Bonomi hors course, Fosun a le champ libre. Le conglomérat chinois ainsi que ses alliés ont surenchéri fin décembre dans le cadre de l'OPA sur le Club Méditerranée. Leur offre valorise l'entreprise près d'un milliard d'euros. Ce groupe réunit via le véhicule Gaillon II, le Français Ardian, la compagnie d'assurance portugaise Fidelidade, contrôlée par Fosun et le Chinois U-Tour, l'une des principales agences de voyage en Chine, qui distribue des séjours Club Med ainsi que le Brésilien Nelson Tanure.

 La bataille pour la prise de contrôle du groupe a duré 20 mois. Début décembre, Henri Giscard d'Estaing, le PDG du spécialiste français des clubs de vacances qui a plusieurs fois affiché sa préférence pour l'offre chinoise, a indiqué en être "à un stade où cette opération commence à avoir un impact significatif sur l'entreprise."

A quelles transformations faudra-t-il s'attendre si l'offre du consortium est validé - ce qui est désormais fort probable? Revue de détails.

Développement à l'étranger

Dans son projet, Fosun vise un développement en Chine présenté comme l'un des marchés les plus prometteurs en raison de la croissance de sa classe moyenne. Dès 2010, alors actionnaire, le conglomérat chinois indiquait son intention de faire de ce marché le deuxième pour le Club Med.

Avec son partenaire brésilien Nelson Tanure à la tête du le conglomérat Docas Investimentos, censé prendre jusqu'à 20% du capital de Gaillon II, soit environ 10% du Club Med, il compterait également étendre ses activités en Amérique du Sud. Docas Investimentos est déjà partenaire du Club Med au Brésil De possibles projets sont évoqués en Colombie notamment.

Ailleurs, des discussions ont lieu avec "d'autres partenaires régionaux, y compris en Europe et en Amérique du nord", dont certains pourraient éventuellement entrer au capital, indique l'AFP.

Montée en gamme

Le Club Med a engagé depuis plusieurs années une montée en gamme de ses établissements pour contrer notamment les offres "all inclusives" pratiquées par ses concurrents des gammes hôtelières moyennes. Le but: augmenter les prix et accroître les marges. Dans ce cadre, le groupe s'est fixé comme objectif d'atteindre 75% de sa capacité hôtelière en 4 et 5 Tridents (classement interne des clubs) d'ici fin 2015.

Cela s'est traduit par la fermeture de villages qui ne correspondaient pas aux critères de la direction, à des rénovations et à l'ouvertures d'autres centres de vacances "premiums".

C'est pour soutenir la poursuite de ces développements que la direction du Club Med cherche un nouvel actionnaire majoritaire.

Redresser la barre

Cette stratégie, pour l'instant, ne se révèle que relativement concluante. S'il est quasiment parvenu à atteindre l'objectif de trois quarts de clients pour ses offres les plus haut-de-gamme, le chiffre d'affaires du groupe a reculé de 1,9% à 1,38 milliard d'euros par rapport à l'année précédente. Et son résultat net avant impôts et éléments non récurrents a chuté de 14,9%. Sa dette nette se réduit, mais elle atteint encore 63 millions d'euros.

Crainte des syndicats

Début octobre, le comité d'entreprise a émis un avis défavorable concernant l'offre de Fosun, sans pour autant prendre officiellement parti pour Andrea Bonomi. "Nous mettons dos à dos les deux protagonistes en demandant à chacun d'eux de se prononcer sur l'adoption d'une clause sociale", a pour sa part déclaré à l'AFP Etienne Dakiche, délégué central FO.

Le principal syndicat du groupe a en particulier fait état de ses craintes concernant l'emploi dans le cas où Fosun l'emporterait. "Le niveau de décision de l'entreprise sera, contrairement au précédent projet, contrôlé majoritairement par des actionnaires chinois" et "ne se situera de fait plus sur le territoire français", a expliqué le syndicat. Le Club Med compte 23.000 salariés, dont 1.500 en France, selon les représentants syndicaux.

Maintien du siège en France?

Une inquiétude balayée par Henri Giscard d'Estaing qui a répondu début décembre en affirmant au Figaro:

"L'offre de Fosun est ouverte sur le monde, mais Fosun a donné des assurances claires et je serai personnellement le garant du maintien des centres de décision en France. Fosun ne peut investir de tels montants avec ses partenaires que parce qu'il connaît l'importance du savoir-faire français."