La responsabilité d'Alstom dans l'accident du métro de Shanghai semble écartée

Après avoir accusé Casco, le joint-venture du groupe français qui a fourni le système de signalisation, l'opérateur de la ligne assure que l'accident provient d'une coupure électrique et d'une erreur humaine.
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L'enquête n'en est qu'à son début, mais on respire mieux chez Alstom depuis le communiqué, mercredi en début de soirée (heure locale), de Shanghai Shentong Metro, l'opérateur de la ligne 10 de métro sur laquelle est intervenue la veille une collision entre deux rames, faisant 281 blessés. Car en affirmant que la catastrophe avait été causée, non pas par un dysfonctionnement du système de signalisation, mais par une coupure de courant et une erreur manuelle, le communiqué semble dédouanner Casco, l'entreprise qui a conçu le système de signalisation, un joint-venture détenu à parité par Alstom et l'entreprise d'État chinoise CRSC (China Railway Signal & Communication Corp.) Car, jusque-là, la responsabilité de Casco était immédiatement pointée du doigt. Dans une conférence de presse organisée dans la foulée du drame, mardi après-midi, Yu Guangyao, le président de Shanghai Shentong Metro, avait en effet directement mis en cause le matériel de Casco. Ce dernier est en service depuis une trentaine d'années et a la charge de plusieurs systèmes de signalisations de métros en Chine.

La presse et la communauté Internet n'avaient pas tardé à réagir. Les éditoriaux et commentaires qui circulaient étaient sanglants vis-à-vis de Casco qu'ils rendaient entièrement responsable de l'accident. Une mise en cause accentuée par une information de l'agence officielle Xinhua qui l'a accusé d'avoir fourni le système de signalisation responsable de l'accident de train de Wenzhou en juillet (40 morts officiellement) qui avait secoué l'opinion publique et remis en cause les efforts chinois pour se doter du plus grand réseau de trains à grande vitesse du monde.

Incidents mineurs

« Combien de fois la signalisation de Casco va-t-elle défaillir ? » pouvait-on lire mercredi matin en une du très influent « Shanghai Securities News ». La presse est également revenue sur deux autres incidents mineurs intervenus ces derniers mois impliquant également le joint-venture.

Alstom, de son côté, dément formellement tout lien avec l'accident de Wenzhou. « Casco n'a jamais participé à aucun projet en lien avec les TGV. L'entreprise s'occupe exclusivement du matériel de métro », a déclaré à « La Tribune » Dominique Pouliquen, président d'Alstom Chine. Et concernant l'accident du métro de Shanghai, « la principale cause n'a pas de lien avec le système de signalisation. Casco ne peut être tenu pour responsable », selon Philippe Kasse, un porte-parole du groupe français à Paris, interrogé par l'agence Bloomberg.

Comme l'a confirmé à « La Tribune » un proche du dossier, c'est une coupure de courant qui a arrêté le fonctionnement du système de signalisation. La prise de secours, qui doit relancer le système électrique, n'a pas fonctionné et l'opérateur a alors pris la décision de continuer le fonctionnement de la ligne en mode manuel. Concrètement les rames étaient pilotées de façon non automatisée. « Le personnel n'a pas strictement appliqué les règles à suivre, conduisant à l'accident », a précisé l'opérateur. Selon nos sources, les conducteurs des rames étaient à l'instant de l'accident guidés par téléphone.

« On peut se demander pourquoi un métro opérant en mode manuel roulait à cette vitesse. Certains critères de vitesse et de distance entre les rames de métro doivent être respectés dans ce cas », explique cette source.

 

Un groupe bien implanté en Chine

Alstom Transport est présent en Chine depuis les années 1980. Il emploie environ 1.700 personnes et est présent tant dans la signalisation que dans la fourniture de matériel roulant : train et métro. L'entreprise est en activité dans toute la Chine à travers plusieurs joint-ventures dont Casco, fondé en 1986, mais aussi Satee (matériel de transport) ou encore Satco qui construit des rames de métro pour Shanghai et Nanjing. L'année dernière, Alstom a signé plusieurs accords avec le ministère des Chemins de fer chinois dans le but de former des partenariats et répondre à des offres à l'international. Ces accords étaient censés clôturer définitivement la période noire d'Alstom Transport après les propos en 2009 de son ancien président Philippe Mellier qui accusait la Chine de vol de technologie.

 

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Commentaires 3
à écrit le 29/09/2011 à 14:23
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ils veulent de la qualité a bas cout, cela n'est pas possible. Alstom France et Alstom sont 2 entreprises bien différentes....qui fabriquent des produits bien différents avec des niveaux de fiabilité et sécurité acceptable pour les chinois, mais qui ...

à écrit le 29/09/2011 à 13:21
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Ils sont tres forts ! Ils ont tué dans l'oeuf la rumeur en la ballancant chez leur partenaire. Des états ont deja joué de cette arme de communication pour lancer des guerres...

à écrit le 29/09/2011 à 9:05
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Il faudrait qu'ils essaient d'avoir des réseaux électriques prioritaires (métro, TGV, hôpitaux) avec garantie zéro coupure. Du moins des systèmes de sécurité secourus, en doublon, ... S'il y a un accident à chaque coupure, ça fait des dommages inutil...

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