Révolution numérique : les investisseurs ouvrent les paris sur les leaders de demain

Le fonds Pictet-Digital Communication investit dans des sociétés dont 20% au moins du chiffre d’affaires est lié à l’Internet, et qui sont cotées en Bourse.
Christine Lejoux
En Bourse, les Gafa pèsent aussi lourd, et même un peu plus, que le CAC 40.

Avec une capitalisation de 636 milliards de dollars, Apple est l'entreprise qui pèse le plus lourd en Bourse, dans le monde. Cela, on le sait. C'est un fait acquis depuis 2011, même si le fabricant de l'iPhone cède par intermittences sa place à d'autres, pour mieux la reconquérir. Difficile, également, d'ignorer que Google figure en pole position dans le palmarès des capitalisations boursières mondiales : avec un poids de 326 milliards de dollars, le moteur de recherche occupe actuellement le cinquième rang. Et il n'aura échappé à personne, non plus, que le géant du e-commerce Amazon pèse désormais plus lourd en Bourse que le distributeur traditionnel Wal-Mart, avec une capitalisation de 257 milliards de dollars pour le premier, et de 215 milliards pour le second.

Ce dont on a peut-être moins conscience, c'est qu'avec une capitalisation boursière totale de 1.485 milliards de dollars, les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) pèsent autant, et même un peu plus, que le CAC 40. Eh oui, l'indice phare de la Bourse de Paris a beau compter d'aussi grands noms qu'Airbus, Danone, L'Oréal ou LVMH, il ne pèse « que » 1.258 milliards d'euros, soit 1.432 milliards de dollars.

Amazon, première ligne du portefeuille de Pictet-Digital Communication

Une comparaison qui semble faire écho aux prédictions du cabinet IDC. Lequel, voici un peu plus d'un an, mettait en garde contre la possible élimination, d'ici à 2018, d'un tiers des sociétés qui sont aujourd'hui leaders dans les différents secteurs d'activité. « La révolution numérique s'installe dans toutes les industries », approuve Sylvie Sejournet, gérante principale du fonds Pictet-Digital Communication. Dédié aux « entreprises qui profiteront de la transition vers le numérique », ce fonds investit - à l'échelle mondiale - dans des sociétés dont 20% au moins du chiffre d'affaires est lié à l'Internet, et qui sont cotées en Bourse.

La première ligne du portefeuille n'est autre qu'Amazon, avec un poids de 5,2%. Il faut dire que l'équipe de gestion porte un intérêt tout particulier au e-commerce, un marché qui devrait s'élever à 1.460 milliards de dollars cette année à l'échelle mondiale, soit 6,1% du total des dépenses de commerce de détail estimées pour 2015. Mais c'est la publicité en ligne qui pèse le plus lourd dans le portefeuille de Pictet-Digital Communication, puisque ce secteur concentre 27% des investissements du fonds. Il est vrai que le marché de la publicité en ligne, évalué à 159 milliards de dollars pour l'année 2015, représente déjà près du tiers (31%, exactement) des dépenses mondiales de publicité.

Demain, peut-être des investissements dans les fintech

Autre domaine qui a le vent en poupe auprès de l'équipe de gestion de Pictet-Digital Communication : le Saas (software as a service), ces logiciels en ligne interactifs utilisés, par exemple, par les départements des ressources humaines des entreprises pour classer des CV et effectuer des recherches à partir de mots-clés comme « HEC. » « Le marché mondial du Saas s'élève à 200 milliards de dollars, ce qui représente 10% des dépenses informatiques totales. Il dispose d'un fort potentiel de développement, ces solutions étant moins chères (que les offres traditionnelles) et de mieux en mieux sécurisées », explique Sylvie Sejournet.

Et quid des fintech? Ces startups, spécialisées dans les technologies financières, sont en effet les nouvelles coqueluches des fonds de capital-risque, spécialisés, eux, dans l'investissement dans des sociétés non cotées. « Nous n'avons pas encore investi dans les fintech. Certes, Lending Club [le spécialiste américain du crowdfunding ; Ndlr] avait fait une introduction en Bourse remarquée, l'an dernier. Mais, justement, nous avions trouvé sa capitalisation de l'époque, à 9 milliards de dollars, trop élevée », argumente Sylvie Sejournet. Une position que l'équipe pourrait peut-être infléchir, le poids de Lending Club à la Bourse de New York ayant depuis été divisé par près de deux, à 5 milliards de dollars aujourd'hui.

« Des valorisations excessives dans le non coté »

Des investissements dans les fintech pourraient être d'autant plus envisageables que le fonds Pictet-Digital Communication se veut résolument transversal. « Nous ne voulons pas faire de fonds spécialisé dans un seul secteur, afin d'éviter les bulles. Par exemple, si les valeurs du e-commerce reviennent aujourd'hui en force, il ne faut pour autant pas oublier que la plupart d'entre elles avaient enregistré des performances boursières négatives, l'an dernier, car les investisseurs n'en voulaient plus », insiste Sylvie Sejournet. Justement, ne faut-il pas s'inquiéter de la formation de bulles éventuelles, au regard de l'engouement actuel des investisseurs pour les valeurs technologiques ?

De fait, les sociétés du fonds Pictet affichent un PER médian [rapport cours sur bénéfice par action ; Ndlr] de 20,4 pour l'année 2016, alors que l'indice boursier MSCI World se traite sur la base d'un multiple de valorisation de 14. Mais, à 24,6%, la perspective de croissance du bénéfice par action des sociétés du fonds Pictet-Digital Communication, pour 2016, est 2,5 fois plus élevée que celle des entreprises de l'indice MSCI World, rétorque Sylvie Sejournet. Pour cette dernière, il existe en revanche « des valorisations excessives dans le non coté », qui compte un nombre croissant de « licornes », ces jeunes sociétés technologiques dont la valorisation égale ou dépasse le milliard de dollars, à l'image d'Uber. De quoi, selon Sylvie Sejournet, « relancer d'autant plus l'intérêt pour les sociétés cotées en Bourse, qui disposent, elles, de chiffres audités. »

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 15/10/2015 à 14:18
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Pub pour un fonds suisse. On a les mêmes à la maison. On donne un maximum d'argent à des entreprises dont on espère qu'elles sauront en faire quelque chose. Pari fortement risqué d'autant que les valorisations peuvent se trouver divisées par deux en ...

le 15/10/2015 à 19:33
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Inepties, regardez ce dans quoi le fonds est investi :ce sont déjà de grosses capitalisations de plus elles sont principalement sur le marché américain là ou il y a de la croissance. Enfin un fonds en action est toujours risqué relativement à d'autre...

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