Les ferries de SeaFrance bientôt vendus aux enchères

La SNCF, ex-maison mère de SeaFrance, n'entend pas s'asseoir sur sa créance de 70 millions d'euros. D'où l'idée d'une vente aux enchères en vue d'améliorer les offres du premier appel d'offres.
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L'hypothèse d'une vente des navires de SeaFrance à la barre du tribunal se confirme, selon une source proche du dossier, jointe ce jeudi par "latribune.fr". L'officialisation de cette vente judiciaire par le liquidateur Maître Gorrias pourrait avoir lieu vendredi 1er juin. Après l'appel d'offres de mai, ce "deuxième tour" est destiné à améliorer les offres de rachat des navires du point de vue du liquidateur. Ce dernier veille sur les intérêts des créanciers depuis la liquidation de la compagnie de la SNCF en janvier 2012 avec 880 salariés en France.

Le montant de ces créances cumulées s'élève à environ 150 millions d'euros, or les prix proposés à l'issue de l'appel d'offres du mois de mai ne lui permettent pas de couvrir toutes les créances, dont celle prioritaire de la SNCF de 70 millions d'euros au titre de "l'aide au sauvetage" en 2011. Le "prix plancher" fixé pour cette vente aux enchères pourrait être de l'ordre de 65 millions d'euros, c'est-à-dire le prix proposé par Eurotunnel lors du premier appel d'offres pour la reprise des actifs de SeaFrance. Des sources concordantes indiquent que l'ensemble des créances ne pourra cependant pas être couvertes par cette vente judiciaire. La SNCF pourrait donc finalement laisser des plumes dans ce dossier. Bien qu'elle n'entend pas s'asseoir sur sa créance, certains estiment qu'elle "fera en sorte que les petits créanciers puissent récupérer leur part de la créance"

Eurotunnel a fait une offre deux fois plus faibles que prévue

Rappel des résultats de l'appel d'offres : Eurotunnel, exploitant du lien fixe transmanche, avait fait la meilleure offre à 65 millions d'euros, légèrement supérieure à celle de l'alliance entre le français Louis-Dreyfus Armateurs et le danois DFDS, qui exploite déjà deux ferries sur Calais-Douvres (avec 300 salariés dont 230 ex-SeaFrance). Le suédois Stena, qui n'est pas présent sur le Détroit du pas de Calais, avait de son côté proposé 30 millions d'euros pour l'achat du seul Rodin. L'offre d'Eurotunnel avait surpris les observateurs car elle était deux fois plus faible que celle annoncée jusque là par le PDG de l'opérateur du tunnel sour la Manche, Jacques Gounon.

En présentant à la presse le 1er mars 2012 les résultats de l'exercice 2011, Jacques Gounon avait en effet précisé qu'Eurotunnel était "capable de payer cash les trois navires Berlioz, Rodin et Nord Pas de Calais pour un montant de 120 à 150 millions d'euros" ("latribune.fr du 1er mars 2012). Pour mémoire, le projet d'Eurotunnel repose sur un montage avec une société d'investissement (Eurotunnel), qui achèterait les navires et les louerait à une "structure d'exploitation". Dans le cas d'espèce, la structure aurait la forme juridique d'une SCOP, constituée d'anciens salariés de SeaFrance et qui serait adossée à une structure commerciale distincte.

Le nouveau ministre Frédéric Cuvillier pas favorable à la SCOP

S'il n'est pas censé intervenir dans un dossier judiciaire, le nouveau ministre socialiste délégué aux Transports et à l'Economie maritime, Frédéric Cuvillier, interrogé dans le cadre d'une interview accordée au "Marin" sur le projet de la SCOP, juge, semble-t-il, cette piste peu crédible sur le plan économique. "Je pense que la suite à donner dans cette affaire, qui est entre les mains du liquidateur, doit prendre en compte à la fois la plus-value sociale des offres ainsi que leur crédibilité dans un marché tendu. On ne doit ni déstabiliser le marché, ni prendre le risque de se retrouver avec un nouveau SeaFrance dans deux ans. Rien ne serait pire pour la cause de l'économie sociale et solidaire qu'une reprise qui ne se trouve pas, au final, être durable ni pérenne".  Voilà qui devrait aller droit au c?ur de P&O, qui exploite six ferries, dont deux géants tout neufs, sur Calais/Douvres. Le britannique s'est dit prêt à attaquer Eurotunnel à Bruxelles pour abus de position dominante si Eurotunnel mettait son projet à exécution.

Le dossier SeaFrance qui avait déjà pimenté la campagne présidentielle pourrait aussi animer la campagne des législatives (la Tribune.fr 29 mai). Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche dans le Pas-de-Calais contre Marine Le Pen doit tenir un meeting à Calais ce jeudi 31 mai. C'est un défenseur de la SCOP des ex SeaFrance, comme le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et le ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, Benoit Hamon, qui avait pris deux "actions" SCOP avant sa nomination au gouvernement.
 

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Commentaires 13
à écrit le 31/05/2012 à 18:50
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Et Mr Eudes Riblier dans tout ça il ne serait pas un petit peu responsable!!! C'est ce que semblait conclure un rapport de la cours des compte au niveau de la "gestion" courante. Par ailleurs voila ce qui arrive lorsque les investissements (achats ...

à écrit le 31/05/2012 à 17:07
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FRANCE fut torpillé par le Ministère des Finances et les syndicats : refus de licence de casino, emploi de personnel hôtelier sous statut autre que marine marchande Mutinerie de l'équipage, syndicats politicards, 5 ans à pourrir au Havre L?armateur ...

à écrit le 31/05/2012 à 14:38
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Ont peut dire merci au syndicat majoritaire de l'époque, c'est grace à lui qu'ont en est là aujourd'hui.

à écrit le 31/05/2012 à 13:50
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avant les élections présidentielles, il y avait plein de promesses dc bcp d'espoirs pour les salariés de sea france . Les socialistes sont passés , ils se sont dit c bon, rassurés et je vois qu'ils ne sont pas mieux que les autres maintenant qu'ils...

à écrit le 31/05/2012 à 13:45
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la gauche va demander aux marins de rembourser tout ce qu'ils ont fauché pendant des années ?

le 31/05/2012 à 13:59
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la critique est facile lorsque l'on est pas ds de telle situation. La plupart de ceux qui critique font pire que les idées qu'ils osent avancées !!!! Et puis biensûr il y a tjrs ces petits jaloux qui se disent ah et bien les primes ça y va mais à...

le 31/05/2012 à 14:32
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pas de solidarite envers les organisateurs de faillitte ......suite a une telle gestion ....cependant beau cadeau aux concurents les concurents

le 31/05/2012 à 14:36
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Ils n'auront pas assez de toute leur vie pour rembourser.

le 31/05/2012 à 18:06
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ils ont coulés leur societé ,maintenant ils seront assistés,qui voudrat encore les embaucher

le 31/05/2012 à 21:59
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Avec ce que les syndicats et certains salariés ont piqué pendant tant d'années, "ils" pourraient presque se payer un des ferry. "Ils" veulent une scop, mais que ce soit l'état ou les collectivités qui la paye, mais pas eux bien sur !!! sur leurs deni...

à écrit le 31/05/2012 à 12:17
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la scop, c'etait le projet ou il leur fallait 15 millions tous les mois pour boucler le budget, c'est ca?

à écrit le 31/05/2012 à 11:33
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Encore un dossier qui se terminera en eau de boudin.

le 31/05/2012 à 15:45
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aux frais des contribuables

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