Accident SNCF Brétigny-sur-Orge : une première piste privilégiée sur la cause du déraillement du Paris-Limoges

Une pièce de métal défaillante dans l'aiguillage de la voie sur laquelle circulait le train accidenté vendredi en gare de Brétigny-sur-Orge serait à l'origine du déraillement du Paris-Limoges. La SNCF va contrôler 5.000 pièces semblables sur l'ensemble de son réseau.
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Une pièce de métal défaillante dans l'aiguillage de la voie sur laquelle circulait le train accidenté vendredi en gare de Brétigny-sur-Orge serait à l'origine du déraillement du Paris-Limoges, a annoncé samedi un responsable de la SNCF. "Cette éclisse", sorte d'agrafe en acier qui relie deux rails dans un aiguillage, "s'est désolidarisée, elle s'est détachée, elle est sortie de son logement", a détaillé le directeur général des infrastructures, Pierre Izard, après les premiers constats de la nuit de la compagnie. L'éclisse, qui s'est détachée, "est venue se loger au centre de l'aiguillage et à cet endroit elle a empêché le passage normal des roues du train et elle aurait provoqué le déraillement du train", a-t-il précisé.

Dans ce contexte, la SNCF a annoncé le contrôle des 5.000 pièces semblables de son réseau. "La désolidarisation de cette éclisse du rail est l'objet même" des enquêtes judiciaires et techniques en cours, a déclaré le patron de la SNCF Guillaume Pepy. "Nous avons décidé de vérifier les équipements de cette nature sur l'ensemble du réseau et cela commence maintenant", a-t-il précisé. Le chef de l'Etat François Hollande avait assuré vendredi soir que toutes les enquêtes seraient conduites "pour qu'il n'y ait aucun doute sur ce qui s'est produit".

Les enquêteurs à pied d'oeuvre

Des agents du Bureau enquête accident de transports terrestres (BEA-TT) devaient se rendre dès samedi sur les lieux de l'accident ferroviaire meurtrier de Brétigny-sur-Orge pour récupérer les "boîtes noires" du train, examiner les wagons accidentés et les voies, a expliqué à l'AFP son directeur, Claude Azam : "J'ai des enquêteurs qui, dès cet après midi (samedi, NDLR), se rendront sur le lieux pour essayer de voir la cohérence de ce que la SNCF a pu annoncer. Pour commencer notre enquête, nous allons récupérer les bandes ATESS, bande graphique du train, qui nous diront exactement comment le train roulait : vitesse, actions du conducteur (accélération, ralentissement, freinage d'urgence, déclenchement du signal sonore), quand le train a commencé à avoir des avaries, etc. A l'inverse des boîtes noires d'un avion, la bande graphique n'enregistre pas les conversations ni ne filme dans le poste du conducteur. Cette bande graphique est protégée et on arrive toujours à la récupérer dans un accident, même quand la locomotive est endommagée. Ensuite, on va regarder tous les wagons accidentés et observer visuellement les dégradations que les roues, les essieux, etc. ont pu subir. On va prendre des éléments de mesures sur ces différentes pièces pour voir si elles sont dans les normes ou pas. On va aussi faire des investigations sur la voie. Tant qu'elles ne sont pas faites, l'exploitant ferroviaire ne peut pas faire de démontage ou de modification sur les voies. De toutes les manières, il y a des traces qui ne se cachent pas comme ça".

Interrogé sur la durée de l'enquête, Claude Azam a rappelé que les "investigations peuvent être un peu longues. La directive européenne nous donne un an pour faire une enquête. Selon la nature des accidents, on peut être plus au moins rapide, et on peut sortir des rapports intermédiaires". S'agissant de l'éclisse incriminée, il a estimé que si elle a bougé, "il faudra savoir pourquoi elle est sortie de son logement. L'éclisse est vissée. Si elle a bougé, c'est qu'elle s'est dévissée. Il peut y avoir des causes liées aux vibrations du passage d'un autre train, au resserrage; il peut y avoir une pièce qui a cassé, ce qui peut se faire brutalement. Comme un boulon qui se desserre, cela n'est pas détectable immédiatement". Normalement sur les voies ferrées, il y a une tournée visuelle tous les 15 jours assurée par la SNCF en tant que gestionnaire opérationnel. RFF est le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire. Pour réaliser cette gestion au plan opérationnel, il s'appuie sur la SNCF et sur la SNCF Infra.

Six morts

Au total, dans cet accident qui a coûté la vie à au moins six personnes, quatre voitures ont déraillé : deux se sont couchées sur la voie, une s'est trouvée à cheval sur la voie et sur le quai et la dernière est restée debout. Le train comptait sept voitures. C'est l'accident ferroviaire le plus meurtrier depuis la collision en 2008 entre un TER et un car scolaire à Allinges (Haute-Savoie), tuant 7 collégiens. Le responsable du SAMU de Paris, le professeur Pierre Carli, a annoncé samedi matin que le pronostic restait "réservé pour deux blessés" de la catastrophe ferroviaire survenue la veille sur le Paris-Limoges. "Le bilan fait état de deux blessés dont le pronostic est réservé ; les autres blessés, y compris les blessés graves, vont beaucoup mieux aujourd'hui", a-t-il précisé devant la presse, ajoutant que "neuf urgences absolues" et "51 urgences relatives" avaient été recensées. "Il y a très clairement une amélioration de la situation ce matin", a-t-il précisé. Le professeur Carli a précisé que les 51 blessés avaient reçu "des soins légers dans les hôpitaux de proximité". Les neuf blessés très graves, "des polytraumatisés, ont été évacués par hélicoptère". Il a indiqué en outre que "70 personnes avaient été prises en charge par des cellules d'urgence médico-psychologiques". Le responsable du Samu parisien a souligné la bonne "coordination" des secours.

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Commentaires 27
à écrit le 19/08/2013 à 17:37
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je n'ai jamais cru a toutes les conclusions hâtives de la SNCF,je suis convaincu que cette lourde piéce maintenue par 4 sérieux boulons ne s"est désoladirisée d'elle meme,je n'y crois pas.on a délibérément dévissé ces 4 boulons,je ne suis pas le seul...

à écrit le 15/07/2013 à 14:30
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L'éclisse: un morceau qui fait désormais parti de la Dark Side of the SNCF !

à écrit le 15/07/2013 à 13:31
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vérifiez svp et dites nous honnêtement : - les caméras de sécurité de la gare étaient-elles en fonctionnement ou avaient-elle été sabotées ? - quid de la présence de la bande organisée qui a dévalisé les voyageurs, sauveteurs (on voit lors d'un inte...

le 15/07/2013 à 21:43
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Comme vous je suis très perplexe sur l'origine de l'accident. Quant au "pillage",il est minimisé, mais n'y aurait-il eu qu'un seul malfrat, il mériterait une sanction exemplaire... Ou alors notre pays déjà bien mal en point ne mérite plus d'être appe...

à écrit le 15/07/2013 à 12:04
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(je cite une info Fr 24...) « L'aiguillage avait été contrôlé le 4 juillet, selon la SNCF. Une demi-heure avant la catastrophe, un autre train était passé et aucune anomalie n'avait été relevée. Les voitures et la locomotive du Paris-Limoges étai...

à écrit le 15/07/2013 à 10:31
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J'ai du mal à croire à une action malveillante.. et je pense à un mauvais concours de circonstance. Pas si simple de voir des boulons dévissés et le personnel de l'entretien du réseaux ont quand même l'habitude. Cet accident va peut être remettre en ...

à écrit le 14/07/2013 à 20:58
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La SNCF qui enquête sur elle-même et livre ses conclusions deux jours après l'accident. Pour une fois, elle n'est pas en retard !

à écrit le 14/07/2013 à 20:54
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Une éclisse qui se dévisse toute seule et qui s'envole pour atterrir au milieu de l'aiguillage. Quelle coquine !

à écrit le 14/07/2013 à 20:25
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Le PDG de la SNCF assume; Comparons avec le PDG américain de Montréal Maine et je ne sais plus trop quoi au Québec qui rejette la responsabilité sur les pompiers, sur le conducteur, sur les victimes qui n'avaient pas à habiter à Lac Mégantic, etc... ...

à écrit le 14/07/2013 à 17:27
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C'est un rapport de légitime défense. Aucune chance de concorder avec la réalité. Cela ne vient en rien du problème de l'éclisse, c'est une erreur d'un humain. Ce genre d'erreur coûte la vie à des milliers de gens, faute de responsabilité de la part ...

le 15/07/2013 à 12:37
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@ Yves : Je respecte ce que vous dites, mais dire en se terrant que l'aiguillage est vérifié tous les 15 jours ne coûte rien, donc, vous devez en convenir que cela est faux. Contrairement à ce que vous dites, je connais très bien l'Administration. Je...

à écrit le 14/07/2013 à 11:39
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C'est un sabotage mais il ne faut stigmatise aucune communauté. Avec les Socialistes c'est pire que sous l'ex-URSS.

à écrit le 13/07/2013 à 20:40
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D'abord mes condoléances aux familles ... Puis l'histoire de cette accident ne tiens pas la route! Que nous cache t'ont ?....un train qui se détache puis déraille ouais comprend pas! cela me rappelle l'histoire du Concorde une lamelle trouver sur la ...

à écrit le 13/07/2013 à 20:15
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quand nous analysons les éclisses; pour éclater ce type de liaisons ,avec des aciers a très haute teneur je doute , a noter qu'il y en des milliers en FRANCE .....!!!!!!!! les forces de transitions sont très faibles, seule la charge de cisaillemen...

le 15/07/2013 à 14:55
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Même si elle s'était dévissée, comme aurait elle pu se déplacer jusqu'à l'aiguillage car c'est quand même une pièce située sur le coté du rail et donc sous la roue ?

à écrit le 13/07/2013 à 20:03
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Les voies ferrées sont dans les mains du privé, alors ...rentabilité , peut-être ?

à écrit le 13/07/2013 à 19:46
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La CGT Cheminots va nous raconter qu' il n' y a pas assez de personnel à la SNCF et qu' il faut embaucher.........comme d' habitude : comme quoi les transports publics sont moins sûr et plus chers à entretenir que les transports privés !!!!

à écrit le 13/07/2013 à 18:18
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Michel Chevalet donne quelques précisions intéressantes sur ce qu'il s'est passé : http://www.itele.fr/france/video/bretigny-les-explications-de-michel-chevalet

à écrit le 13/07/2013 à 17:51
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Après les attaques de train,les agressions des clients dans un restaurant,les touristes détroussés à Paris lors de la fête du PSG voici les hyènes pour voler les blessés et les morts survenus dans un accident ferroviaire bonjour l'insécurité en Fran...

à écrit le 13/07/2013 à 17:24
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Bonjour, Habitué de la ligne, je peux vous dire que l'on a encore rien vu en matière de gangstérisme. Dans le cas présent, il s'agit encore clairement d'une agression du type "attaque de diligence", comme à Grigny. (Thèse de Jean-Paul Huchon, préside...

à écrit le 13/07/2013 à 16:17
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Comment comprendre que cette pièce d'ordinaire rouillée en profondeur puisse se dévisser toute seule ?...

à écrit le 13/07/2013 à 15:18
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Tous les transporteurs sérieux vous le diront : la sécurité est un combat permanent ! Concernant ce drame lié à l?hypothèse d'une rupture d?éclisse , il faut attendre les différentes enquêtes (interne RFF/SNCF ,Bureau Enquête Accident du Ministère de...

à écrit le 13/07/2013 à 14:52
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ce qui est sur ces qu'il y a des morts et que l'etat actionnaire de la sncf doit prendre ces resposabilite pour toutes les victimes que le pdg lourdement senctionner

à écrit le 13/07/2013 à 14:17
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Catastrophe malheureusement prévisible... Usager du RER C quotidiennement sur la portion Brétigny Paris, de multiples incidents d'infrastructures ont eu lieux ces dernières années ! Sans doute une conséquence directe de l'ouverture du trafic FRET à l...

à écrit le 13/07/2013 à 14:11
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sabotage par ceux la mêmes qui détrousseront peu après les victimes ?

à écrit le 13/07/2013 à 13:55
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J'ai un peu de mal à comprendre comment une entreprise impliquée dans cet accident peut mener sa propre enquête !!! D'autre part, quand l'Angleterre a connue le même type d'accident, nos syndicats ont accusé la privatisation d'être le responsable, ce...

à écrit le 13/07/2013 à 13:08
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On paye 20 ans de sous entretien de ce réseau. Il faut cependant dire que depuis 2 ans de nombreux travaux d'infrastructure ont lieu avec des remplacements de kilomètres de voies (je prends les RER C et D donc je vois les travaux) mais il faudra du t...

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