Les Galeries Lafayette tournent une page à Belle Epine

Le groupe de grands magasins détenu par la famille Moulin a confirmé la fermeture de deux adresses : à Thiais (Belle Epine) et Béziers. Le sort d’une autre boutique à Lille reste incertain. Retour sur l’histoire mouvementée de l'enseigne de Belle Epine, dans l’un des plus grands et plus vieux centres commerciaux de France.
Dans le magasin du boulevard Haussman à Paris, les touristes représenteraient 40% du chiffre d'affaires des Galeries Lafayette.

Belle Epine, porte principale. Sur une scène montée pour l'occasion, le groupe Kyo tout juste reformé donne un mini-concert pour des client(e)s brandissant leurs smartphones. Klépierre, promoteur immobilier de ce centre commercial géant - l'un des plus grands d'Île-de-France -célèbre ce 2 avril 18 mois de rénovatio. Derrière le buffet de petits-fours qui fait face à leur vitrine, les employés des Galeries Lafayette n'ont pas trop le cœur à la fête. Deux jours plus tôt, ils ont en effet appris que leur boutique allait fermer ses portes d'ici la fin de l'année.

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"Pas vraiment une surprise"

"Je l'ai appris dans ma voiture, à la radio, mais ce n'était pas vraiment une surprise. Il y avait des bruits qui circulaient", raconte une vendeuse à l'habillement. Concernant le sort des employés, les discussions entre la direction et les partenaires sociaux ne font que commencer. "Certains seront reclassés et pour les autres, ce sera le licenciement économique", confirme une autre vendeuse un étage plus haut. Une démonstratrice ajoute :

 "Pour nous, ce sera plus facile puisque nous sommes une ou deux par marques. Ce sera sans doute plus compliqué pour les autres employés".

En tout, 127 employés des Galeries Lafayette et 70 démonstrateurs seraient sur la sellette dans ce centre commercial situé à Thiais près du marché international de Rungis (94). Pourquoi cette fermeture ? "Il y avait du trafic, oui, mais qui n'achetait pas forcément", avance une autre employée.

De fait, le trafic de Belle Epine figure parmi les plus élevés de France avec 17 millions de visiteurs annuels revendiqués par Klépierre. Comme d'autres centres commerciaux, son propriétaire a voulu lui donner coup de jeune, en installant des œuvres d'art numériques, des écrans, un point de retrait de colis et des outils de géolocalisation un peu partout dans ses allées.

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Poher au Sénat, Lafayette à Belle Epine

De quoi tenter de redonner un nouveau souffle à ce centre ouvert en 1971. A l'époque, les Galeries Lafayette y avaient déjà un magasin. Attirer une telle enseigne représentait une victoire pour ce lieu de consommation d'un nouveau genre, alors flambant neuf.

"L'arrivée des grands magasins (Galeries Lafayette, BHV) dans les centres commerciaux correspond à une époque où il y a eu une convergence entre une industrie de l'immobilier commercial naissante  - et inspirée par le modèle américain qui place des grands magasins dans les centres commerciaux -  et une volonté des enseignes de grands magasins de se diversifier à l'extérieur des centres-villes" rappelle Alexandre Coulondre, chercheur en sciences sociales à l'Université Paris-Dauphine spécialiste de l'immobilier, de la consommation et des territoires.

L'enseigne multimarque créée à la fin du XIXe siècle est restée à Belle Epine jusqu'en 1985. Plus tard, le BHV a investi les lieux avant que sa maison-mère, le groupe Galeries Lafayette ne le ferme en 2006. "Il fonctionnait plutôt bien, mais les frais fixes étaient très élevés", se souvient une ancienne cadre du Bazar de l'Hôtel de Ville.

Click and collect

Le grand magasin se réinstalle alors à Belle Epine, s'octroyant l'une des plus vastes surfaces commerciales du centre avec des sorties donnant directement sur le parking.  Plus tard, de nouveaux services y sont mis en place, telles que le "click and collect", qui permet d'acheter en ligne avant de retirer un produit en magasin. En 2013, tout juste nommé à la branche Grands Magasins du groupe dirigé par son père, Nicolas Houzé confie aux Echos :

"Sur la soixantaine de ces boutiques [du groupe], une dizaine ont des problèmes de rentabilité » mais aussi que « Le groupe pourrait les fermer mais ça n'est pas la stratégie. L'idée ça va plutôt être d'essayer de les relancer en jouant la carte de la complémentarité avec le web."

A Belle Epine, cela n'aura donc pas suffit. Reste que l'option centre commercial n'appartient pas forcément au passé des Galeries Lafayette puisque plusieurs projets d'ouvertures dans ces espaces y sont prévus. A l'étranger, le luxueux Katara Plaza du groupe Ali Bin Ali le qui doit ouvrir en 2016 au Qatar le comptera par exemple parmi ses locataires. En France, même, l'enseigne doit également être présente à Marseille, dans le centre commercial du Prado.

Le rôle de l'élu local

"L'industrie de l'immobilier commercial doit plutôt être envisagée comme une industrie de l'offre dans laquelle les réalisations dépendent des accords, localement trouvés, entre des enseignes, des promoteurs et des élus locaux - ces derniers sont souvent oubliés mais ils ont aujourd'hui une influence centrale dans le choix des enseignes surtout au moment des projets", indique Alexandre Coulondre.

Lors de l'inauguration des locaux rénovés de Belle Epine, le maire UMP de Thiais, Richard Dell'Agnola commente : "très bientôt d'autres enseignes vont pouvoir s'installer à la place des Galeries Lafayette". Leur départ signerait-il une forme d'échec pour Belle Epine?  " Je crois volontiers que ce centre, l'un des plus grands de France, situé à proximité des transports et où il y a beaucoup de demande sait rester attractif", rétorque l'élu en pleine visite des galeries.

Son guide pour la journée, Laurent Morel, le président du centre, met en avant l'arrivée de nouvelles marques. "Nous avons accueilli des enseignes comme Superdry ou Uniqlo, ce qui démontre que l'emplacement est très demandé", souligne-t-il. Cette dernière, fleuron du groupe japonais Fast Fashion s'est d'ailleurs installée juste à côté des Galeries Lafayette. Parmi les nouvelles "locomotives" de Belle Epine, il faut en outre compter H&M qui y a ouvert sa plus grande enseigne de France. En attendant de nouvelles marques de distribution à très bas prix, comme Primark ?

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Commentaires 2
à écrit le 11/04/2015 à 20:27
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Mr MAX et BADER doivent se retourner dans leur tombe, après MONOPRIX partie chez Casino(dommage) maintenant c'est autour des GL

à écrit le 11/04/2015 à 10:22
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la fermeture des magasins c'est le reprise selon hollande et la valseuse.

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