Un tracteur d'avions "révolutionnaire" ... et "made in France", entre en piste

Le groupe français TLD a mis au point un tracteur d'avions intelligent, baptisé TaxiBot, qui fonctionnera moteurs de l'appareil éteints et permettra aux compagnies d'économiser au moins 8% de carburant. Fait pour le moins inhabituel : pour sa fabrication, une nouvelle usine va voir le jour en France, en Touraine.
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Dans quelques jours, le premier exemplaire du TaxiBot quittera l'usine de Montlouis, près de Tours, pour l'aéroport de Francfort et les hangars de Lufthansa. Avec ce nouveau tracteur d'avions considéré comme « révolutionnaire », TLD « joue gros », comme l'explique Valentin Schmitt, directeur général de la division Europe de ce groupe : « Nous avons investi près de 8,5 millions d'euros en R&D et allons injecter 10 millions dans une unité de production au sud de Tours pour construire ce tracteur. »Avec déjà 50 commandes enregistrées pour 97 millions d'euros, TLD ache donc un « optimisme serein ». Le groupe Alvest-TLD est relativement atypique : « Nous sommes français de souche, mais mondiaux par ambition », insiste Jean-Marie Fulconis, PDG de l'équipementier qui compte six usines en Amérique du Nord, en Chine et en France avec plus de 1300 salariés pour 400 millions de dollars de chiffre d'affaires.

Une économie annoncée d'au moins 8% de carburant
Spécialisé dans les équipements d'assistance aéroportuaires, TLD est d'abord le leader mondial des tracteurs d'avions. Avec le TaxiBot, l'entreprise va franchir une étape supplémentaire en s'insérant dans un partenariat noué entre IAI (Israel Aerospace Industries) et Airbus. « Nous allons révolutionner le marché et prendre une longueur d'avance sur nos concurrents avec ce semi-robot », insiste Valentin Schmitt. Aujourd'hui le « taxiing » - déplacement des avions entre la piste d'envol et la porte d'embarquement - est assuré par des trac-teurs conventionnels. Mais ce tractage suppose que les moteurs des avions restent allumés, avec une forte consommation de carburant. Le TaxiBot change cette logique : le tracteur sera désormais dirigé depuis le cockpit par le pilote de l'avion, dont les moteurs seront éteints. « Les gains seront considérables, prédit Valentin Schmitt, avec économies de fioul, de bruit, d'émissions de CO2. » Avec une économie annoncée d'au moins 8% de carburant, le retour sur investissement de ce tracteur vendu près d'un million d'euros est estimé à seulement un an.

Un hybride doté de l'intelligence des drones

Ce tracteur « intelligent » repose en partie sur l'électronique d'IAI, le leader mondial des drones. « Il fallait intégrer cette intelligence dans nos grosses machines, souligne Valentin Schmitt, c'était le point le plus sensible car cela nécessitait de modifier nos tracteurs. » Un groupe de R&D de 100 personnes a été constitué entre TLD, Airbus, IAI et l'anglais Ricardo pour élaborer l'engin. Dans ce partenariat, IAI apporte donc son intelligence, Airbus son crédit d'image et TLD - qui a obtenu une exclusivité de production de dix ans - sa capacité à élaborer des machines de grande puissance.
Pour une sécurité totale - celle applicable aux avions et non plus aux tracteurs -, le TaxiBot devait aussi embarquer des doubles systèmes de traction ou de commandes capables de faire face à deux pannes simultanées.

Premier client : la Lufthansa
Mais le tracteur doit aussi répondre aux injonctions du pilote en 120 ou 150 millisecondes, ce que les tracteurs diesels conventionnels sont incapables de faire. Une chaîne hybride diesel-électrique a donc été mise au point et équipera la machine.
Pendant plusieurs mois, des tests ont été menés à l'aéroport de Châteauroux avec une certification attendue cette année. Mais, par anticipation, Lufthansa pourra utiliser ses deux nouveaux tracteurs dès le printemps. « C'est bien, même si nous aurions aimé qu'Air France s'engage sur ce projet français à vocation mondiale, porteur de développement et d'export », tempère Valentin Schmitt.
Premier client, Lufthansa souhaitait que l'unité de production consacrée au TaxiBot s'installe en Allemagne. « C'était tentant avec des coûts de production inférieurs à ceux de la France, explique le directeur général, mais nous avons résisté pour que cette unité voie le jour en Touraine. »L'usine, basée à Sorigny (Indre-et-Loire), ouvrira donc en 2014 avec la création d'une centaine d'emplois. Grâce à la mutualisation des moyens des deux unités de TLD en Touraine et à une organisation proche de celle de l'industrie automobile avec des achats dans le monde entier de pièces qui sont assemblées à Sorigny, la production reste compétitive en France. Cette organisation permet de ramener les coûts de main-d'?uvre à moins de 7% du prix de revient total des tracteurs. « Mais ne nous voilons pas la face, insiste Valentin Schmitt, les charges de structure et de personnel pèsent encore trop lourd. »

Deux cents commandes attendues chaque année

Pour l'heure, des loueurs ont passé une cinquantaine de commandes, et la plupart des grandes compagnies aériennes sont venues assister aux essais de Châteauroux. La nouvelle usine de Touraine mise sur 200 commandes par an. Pour accompagner cette montée en charge, TLD peut compter sur un nouveau tour de table financier. Propriété d'Axa Private Equity et d'Equistone (le management possède 25% du capital), TLD vient de passer dans le giron du fonds LBO France. « C'est pour nous une nouvelle source de financement de notre développement, se réjouit Valentin Schmitt. Et c'est surtout la preuve que les investisseurs croient en notre entreprise et dans notre produit révolutionnaire. »

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Commentaires 24
à écrit le 24/10/2016 à 10:06
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Pour formation Tld aironeautique

à écrit le 16/03/2013 à 19:04
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http://www.iai.co.il/35095-39730-en/Groups_Military_Aircraft_Lahav_Products_TaxiBot.aspx

à écrit le 12/03/2013 à 9:27
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TLD : Teleflex Lionel Dupont : encore une affaire qui est sortie de la bourse il y a quelques années. Parce que celle-ci ne faisait pas son boulot.

le 12/03/2013 à 17:23
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elle ne fait pas son boulot ? Juste inventer un produit innovant, et engranger 97 millions d'euros de commandes ? Plaignez-vous ailleurs !

le 13/03/2013 à 11:21
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Lisez bien : "Parce que celle-ci ne faisait pas son boulot." Celle-ci... La bourse...

à écrit le 11/03/2013 à 16:44
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Belle réalisation dans une région qui manque d'emplois. Et si il y a économies de carburants les riverains seront contents pour un peu moins de bruit et de pollution. Un plus si le véhicule devient un jour totalement électrique.

à écrit le 11/03/2013 à 12:01
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Dans quel aéroport les tracteurs actuels sont ils utilisés pour conduire les avions moteurs allumés jusqu'aux pistes? Perso j en connais aucun, cet article est étrange! Quel est le but de ces nouveaux drones tracteurs? Tirer les avions jusqu au seuil...

à écrit le 10/03/2013 à 18:26
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Une usine de production en France c'est assez rare et c'est formidable pour tout le monde;souhaitons seulement que les syndicats ne détruisent pas cette usine

le 17/03/2013 à 16:23
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"Une usine de production en France c'est assez rare" : on croit rêver... Malgré nos immenses difficultés, nous restons la 5ème puissance industrielle mondiale, et la 2ème européenne.

à écrit le 09/03/2013 à 22:35
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C'est toujours amusant de voir ce que devient son ancien chef ... Je suis tombé dessus par Hasard. Parmi mes anciens chefs, ce ne fut certainement pas le pire. Il y a quelques années, il bossait dans une entreprise de meubles de bureaux (Samas), qu...

à écrit le 09/03/2013 à 17:54
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Suis un peu hors sujet mais ce n'est pas dans le fret ferroviaire qu'on verrait de telles innovations. si le Montebourg plutôt que de soutenir artificiellement une industrie automobile en surcapacité, finançait la modernisation du fret feroviaire, c'...

le 11/03/2013 à 11:32
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tout à fait d'accord avec vous . Le candidat Mitterand avait promis de développer le fret et de réduire le transport routier. Qu'a t-il fait? Et les suivant qu'ont-ils fait contre le lobby des transports routiers, couteux et polluant. Bon s'attaquer ...

à écrit le 09/03/2013 à 4:12
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Est-ce qu'il vole?

à écrit le 08/03/2013 à 17:14
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Encore des mauvaises langues ! Jaloux d'un succès made in France ?

à écrit le 08/03/2013 à 15:57
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Les tracteurs ne servent qu'à repousser les avions de leur parking, certainement pas pour les tracter au seuil de piste, c'est un peu n'importe quoi cet article, et comme sur long courrier les avions ne consomment pour le roulage que 600 kg de kérosè...

le 16/03/2013 à 23:04
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Complètement d'accord ridicule l'article, le tracteur communiqué avec la tour????et assure le service abord aussi....

le 17/08/2013 à 23:45
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Si vous lisiez correctement et vous documentiez un peu ça serait mieux. Les tracteurs repoussent les avions de leur parking actuellement c'est vrai. MAIS ce tracteurs vise a les tirer jusqu'à la piste de décollage. Le taxiage est actuellement effectu...

à écrit le 08/03/2013 à 9:53
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Gadjet! pendant le roulage en plus de gérer la check list départ, les communications avec la tour, il faudra que les pilotes conduisent le tracteur et gèrent le démarrage des moteurs... y'en a qui vont brouter l'herbe..

à écrit le 07/03/2013 à 22:08
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Il n'y en a pas qui se disent que le drone remplacera un chauffeur HUMAIN, à terme ? Que le pilote, son travail c'est de piloter un avion, et pas un tracteur. Cette merveilleuse machine va faire travailler un pilote plus et envoyer les chauffeurs de ...

le 12/03/2013 à 13:03
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à condition que la production soit locale... Car la maintenance ne permet pas de compenser les postes perdus... Sans production locale, la fabrication c'est 0 emploi et 0 sous-traitance. Et s'il y a sous-traitance, il n'y a plus maintenance...

à écrit le 07/03/2013 à 17:29
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Hé bien au moins ils s'en sortent bien de leurs projets. Créations // Financement // Ventes etc.. Ils ont reçus +50 commande ça commence bien en France dis donc.

à écrit le 07/03/2013 à 16:16
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c'est étrange de juger étonnant l'a création d'une usine en France dans votre introduction. Qualité de la main-d'oeuvre, compétences industrielles et organisationnelles, qualité de la R&D, il y a plein de bonnes raisons d'ouvrir des usines en France....

le 11/03/2013 à 16:39
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petit alinéa ,pourquoi s'inquiéter d'un syndicat qui n'éxiste pas encore dans cette entreprise, vous devez bien vous douter comment les syndicalistes passent de la cftc à fo puis cfdt et cgt voire sud, ce sont les "bons patrons" qui font les syndicat...

à écrit le 07/03/2013 à 13:47
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Bravo ! Mais évitez d'en parler à montebourde : il trouverait le moyen de détruire le projet

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