Les clients de Monoprix peuvent d'ores et déjà faire de bonnes affaires. Sans attendre le démarrage des soldes d'hiver prévus le mercredi 11 janvier, l'enseigne de magasins populaires accorde aux porteurs de sa carte de fidélité des remises de 50% et 30% analogues à celles pratiquées pendant cette période de déstockage. "Elles concernent tous les rayons de mode, de décorations et de loisirs", précise son porte-parole.

Monoprix n'est pas la seule enseigne à casser ses prix avant l'heure. Kookaï offre aussi 50% de remise. Gap procède de même. Les magasins de luxe en font autant, toujours sous le manteau, par e-mail ou sur leur site de vente en ligne. Jean-Claude Jitrois invite ses clients aux « présoldes en folie » du samedi 7 janvier. Sur le Net, Colette assure 50% de rabais.

Panique

La méthode - elle est monnaie courante chez les grandes enseignes succursalistes - agace. "Il faut dénoncer ces soldes privées", s'emporte Bernard Morvan, président de la Fédération nationale de l'habillement qui représente les intérêts des détaillants indépendants. Car, cette année, dans un marché où 35% des ventes se réalisent à prix cassés, le phénomène des ventes privées semble avoir pris de l'ampleur. "Monoprix en mène depuis l'été 2010, toujours aux mêmes taux de remise", minimise son porte-parole. "Ce phénomène fait partie des évolutions actuelles de la distribution. Toutes les enseignes veulent récompenser leurs clients les plus fidèles", philosophe le président de la Fédération des enseignes d'habillement, Jean-Marc Génis.

Une grande part de la vérité est sans doute ailleurs. En fait, les commerçants paniquent. Le spectre de fermetures de magasins rôde. "Cela fait maintenant quatre années consécutives que le marché français de l'habillement recule", rappelle le responsable de l'Observatoire économique de l'Institut français de la mode (IFM), Gildas Minvielle. Depuis mi-2011, les Français réduisent très fortement leurs dépenses d'habillement. Les ventes ont baissé de 6,7% en novembre, selon l'IFM. Les enseignes spécialisées ont dévissé plus sévèrement encore : -8,5%. "Sur l'ensemble de 2011, le chiffre d'affaires est en repli de l'ordre de 3%", estime Jean-Marc Génis.

Toutes les chaînes vont donc démarrer les soldes d'hiver 2011 avec des stocks colossaux. Les écouler sera un défi. D'autant que le démarrage des soldes d'été 2011 est dans toutes les mémoires : les ventes avaient plongé de 6% pendant la première quinzaine. Du jamais vu. L'"e-commerce" avait alors été montré du doigt. Il l'est de nouveau. Car le Net devrait rafler 3,4 des 27,3 milliards d'euros dépensés par les Français lors des cinq semaines de soldes à venir, selon une étude réalisée par le Centre for Retail Resarch commandée par Kelkoo. Les soldes en ligne devraient croître de 23%, tandis que ceux effectués en magasins reculeraient de 0,5%. Dès lors, toutes les enseignes ferraillent pour capter, dès aujourd'hui, le budget que les Français s'accordaient pour faire les soldes la semaine prochaine.