages d'une plus grande objectivité. Les défenseurs des intérêts de la place financière de Paris ont ainsi trouvé dans les entreprises un allié de poids. La Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) Paris Ile-de-France publie en effet, ce lundi 19 octobre, un rapport intitulé « Paris, place financière internationale des entreprises », dans lequel l'organisme alerte sur la dégradation de la compétitivité de la place financière de Paris. Des propos qui font écho aux cris d'alarme régulièrement lancés par Paris Europlace, l'association chargée de la promotion de la place financière de Paris. Ainsi qu'à la mise en place, en juin 2014, par le ministre des Finances Michel Sapin, du Comité Place de Paris 2020, dont l'un des objectifs consiste à promouvoir, à l'horizon 2020, une place financière de Paris « attractive et dynamique. »

De fait, « ce rapport s'inscrit en complément d'autres initiatives en faveur de la place financière de Paris, lancées notamment par Paris Europlace et Bercy. Mais les démarches d'Europlace, avec qui nous travaillons de façon étroite, et du Comité 2020 sont très axées sur la finance, alors que le maintien d'une place financière forte à Paris représente un enjeu pour les entreprises aussi. Avec ce rapport, c'est la voix des entreprises que nous voulons faire entendre », explique Patrick Gounelle, élu à la CCI Paris Ile-de-France et auteur du rapport. « Il est essentiel de renforcer les travaux stratégiques menés par Paris Europlace pour consolider la compétitivité de la place financière de Paris en Europe, ainsi que ses actions de promotion au plan international », approuve Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, qui a été associée à la réalisation du rapport de la CCI Paris Ile-de-France.

Le financement des entreprises françaises en question

Pour la CCI, l'horizon de 2020 est trop éloigné, c'est maintenant qu'il faut agir. Il est vrai que les chiffres sont alarmants : encore numéro 11 des centres financiers mondiaux dans le palmarès 2007 de Z/Yen Group, Paris ne pointe plus aujourd'hui qu'au... 37e rang, loin, très loin derrière New York et Londres, qui occupent respectivement les première et deuxième places du classement.

En cause, selon le rapport de la CCI Paris Ile-de-France : la fiscalité importante du capital et des revenus en France, la rigidité du droit du travail et l'instabilité réglementaire et fiscale. Toutes choses qui freinent les investissements étrangers et, pis, qui risquent d'accélérer les délocalisations d'emplois financiers de Paris à Londres et, partant, le transfert, Outre-Manche, des centres de gravité des grandes entreprises françaises. Des risques d'autant plus importants que les députés français ont décidé, vendredi 16 octobre, d'élargir aux opérations intraday le champ de la taxe sur les transactions financières, un projet porté par onze pays seulement de l'Union européenne, dont la France.

Or, la place de Paris fait travailler 126.000 personnes dans le secteur de la finance, et chacun de ces emplois à très forte valeur ajoutée génère au moins cinq emplois indirects, selon la CCI Paris Ile-de-France.

« Si les seules activités financières représentent 8% seulement du Produit intérieur brut (PIB) de la région Ile-de-France, l'ensemble de l'écosystème de la place financière pèse en revanche 40% du PIB. C'est un sujet sérieux », insiste Patrick Gounelle.

L'attrition de la place financière de Paris pourrait également être lourde de conséquences pour le financement des entreprises françaises. En particulier à l'heure de la mise en place de l'union des marchés de capitaux, qui vise à développer le financement de l'économie européenne par les marchés, afin de rendre les entreprises moins dépendantes du crédit bancaire.

« Ce rapport témoigne de la perception, par les entreprises, de l'enjeu stratégique que représente la place de Paris pour leur financement - surtout dans le contexte du projet d'union des marchés de capitaux - et, plus largement, pour l'emploi, la croissance et le contrôle des centres de décision », se félicite Arnaud de Bresson, chez Paris Europlace.

 Une mobilisation de l'écosystème début 2016

 « Il n'existe pas de capitale mondiale sans une place financière forte. Or,  si l'on entend beaucoup parler des enjeux liés aux transports et à la sécurité, il est en revanche assez peu question de ceux liés à la finance », regrette Patrick Gounelle. La CCI Paris Ile-de-France milite donc pour une mobilisation de toutes les parties prenantes de la place financière de Paris, des professionnels de la finance aux entreprises, grandes et moyennes, en passant par la Ville de Paris et la région Ile-de-France. L'enjeu étant que ces acteurs, qui ont tous intérêt au maintien d'une place financière forte à Paris, parlent d'une seule et même voix.

Cette mobilisation devrait débuter une fois les élections régionales passées, c'est-à-dire en janvier ou en février 2016. Elle devra accoucher de mesures destinées, entres autres, à favoriser les investissements étrangers dans l'Hexagone, ainsi que le financement du développement des startups, qui risquent sinon de s'expatrier à Londres. Les réflexions porteront également sur les moyens d'éviter que les banques ne délocalisent certaines de leurs activités de l'autre côté de la Manche, et sur la façon de rendre les épargnants français plus enclins à investir dans les entreprises. Sans oublier la création d'un « acteur de place fort, ayant la confiance des différentes parties prenantes », ajoute Patrick Gounelle. Pour qui il n'est pas question « de baisser les bras face à Londres et à la City, très fortes en matière de marketing et de communication. »

Christine Lejoux

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Commentaires 15
à écrit le 20/10/2015 à 8:46
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..." mon ennemi ...c'est la finance ..." celà ne vous rappele rien ?

à écrit le 19/10/2015 à 12:48
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On ne peut pas dire que les entreprises françaises sont sous capitalisées et n'arrivent pas à trouver de financement direct, les entrepises dans ce cas ne sont qu'un prétexte à la défense d'intérêts inavouables. Quand à l'attaque contre notre souv...

à écrit le 19/10/2015 à 11:03
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la place de Paris fait travailler 126.000 personnes dans le secteur de la finance et l'ensemble de l'écosystème de la place financière pèserait en revanche 40% du PIB??? Ce monsieur délire. Sans place de Paris l'industriel trouve de l'argent. Le ba...

à écrit le 19/10/2015 à 10:39
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Cette initiative qui est salutaire ne peut être utile que si elle prend en compte la réalité des mouvements observés récemment en France : à savoir, une tendance à la hausse des investissements étrangers en 2013 et 2014, même si on revient de loin, u...

à écrit le 19/10/2015 à 10:19
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On tourne en rond autour de la "problématique" des origines entre la poule et l'oeuf. C'est comme avec le grand Moyen-Orient avec Makreb et Magreb : ce terrorisme auquel il faut faire la guerre, comment prospère-t-il hors de la guerre ouverte ? Ce d...

à écrit le 19/10/2015 à 10:18
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Si arretait de taxer de surtaxer ca n'arriverait pas...., bref decidement le socialisme ca fait tout crever!!!

le 19/10/2015 à 12:50
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Accuser le socialisme de tout est d'une facilité extrême e évite surtout de réfléchir.

à écrit le 19/10/2015 à 10:16
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Les marchés financiers comme le reste de l'économie souffrent des archaïsmes des politiciens. Nos sommes dirigés par des dogmatiques souvent sectaires dont la majorité n'a jamais travaillé dans une entreprise. La France , c'est un royaume administr...

à écrit le 19/10/2015 à 9:52
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40 % du PIB lie a la finance en France ? c est un gag ? Que ca soit le cas au luxembourg c est possible mais oser ecrire un tel chiffre disqualifie l article ! Pour le reste, la finance en tant que telle ne produit rien. Elle peut aider a finance...

à écrit le 19/10/2015 à 9:04
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Je ne suis pas d'accord !!! La guerre à la finance doit être menée à son terme. Il faut éradiquer la bourse de Paris. Taxons ! Que ces ennemis du genre humain aillent à Londres.

le 19/10/2015 à 19:06
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vous avez la solution et quelle solution enfin 10 millions de chômeurs en France, enfin le camarade nord coréen au sommet de l'Etat type M.Mélenchon le camarade rouge vif qui se fait payer sa retraite de sénateur par l'Etat et pour cela ce dernier em...

à écrit le 19/10/2015 à 8:43
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la finance a voulu faire son activite en detruisant l'insdustrie si elle est a ce jour aux aboi c'est la meilleur nouvelle et en aucun cas doit etre soutenus par ses ancien bailleur de fonds encore une preuve que la finance qui se crois au dessus...

à écrit le 19/10/2015 à 8:29
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Si on veut que la place de Paris soit plus compétitive, il faudrait que les courtages soient remontés, pour que les courtiers aient les moyens de produire assez de recherche pour les investisseurs. En d'autres termes : il faut que les grandes socié...

le 19/10/2015 à 10:00
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Personne !

à écrit le 19/10/2015 à 8:02
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Les financiers se prennent vraiment pour la mouche du coche. C'est l'énergie des chevaux qui fait avancer le coche, "l'énergie".

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