ZOOM Le tourisme en trois graphiques : 1,3 million de salariés face au choc du Covid-19

FACE À LA DEUXIÈME VAGUE - ÉPISODE 2. Vaste secteur qui rassemble 1,3 million de salariés en France, le tourisme englobe aussi bien les agences de voyages que les musées en passant par les hôtels et restaurants ou encore les commerces de location de matériel. Au plus fort de la première vague en avril, les hôtels et restaurants ont vu leur chiffre d'affaires s'effondrer jusqu'à -89% par rapport à 2019. Alors que l'été a reboosté certaines activités plus "vertes", la seconde vague - et la crainte des stations de ski de ne pas pouvoir ouvrir - risque d'alourdir le tribut que paye déjà le secteur. Tour d'horizon en cinq questions.
(Crédits : LT)

>> L'épisode 1 : ZOOM L'événementiel face à la crise sanitaire et en trois graphiques

  • Que pèse le secteur du tourisme en France ?

Au croisement de nombreux secteurs, le tourisme en France rassemble les cafés restaurants, les hébergements touristiques, les transports non urbain, les agences de voyages, les commerces de location de matériel, les parcs d'attraction, les casinos, les remontées mécaniques, les musées ainsi que toutes autres activités culturelles, selon l'Insee. La France étant la première destination mondiale depuis plus de 20 ans -  avec plus de 89 millions d'arrivées de touristes internationaux en 2018 - , le secteur est vital pour l'économie tricolore. Le chiffre d'affaires de l'industrie du tourisme représente en effet 4,4% du poids total du chiffre d'affaires réalisé par les entreprises, alors que ces structures appartenant au secteur représentent 7,3% du total des entreprises françaises, selon les dernières données de l'Insee en 2016.

  • Quelles activités dominent le secteur ?

Le secteur du tourisme, largement dominé par les restaurants et cafés, rassemble environ 1,3 million de salariés qui s'attellent à la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel français. Parmi eux, près de la moitié travaille dans les 207.000 restaurants ou cafés recensés par l'Insee, pour un chiffre d'affaires de 59 milliards d'euros en 2016.

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  • Dans quel état de santé le marché du tourisme est-il entré dans la crise ?

Bien que la France soit le pays le plus visité au monde, depuis plusieurs années l'industrie touristique française perd de sa vigueur. «Le tourisme souffre depuis au moins cinq ans. Cela a commencé avec les attentats en 2015. Depuis il y a une succession d'événements - les gilets jaunes et les grèves - qui ont fortement impacté le secteur», explique à La Tribune Christian Mourisard, président de la fédération nationale des organismes institutionnels de tourisme, ADN Tourisme.

La croissance de l'industrie est en effet peu dynamique puisqu'en 2017, les Français ont dépensé 103,7 milliards d'euros dans des activités touristiques en France contre 97,5 milliards en 2011, soit, par an, seulement 1% d'augmentation en moyenne. Néanmoins, sur la même période, les dépenses des non résidents ont augmenté de 11,6%, pour atteindre 64,2 milliards d'euros en 2017, malgré une chute de 5% entre 2015 (année des attaques de Charlie Hebdo et du 13 novembre en France) et 2016.

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  • Certains pans du secteur résistent-ils mieux à la crise ?

Le secteur tout entier a subi l'arrêt brutal de l'activité économique le 16 mars, date du début du premier confinement. La plupart des activités ont été contraintes de s'arrêter, et pour les rares qui avaient l'autorisation administrative de rester ouverts (les hôtels notamment), de nombreux établissements ont cessé toute activité, faute de clients. Au plus fort de la crise, au mois d'avril, le chiffre d'affaires de l'hôtellerie de plein air (camping, parc résidentiel, etc.) chutait de 70% par rapport au même mois l'an passé tandis que l'activité de l'hôtellerie "traditionnelle" et les restaurants étaient à -89% de chiffre d'affaires par rapport à avril 2019. «Au global, on a perdu entre 40 et 60 milliards d'euros, et encore ces chiffres ont été avancés en septembre lorsque l'on pensait qu'on allait avoir une belle fin de saison», souligne Christian Mourisard. 

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Toutefois, malgré l'hécatombe, la crise a profité à un marché de niche : celui de l'itinérance. « Le tourisme de l'itinérance que l'on appelle douce - non motorisée - a connu un boom notamment cet été. Les acteurs du vélo ont profité de cet essor, ainsi que certains hébergements et restaurants, souvent plus petits que les grands groupes », explique Christian Mourisard.

De plus, « les stations balnéaires dans l'ensemble ont bien marché cet été. Sur juillet et août, certaines zones ont même fait mieux qu'en 2019 ! », affirme-t-il. 

L'hôtellerie de plein air était en effet à seulement 1% de moins de chiffre d'affaires qu'en 2019, selon les chiffres de l'Insee. En particulier, au mois de juillet, la fréquentation des résidents dans l'hébergement touristique marchand est revenue au niveau de juillet 2019, souligne l'institut.

Mais dès du 15 août, la mise en place de la quarantaine par le gouvernement britannique pour les voyageurs provenant de France a douché l'espoir d'une belle fin de saison pour les acteurs du tourisme. «On peut regretter qu'il n'y ait pas eu de consensus sur les pays européens», estime par ailleurs Christian Mourisard.

  • La deuxième vague sera-t-elle plus grave que la première pour le secteur ?

Mais cette décision britannique n'était qu'une prémisse de la dégradation de la situation. « Dès le mois de septembre, beaucoup de réservation ont été annulées. En octobre, cela s'est accéléré, tout a été annulé », affirme le président de la fédération.

Cette deuxième vague - et le reconfinement mis en place depuis le 29 octobre - est considérée comme le coup de grâce par les professionnels du secteur. « Pour le premier confinement, nous étions en état de choc mais nous avions encore confiance. Avec ce deuxième confinement, l'état d'esprit a changé, nous avons beaucoup moins confiance en l'avenir. Je ne suis par exemple pas optimiste sur la saison touristique en montagne, il n'y a pour le moment pas de réservation. Sans trésorerie en béton, cela sera impossible pour un grand nombre d'acteurs de sortir la tête de l'eau », conclut-il.

Les acteurs du tourisme en montagne sont toujours dans l'incertitude. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a invité dimanche 15 novembre, sur Radio J, les stations de ski à embaucher leurs 120.000 saisonniers - quitte à demander ensuite du chômage partiel. Il encore «trop tôt» pour confirmer la réouverture, a toutefois précisé la ministre.

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2020 à 9:31
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Il faut avouer que pour éviter une contamination quelconque via les stations de ski cela semble tout simplement impossible les gens y étant toujours amassés quelque part sauf en skiant qui ne dure pas le plus longtemps...

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