Négociations commerciales : une dernière ligne droite tendue

Les pourparlers entre distributeurs et fournisseurs s'achèvent officiellement ce samedi soir. Marqués cette année par des mouvements de concentration chez les premiers, ils risquent de ne pas aboutir à temps. Retour sur deux mois de tensions.
Marina Torre
Les pourparlers entre grands distributeurs de biens de consommation français et leurs fournisseurs s'achèvent ce samedi 28 février .

Les pourparlers devraient être terminés. La guerre des prix repartira-t-elle de plus belle? Les négociations entre les grands distributeurs de biens de consommation français et leurs fournisseurs s'achèvent officiellement samedi 28 février au soir. Mais, jusqu'au bout, l'incertitude demeure quant à la signature de toutes les conventions.

Les années précédentes, certaines enseignes ont attendu la dernière limite pour apposer leur signature sur des contrats avec leurs fournisseurs. Le déroulé particulier de ces discussions en 2014-2015 pourrait expliquer un retard éventuel de leurs conclusions. Résumé des épisodes précédents.

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Les alliances

Par nature toujours tendues, ces négociations ont été marquées en 2014-2015 par un mouvement de concentration entre enseignes qui ont cherché à mettre en commun leurs achats de marques nationales.

  • Système U et Auchan

Le distributeur nordiste et le réseau U sont les premiers à tirer. En septembre 2014, ils officialisent leur projet d'unir leurs forces pour négocier tarifs et quantités avec leurs fournisseurs.

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Ce sont également ces deux enseignes qui sont allées le plus loin dans leur rapprochement. Ils prévoient en effet d'échanger des établissements, certains hypermarchés U passant sous enseignes Auchan, tout en restant sous le régime de la franchise: tandis que des Simply Market (qui appartiennent au groupe de la famille Mulliez), deviendraient des Super U.

Auchan s'est par ailleurs uni à l'allemand Metro pour ses achats de produits non alimentaires internationaux.

  • Casino et Intermarché

Le groupe de Jean-Charles Naouri a suivi en octobre en annonçant son alliance avec les Mousquetaires (Intermarché). Ils sont ainsi passés devant les deux leaders de la distribution française, Carrefour et Leclerc (tous deux à un peu plus de 20% de parts de marché), et la nouvelle alliance Auchan/Système U (un peu moins de 22% de parts de marché).

  • Carrefour et Cora

Enfin en décembre, Carrefour et Cora ont annoncé leur rapprochement. Leclerc reste le seul groupe sans "super centrale" d'achat avec un concurrent.

Les modalités précises de tous ces accords n'ont pas été connues immédiatement. D'où la crainte des fournisseurs concernant des possibles retards lors des négociations. En outre, la création de "super centrales" d'achats a augmenté le nombre de réunions nécessaires avant de boucler les conventions entre chaque partie. En effet, après avoir discuté avec les groupements, chaque marque renégocie ensuite plus spécifiquement avec chaque enseigne.

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 Bercy s'interpose

Concernant ces rapprochements, le ministère de l'Economie a sollicité l'Autorité de la Concurrence, censée remettre son avis en mars.

Dans la foulée, les députés ont profité du projet de loi Macron, alors encore débattu à l'Assemblée, pour voter un amendement répondant à ces rapprochements. Leur objectif: rendre obligatoire la notification d'un tel accord deux mois à l'avance au gendarme de la concurrence.

L'échéance se rapproche

Par ailleurs le 11 février, au cours d'une table ronde qui réunissait les principaux acteurs de ce secteur, Bercy a fait savoir, sans donner plus de détails, que la DGCCRF avait assigné deux enseignes en justice. A cette occasion, des industriels se sont plaint de demandes de baisses de prix très élevées allant de "3 à 18%".

La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution a alors signalé "qu'une grande partie des accords avec les PME avaient été signés" et que "le rythme de signatures pour les autres acteurs n'était pas différents des autres années". Tout en reconnaissant à la veille de la date limite de signature des "difficultés avec les grands industriels".

Quelle situation pour les PME?

Un avis pas tout à fait partagé du côté des industriels. "L'indicateur fort concernera les conditions dans lesquelles les accords auront été conclus, surtout pour les PME qui disent avoir éprouvé beaucoup de difficulté", affirme ainsi un porte-parole de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), l'un des principaux représentants des producteurs.

Ce dernier pointe les risques à plus long terme, si la déflation sur les produits de grandes marques se répercute sur leurs volumes. Les produits de "marques distributeurs" fabriqués par des PME risqueraient en effet de perdre en attractivité si leur prix était quasiment le même que celui de marques nationales équivalentes. Cela n'empêche pas un partie des PME d'avoir bouclé les négociations selon l'AFP.

... et quelles avancées?

Plus récemment, au cours d'un salon de l'Agriculture qui s'achève lui aussi, les fabricants de produits laitiers ont dit avoir réussi à trouver un terrain d'entente avant la date limite, rapporte le magazine spécialisé LSA.

Désormais les pourparlers entre dans leur phase ultime. "Il faudra attendre la semaine prochaine pour obtenir les résultats des sondages de fin de négociation", indique-t-on à l'Ania. Même attentisme du côté des enseignes.

Marina Torre

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Commentaires 2
à écrit le 01/03/2015 à 10:36
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Comment peut-on tolérer cette concentration du pouvoir et de la richesse sans fin ? Lorsque le 1% deviendra le 1 pour mille, on mangera des lasagnes à la viande humaine ?

à écrit le 28/02/2015 à 23:24
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Vu les regroupements de centrales, et je peux en parler par les contrats de millions que j'ai rédigé, pour tenir les prix demandés, TOUT fournisseur devra baisser la qualité. Sachant que le "bio" fait payer le label, nous allons avoir des scandales a...

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