Linde-Praxair, Bayer-Monsanto, Sharp-Foxconn... un été en fusions

Rumeurs de rapprochement, fin de longues discussions ou examens approfondis des autorités de la concurrence, la période estivale se révèle riche pour certaines entreprises. La Tribune revient sur deux mois de tractations.
Laszlo Perelstein
Cet été a notamment vu AB InBev (Stella Artois, entre autres) et SAB Millier valider leur projet de fusion. Les deux groupes sont respectivement numéro un et numéro deux mondial de la bière.

À la faveur de l'été, les fusions d'entreprises fleurissent. Annoncées depuis longtemps ou tenues "secrètes" jusqu'alors, toutes ne pourront néanmoins pas se réaliser car pour cela il faut obtenir de multiples feux verts : de la direction des entreprises aux autorités de la concurrence - parfois de différents pays - en passant par les actionnaires.

En réflexion

  • Praxair et Linde dans le gaz industriel

Le groupe américain de gaz industriels et son concurrent allemand ont entamé des discussions préliminaires, ont confié mardi 16 août des sources proches du dossier à l'agence Reuters, avant que le fabricant allemand ne confirme l'information dans la journée. Leur fusion verrait la naissance du premier groupe mondial du secteur, avec une valorisation dépassant les 60 milliards de dollars en Bourse (53,4 milliards d'euros), devançant ainsi le français Air Liquide, valorisé plus de 34 milliards d'euros après son rachat de l'américain Airgas. Pour l'heure, l'issue des discussions reste incertaine.

  • Bayer et Monsanto dans l'industrie chimique

Après avoir déjà essuyé deux refus du géant américain, la direction de Bayer se dit désormais prête à se tourner directement vers les actionnaires de Monsanto. C'est du moins ce qu'écrit mardi 16 août le journal économique allemand Handelsblatt. La dernière offre de rachat valorise le géant des engrais et pesticides 64 milliards de dollars, moins que les 67 à 69 milliards de dollars espérés par Monsanto, d'après Handelsblatt.

Derniers feux verts à obtenir

  • Deutsche Börse et LSE dans les opérateurs boursiers

Le Brexit n'aura pas empêché les actionnaires des deux opérateurs boursiers européens d'opter pour leur rapprochement. Malgré la décision des Britanniques de voter pour une sortie de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin, Deutsche Börse a annoncé le 26 juillet avoir obtenu le soutien de plus de 60% (60,35% précisément) de ses actionnaires pour son projet de fusion avec London Stock Exchange. Les actionnaires de LSE avaient approuvé à 99,89% l'opération début juillet. Pour boucler leur fusion, il reste désormais aux deux opérateurs boursiers à obtenir les feux verts des autorités financières britanniques, allemandes et européennes. Un accord qui nécessitera sans doute de faire des concessions, mais les dirigeants de Deutsche Börse et LSE seraient déjà prêts.

  • AB InBev et SAB Miller dans la bière

Après un nouveau relèvement de l'offre du premier brasseur mondial - propriétaire notamment de Budweiser, Stella Artois et Corona - suite aux incertitudes concernant le Brexit, ce dernier pourra enfin fusionner avec SAB Miller (Grolsh, Peroni), mettant fin ainsi à un long feuilleton. La nouvelle offre - 45 livres par action contre 44 livres pour celle d'octobre - valorise SAB Miller, dont les activités sont basées à Londres, environ 79 milliards de livres (environ 91 milliards d'euros). À l'issue de la fusion avec le numéro deux mondial - il reste encore le feu vert des actionnaires à obtenir -, le groupe belgo-brésilien devrait occuper 18 des 19 postes de direction.

  • Aux États-Unis, la justice veut freiner les fusions d'assureurs santé

La date a été fixée il y a quelques jours. La justice américaine examinera le 5 décembre le recours déposé par le département de la Justice pour bloquer le rachat de l'assureur santé Humana par son concurrent Aetna. Outre cette fusion, une procédure est également en cours contre l'assureur santé Anthem, qui souhaite mettre la main sur son rival Cigna. L'autorité de la concurrence voit d'un très mauvais œil ces rapprochements à respectivement 37 milliards de dollars et 54 milliards de dollars : ils feraient passer le nombre d'assureurs santé nationaux de 5 à 3, entraînant inexorablement une hausse des prix.

Pas d'encombre en vue

  • Uber et Didi Chuxing dans les VTC

Après avoir largement investi en Chine, la plateforme américaine de VTC a finalement mis fin à son aventure, en fusionnant ses activités sur le marché chinois avec celles de Didi. En échange d'une entrée au capital de son concurrent chinois, Uber s'est retiré d'un marché qu'il estimait auparavant porteur, malgré une absence de rentabilité. La startup fondée en 2009 par Travis Kalanick aura une participation de 5,89% dans Didi mais des "intérêts économiques" évalués à 17,7% de l'ensemble, plus 2,3% pour les actionnaires de sa filiale chinoise. Didi voit quant à lui sa valorisation grimper à 35 milliards de dollars.

     | Analyse Et si Uber était le grand perdant de la bataille asiatique ?

  • Tesla et SolarCity dans les énergies renouvelables

Souhaitant depuis l'an passé profiter de son expertise en énergies renouvelables, le constructeur américain de voitures électriques s'est offert début août l'installateur de panneaux solaires SolarCity pour quelque 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) en action. Attendue depuis plusieurs semaines, la fusion verra le nouveau groupe proposer aux consommateurs des panneaux solaires, des systèmes de recharge de batteries ainsi que des voitures électriques sous la marque unique Tesla.

  • Essilor et MyOptique

Le numéro un mondial des verres ophtalmiques se renforce sur Internet. Essilor a annoncé mardi 16 août avoir signé un accord pour racheter le britannique MyOptique, qui a généré en 2015 un chiffre d'affaires annuel de 57 millions de livres. L'acquisition, pour un montant non communiqué, permettra au Français de se renforcer dans la vente en ligne, notamment en Europe centrale, est-il précisé dans le communiqué.

C'est bouclé

  • Foxconn et Sharp dans l'électronique

La fin d'un siècle d'indépendance pour le constructeur japonais d'électroniques. Le rachat de Sharp par le taïwanais Foxconn, spécialiste des écrans à cristaux liquides (LCD), a été finalisé avant le week-end du 15 août. Le groupe a reçu le paiement de 388 milliards de yens (3,4 milliards d'euros) dans le cadre d'une augmentation de capital. Le bouclage de cette opération voit la société être dirigée pour la première fois en plus de 100 ans d'histoire par une personne venue de l'extérieur et n'étant pas d'origine japonais : le taïwanais Tai Jeng-Wu, bras droit du PDG de Foxconn, Terry Gou. Cette nomination et le finalisation de l'opération ont été accueillies très favorablement par les actionnaires : après avoir pris 19% vendredi, l'action Sharp à Tokyo grimpait encore de plus de 10% ce mardi (lundi au Japon).

  • UGC et Arch Capital dans l'assurance hypothécaire

À l'heure où certains cherchent à se rapprocher, d'autres préfèrent se diviser, pour favoriser les secteurs les plus rentables. C'est le cas notamment de l'assureur américain AIG qui a annoncé lundi 15 août avoir cession sa branche d'assurance hypothécaire, United Guaranty Corporation pour 3,4 milliards de dollars (2,2 milliards en numéraire, le reste en actions) à son concurrent Arch Capital.  L'an passé, AIG avait subi les pressions d'investisseurs activistes (dont le milliardaire Carl Icahn) s'était retrouvé l'an dernier sous la pression des investisseurs activistes Carl Icahn et John Paulson, qui réclamaient sa scission en trois entreprises distinctes.

Laszlo Perelstein

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