"Les startups garderont la propriété intellectuelle de leurs projets" (BNP Paribas)

BNP Paribas a lancé son premier "hackathon" le week-end des 13 et 14 juin. Contraction des mots "hack" (pirater, en anglais) et "marathon", le hackathon est un événement de programmation informatique collaborative, qui réunit développeurs, designers et autres petits génies de l’informatique. Durant une courte période - de deux jours, en général -, ces derniers s’affrontent en équipes afin de mettre au point la meilleure application possible sur une thématique donnée. Né aux Etats-Unis dans les années 1990, au sein de l’univers des logiciels libres, le phénomène des hackathons se répand depuis quelques années dans le monde de l’entreprise, sous l’impulsion des géants du Web comme Facebook. Les hackathons s’inscrivent désormais dans la démarche d’open innovation des entreprises, quasiment toutes confrontées à la nécessité de s’adapter à la révolution numérique. Entretien avec Ariel Steinmann, directrice marketing de la banque en ligne de BNP Paribas.
Ariel Steinmann est directrice marketing de Hello Bank!, la banque 100% mobile de BNP Paribas, et de la banque en ligne du groupe.

LA TRIBUNE. Quels sont les objectifs du hackathon lancé par BNP Paribas ?

ARIEL STEINMANN. L'objectif, en faisant ainsi appel à l'ingéniosité collective à une échelle mondiale et en faisant travailler des startups et des experts internes et externes, est d'accélérer la transformation digitale de BNP Paribas, de faire éclore plus rapidement les innovations qui nous permettront d'inventer la banque de demain pour mieux nous adapter au monde qui change. Nous avons donc demandé à près de 300 designers et développeurs issus de 57 startups de travailler sur la thématique de la relation-client. La révolution numérique a en effet engendré de nouveaux comportements chez les clients des banques, qui veulent les bonnes réponses à leurs besoins, au bon moment. Les participants au hackathon avaient donc pour mission de trouver des solutions pour personnaliser davantage la relation-client, rendre l'expérience-client plus simple malgré les contraintes réglementaires qui pèsent sur les banques, et ce, avec toute la sécurité indispensable à la gestion des données bancaires.

Nombre d'autres banques, en France et à l'étranger, ont déjà lancé des hackathons, ces dernières années. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait plus tôt ?

Nous voulions faire cela en grand, à l'international. La première étape du hackathon, les 13 et 14 juin, a ainsi eu lieu simultanément à Paris, Bruxelles, Istanbul, Rome et San Francisco, des villes qui correspondent à nos grandes implantations géographiques. De plus, il s'agit d'un hackathon en trois étapes, et non d'un simple workshop de deux jours à l'issue desquels chacun rentre chez soi. En effet, au terme de ce week-end, 16 startups, sur les 57 participantes, ont été sélectionnées et participeront à la deuxième étape du hackathon. Il s'agit d'un "digital bootcamp" [camp d'été ; Ndlr] qui se déroulera jusqu'en septembre, et durant lequel les startups bénéficieront d'un tutorat en ligne de la part d'experts de BNP Paribas dans les domaines du marketing, de la conformité, du juridique.

L'objectif étant de permettre aux jeunes pousses d'affiner leur projet, avant de le présenter à un jury composé de hauts dirigeants de la banque et d'experts de l'innovation, lors d'un "Demo Day" qui aura lieu en novembre. Enfin, nous n'avons pas attendu le hackathon pour innover avec des startups, ce que nous faisons avec notre programme Innov & Connect et au sein de nos "startuphouses" en France, en Belgique, en Turquie et en Italie. Le hackathon est le prolongement d'un écosystème d'open innovation mis en place depuis plusieurs années par BNP Paribas.

Sur la base de quels critères les 16 startups ont-elles été sélectionnées ?

Leurs projets devaient représenter une véritable valeur ajoutée pour le client. Nous avons également pris en compte la pertinence de l'innovation, son originalité, sa faisabilité technique et sa viabilité financière. En effet, à moyen terme, le hackathon doit nous permettre de dénicher des idées susceptibles de déboucher sur des applications concrètes pour BNP Paribas. Les projets qui seront développés par les cinq startups retenues à l'issue du "Demo Day" de novembre sont réellement amenés à voir le jour, après la phase d'incubation de ces jeunes pousses, qui durera six mois et qui constituera la troisième et dernière étape du hackathon.

Dans le cadre de cette phase d'incubation, comment accompagnerez-vous exactement les startups ? Seront-elles ensuite libres de commercialiser auprès de qui bon leur semble les projets ainsi développés ?

Sur le plan financier, notre soutien prendra la forme de défraiements, il ne sera pas très important. Ce que nous apporterons aux startups, ce sera davantage un soutien logistique, avec des lieux de travail dédiés, un programme d'accélération sur mesure élaboré par l'Atelier BNP Paribas, notre cellule de veille technologique, et, surtout, la promesse de pouvoir travailler à grande échelle pour le groupe. Quant à la liberté des startups de commercialiser leurs innovations auprès d'autres banques, BNP Paribas bénéficie d'une période de trois mois pour entamer des discussions et signer éventuellement un contrat de partenariat. Cela se fera au cas par cas, BNP Paribas pouvant par exemple demander l'exclusivité d'une invention en échange d'honoraires ou de "fees" [commissions ; Ndlr]. En tout état de cause, les startups garderont la propriété intellectuelle de leurs programmes.

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