Un sauvetage d'Alitalia par Etihad serait-il une aide d'Etat déguisée ?

La stratégie de prise de participations capitalistiques en Europe d’Etihad Airways, la compagnie publique de l’émirat d’Abu Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, fait apparaître des contradictions sur la notion d’aides d’Etat en l’Europe. Lufthansa interpelle Bruxelles.
Fabrice Gliszczynski
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La stratégie de prise de participations capitalistiques en Europe d'Etihad Airways, la compagnie publique de l'émirat d'Abu Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, fait apparaître des contradictions sur la notion d'aides d'Etat en vigueur en Europe. Le cas Alitalia, aujourd'hui en discussion avec Etihad Airways pour que celle-ci investisse dans son capital, en interpelle plus d'un dans le monde de l'aérien. La compagnie du Golfe pourrait mettre entre 300 et 400 millions d'euros pour prendre entre 40 et 49% du capital d'Alitalia.

"Si Etihad Airways venait en aide à Alitalia, on se retrouverait dans le cas où l'Europe interdit l'Italie de sauver la compagnie italienne en raison de l'interdiction qui lui est faite de lui accorder une aide d'Etat, mais autorise l'émirat d'Abu Dhabi à le faire, en le considérant comme un investisseur avisé", fait remarquer un dirigeant d'une compagnie aérienne, qui pointe là une contradiction de la réglementation européenne.

Une affaire d'Etat à Etat

Car selon plusieurs proches du dossier, cette affaire entre Etihad et Alitalia  se traite plus d'Etat à Etat entre Abu Dhabi et Rome. Et si Etihad investit dans Alitalia, ce sera plus le résultat d'une volonté de l'émirat de satisafaire les intérêts italiens que la marque d'un enthousiasme débordant des équipes d'Etihad, parmi lesquelles il existe un très grand scepticisme. "La semaine dernière, lors de la visite officielle du président du conseil Enrico Letta aux Emirats, il y a eu des échanges en aparté sur Alitalia", explique-t-on à La Tribune.

Lufthansa voit rouge

"Sur le fond, Lufthansa a raison de se plaindre", explique un député européen. Lundi 3 février, au lendemain de l'annonce d'Etihad et d'Alitalia sur leur entrée dans la "phase finale du processus de vérification en vue d'un possible investissement d'Etihad dans Alitalia", le groupe allemand Lufthansa a dénoncé une forme d'aide d'Etat déguisée.

"Nous refusons les subventions à répétition ainsi que la nationalisation partielle de compagnies aériennes européennes, indépendamment du fait que cela émane d'Etats européens ou d'Etats ou de sociétés publiques en dehors de l'Union européenne", déclare Lufhansa. "Nous appelons la Commission européenne à proscrire de telles tactiques de contournement" des règles de la concurrence, avait ajouté la compagnie allemande.

Autre point qui en interpelle plus d'un en Europe, c'est que Etihad semble prendre les commandes opérationnelles de certaines compagnies dans lesquelles elle investit sans en détenir la majorité du capital.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaire 1
à écrit le 11/02/2014 à 23:53
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Et l'aide de l'état français à Peugeot n'est pas un aide caché c'est sûr mais l'état français a t-il le droit d'apporter cet aide.

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