La ligue française anti-gaspillage alimentaire part à la conquête de l'Europe

Arash Derambarsh, le conseiller municipal de Courbevoie qui est parvenu à contraindre les supermarchés français à redistribuer leurs invendus aux associations, promet d'étendre son action à toute l'Europe, voire au monde entier.
Dans l'Hexagone, les revendications de l'élu de Courbevoie, qui a commencé sa bataille par des actions de terrain locales, viennent d'être consacrées au niveau national, dans la loi sur la transition énergétique.

La "quasi-victoire" obtenue en France n'est pas un point d'arrivée, mais plutôt de départ à ses yeux. Le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh, à l'origine, avec le réalisateur Mathieu Kassovitz, d'une pétition contre le gaspillage alimentaire qui a enregistré plus de 200.000 signatures et obtenu le soutien de plusieurs parlementaires ainsi que du président de la République, n'envisage pas de limiter sa lutte à l'Hexagone, mais compte l'étendre au niveau international, a-t-il déclaré au journal britannique The Guardian.

D'abord l'Europe, puis le monde entier

Interrogé par La Tribune, Arash Derambarsh explique plus en détail ses projets:

"D'ici une quinzaine de jours, notre pétition sera élargie, à travers le site Change.org, à l'ensemble des pays de l'Union européenne. Notre objectif est de récolter le millions de signatures nécessaires afin d'exercer le droit d'initiative européenne reconnu par le traité de Lisbonne. Il s'agit d'interpeller les institutions de l'UE quant à la nécessité d'introduire une obligation pour les supermarchés de donner leurs invendus aux associations qui s'engagent à les redistribuer. Bien sûr, nous ne manquerons pas de sensibiliser en même temps les chefs d'Etat et de gouvernement à l'importance d'une telle avancée."

Par la suite, Arash Derambarsh compte également profiter de trois autres importants rendez-vous de fin d'année afin d'attirer l'attention sur sa cause: les discussions autour de la suite à donner aux Objectifs du millénaire pour le développement adoptés par l'ONU en 2000, qui se tiendront à New-York en septembre; la réunion du G20 prévue pour novembre en Turquie; et la conférence mondiale sur les changements climatiques (COP21) qui aura lieu en décembre à Paris.

"Ce qui peut marcher en France peut bien fonctionner aussi ailleurs", souligne-t-il.

Il se trouve qu'au sein de la Commission européenne, la direction générale à l'environnement se penche depuis plusieurs mois sur la question du gaspillage alimentaire. Une nouvelle mouture de la proposition de réglementation sur l'économie circulaire doit prochainement être dévoilée, qui devrait aborder ce problème.

En outre, un groupe de distributeurs européens s'est donné pour objectif depuis 2012, de sensibiliser le public à ces questions. Plusieurs initiatives de redistribution ont déjà été lancées chez Coop en Italie , ou encore Colruyt en Belgique, qui utilise la partie non comestible des déchets organiques pour produire de l'électricité par fermentation.

Victoire en France

Dans l'Hexagone, les revendications de l'élu de Courbevoie, qui a commencé sa bataille par des actions de terrain locales, viennent en effet d'être consacrées au niveau national. Les députés ont voté, le 21 mai 2015, un amendement à la loi relative à la transition énergétique qui comble un vide juridique à ses yeux "absurde": alors que des millions de Français peinent à boucler leurs fins de mois, chaque supermarché jette tous les jours plusieurs dizaines de kilos de nourriture.

Désormais, les supermarchés disposant d'une surface supérieure à 400 mètres carrés seront tenus de conclure, avant le 1er juillet 2016, une convention avec l'une des associations habilitées à redistribuer leurs invendus. Le manquement à cette obligation "est puni de l'amende prévue pour les contraventions de troisième classe".

Javellisation proscrite

En outre, "sans préjudice des règles relatives à la sécurité sanitaire, (les distributeurs du secteur alimentaire, Ndlr) ne peuvent délibérément rendre leurs invendus alimentaires impropres à la consommation (...)", souligne le texte. Des procédés tels que la javellisation sont, du moins en France, dorénavant proscrits.

Le sujet provoque toujours des remous du côté des distributeurs, dont certains arguent qu'ils fournissent déjà une bonne part des aliments redistribués aux associations. Michel Edouard Leclerc, patron de l'entrepris qui porte son nom, a d'ailleurs publié une note à ce propos sur son blog le 22 mai. A propos de la javellisation, il écrit:

C'est très bien, nous sommes pour. Mais au-delà de l'émotion que suscite une telle action, qui a cherché à évaluer le nombre de magasins qui la pratiquaient encore en 2015 ? Pratiquement plus personne ne détruit volontairement des produits encore consommables !

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Commentaire 1
à écrit le 28/05/2015 à 19:03
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De notre naturel modestie, je suggère donc que Monsieur étend aussi son action à l'Univers entier, il pourrait même faire partie des premier arrivés sur Mars, sur Vénus.....sans gaspillage, bien entendu.

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