Vol MH370 : les boîtes noires, des aiguilles dans une botte de foin (Boeing de Malaysia Airlines)

Au regard de l'immensité de la zone de recherches, vouloir capter les signaux des boîtes noires relève de la chance selon un ancien enquêteur du BEA, qui privilégie le géo-référencement des débris, l'études des courants pour délimiter la zone de recherches la plus restreinte possible. Certains experts craignent que l'on ne sache jamais les raisons de l'accident.

La récupération d'éventuels débris du Boeing 777 de Malaysia Airlines devra attendre. Ce mardi, les recherches ont été suspendues pour au moins 24 heures, car les conditions ont été jugées trop dangereuses. La zone de recherches était balayée par des vents violents accompagnés de fortes pluies.

L'annonce ce lundi du premier ministre malaisien affirmant que l'avion s'est bien abîmé dans le sud de l'océan indien ne répond pas aux multiples interrogations entourant la disparition mystérieuse du Boeing 777, qui a brusquement changé de cap, le 8 mars, à mi-chemin entre les côtes malaisiennes et vietnamiennes, une heure après son décollage. L'appareil, dont les systèmes de communication avaient été désactivés (délibérément selon les autorités malaisiennes) a ensuite volé plus de sept heures, à l'opposé de sa destination prévue.

"Une action terroriste, un suicide du pilote et un enchaînement complexe et exceptionnel de pannes mécaniques sont les hypothèses les plus crédibles. Une simple panne, fut-elle importante ou causée par un incendie, parait très peu probable", déclare Gerry Soejatman, analyste indépendant basé à Jakarta.

Immensité de la zone de recherches

Pour tenter de résoudre le mystère du vol MH370, les enquêteurs veulent retrouver les boîtes noires, un véritable défi à l'issue incertaine au regard de l'immensité de la zone de recherches.

"Nous n'essayons pas de trouver une aiguille dans une botte de foin, nous en sommes encore à l'étape de chercher la botte de foin", a déclaré Mark Binskin, chef adjoint des armées australiennes.

Une course contre la montre est lancée pour tenter de capter les signaux de la balise des enregistreurs de vols, qui peut en théorie émettre jusqu'à une vingtaine de jours encore (voire plus).

Avant même l'officialisation de l'accident, la marine américaine a annoncé avoir dépêché un système de localisation de boîtes noires. Ce détecteur a quitté New York par voie aérienne lundi pour Perth où l'équipement sera "prépositionné", selon un responsable américain de la Défense.

Le "système de localisation remorqué" est un engin triangulaire de 35 kilos attaché au bout d'un câble remorqué par un navire. Les hydrophones qu'il contient peuvent détecter les signaux d'une boîte noire jusqu'à 6.000 mètres de profondeur.

Capter le son des boîtes noires

"Capter un signal émanant de la balise me semble tenir de la chance", estime néanmoins l'ancien responsable du groupe des opérations de recherches en mer du vol AF447 qui s'était abîmé dans l'Atlantique en 2009.

Car cette balise émet un signal pendant 30 jours consécutifs (un peu plus en fonction des données de son fabricant) avec une portée de détection moyenne de 2 à 3 km. Le BEA indique même sur son site Internet que la durée d'émission des balises a été portée à 90 jours.

L'ancien enquêteur, qui souhaite garder l'anonymat, rappelle en outre que dans le cas du Rio-Paris, les balises n'avaient pas été entendues. Il s'était avéré par la suite que l'une n'était pas fonctionnelle et que l'autre avait été arrachée lors de l'impact et n'avait pas pu être retrouvée.

Géo-référencer, l'autre priorité

"Sur cette piste-là, je suis donc plutôt pessimiste", dit-il, soulignant que dans l'immédiat, l'autre priorité est de géo-référencer, c'est-à-dire décrire, photographier, référencer, dater, tous les morceaux qui sont repêchés.

"Ensuite, il faut idéalement que des bouées dérivantes soient larguées", explique-t-il. Traquées par satellite, elles permettent d'avoir une idée des courants dans la zone et valider les modèles mathématiques. "Mais, souligne-t-il, les 16 jours de dérive et les incertitudes associées à ces modèles vont contribuer à rendre la zone des recherches très vaste".

Sans détection de balise, l'étape suivante consistera à envoyer des sonars à balayage latéral avec comme préalable de disposer d'une topographie des fonds suffisamment fine "pour pouvoir rechercher ensuite des anomalies sur le relief sous-marin".

Tous les experts interrogés par l'AFP estiment que ces opérations pourraient durer très longtemps, "des mois, voire plus". Dans le cas du Rio-Paris, il avait fallu 23 mois pour localiser l'épave et sa zone de débris à 3.900 mètres de profondeur.

Délimiter la zone de recherches la plus restreinte possible

La stratégie des recherches reste "primordiale". Selon le BEA, "une phase sous-marine pour tenter de localiser l'avion ne pourra être lancée que si les actions en cours permettent de définir une zone de recherches plus restreinte que les zones de recherche actuelles".

Une fois la zone délimitée, si celle-ci s'avère plate et sédimentaire, les enquêteurs pourront utiliser "des sonars tractés et avoir un bon rendement de couverture". Dans le cas d'une zone accidentée, ils pourront faire appel aux Remus, ces drones sous-marins utilisés pour le Rio-Paris.

Quant aux ROV (remote operating vehicules), ils pourront être utilisés dans une phase ultime pour lever les doutes sur les anomalies topographiques grâce à leurs caméras en haute définition.

"Ces robots téléguidés, avec un câble les reliant à la surface, avancent lentement et ont donc un rendement de couverture plus faible", prévient néanmoins l'ancien enquêteur du BEA. "Là encore, il faut un positionnement très précis pour les déployer à grandes profondeurs".

Et si les boîtes noires étaient retrouvées, rien ne garantit qu'elles seront exploitables.

La grande interrogation est de savoir si le CVR n'aura pas été lui-même rendu inutilisable. Pour cela, "il suffit de tirer sur le "breaker" qui se trouve dans le poste de pilotage et qui sert à l'isoler électriquement", explique un expert aéronautique.

Devant l'ampleur de la tâche, certains redoutent que l'on ne sache jamais les raisons de l'accident. Pour Chris Yates, expert dans l'industrie aéronautique, "il semble peu probable qu'on obtienne un jour une explication" à l'équipée folle du Boeing.

"Nous n'avons toujours aucune idée de l'état mental du pilote et du co-pilote, nous ne savons pas si quelqu'un a pu s'introduire dans le cockpit pour s'emparer des commandes, et nous n'avons reçu aucune revendication", a-t-il noté sur la BBC. "Il est probable que nous ne saurons jamais ce qui s'est passé", estime Paul Yap, professeur à l'université polytechnique Temasek de Singapour.

Beaucoup pensaient la même chose en 2009 lors de l'accident de l'AF 447. Même si les conditions semblent plus compliquées aujourd'hui, les recherches du MH370 vont bénéficier de l'expérience de celles du Rio-Paris. En outre, la réussite ou l'échec de la récupération des boites noires dépendra aussi de l'ampleur des moyens financiers dévolus aux recherches. 

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Commentaires 12
à écrit le 26/03/2014 à 21:54
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Mes condoléances aux familles des passagers du Boeing Air Malaysia . Une pensée aussi aux passagers qui avaient pris ce vol pour rentrer chez eux et qui ont perdu leur vie lors de ce "crash" . Que la lumière soit faite rapidement en retrouvant le...

à écrit le 26/03/2014 à 21:44
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Mes condoléances aux familles des passagers de Air Malaysia . Une pensée aussi aux passagers ,qui ont perdu la vie Lors d'un vol qui les ramenait chez eux .

à écrit le 25/03/2014 à 20:42
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Probablement un problème de vanne EGR ou d'un FAP d'occasion.

à écrit le 25/03/2014 à 19:07
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Boites noires ? Tout a été coupé volontairement vous pensez bien que les boites noires l'ont été aussi. Ce qu'il faut récupérer c'est les calculateurs du bord et les supports mémoire du vol.... Le reste ne parlera pas...

à écrit le 25/03/2014 à 17:39
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Et si les boîtes noires sont retrouvées, imaginez-vous une seule seconde que la très grande démocratie chinoise vous dira ce qu'elles contiennent ?

à écrit le 25/03/2014 à 17:24
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Selon les documentations Boeing, le 777-200 à besoin de 1.1km à 2.4km pour atterrir selon sa masse, si la piste est humide et sans vent. Avec un vent de face constant, la distance peut tomber en dessous. Les chiffres donné par "l'expert" qui dit ...

à écrit le 25/03/2014 à 17:13
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j'arrive pas a comprendre une chose. on attaque la recherche des boites noires alors qu'on a toujours pas repêchés le moindre débris ! jusqu'au moment actuel on a pas encore une trace physique de l'avion !

à écrit le 25/03/2014 à 14:23
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Copilote à son premier lvol sur Boeing 777 formation achevée ! Transport en soute debattries lithium ion qui auto-allument et sont interdites ! Commandant qui 2 minutes avnt le vol téléphone au possesseur d' un portabe acheté sous une fausse iden...

à écrit le 25/03/2014 à 12:09
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ECLAIRAGES D'Un Expert Algérien Disparition du Vol MH.370 MALAISYAN AIRLINES Effectuant la liaison KALA LAMPUR – BEJEING (239 Passagers +1 2 Membres d’équipage ) - Boeing 777 / 2OO ER — Immatriculé 9M.MRO ** Cet Appareil Long Courrier –‘Tran...

le 25/03/2014 à 17:43
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J'ai arrêté de lire à partir du paragraphe détournement où il est proféré des erreurs grossières :"il suffit d’afficher un code secret « A/77 » et le radariste reçoit le signal sur son pupitre/ écran avec un logo (triangle) ce qui lui permet de savoi...

le 25/03/2014 à 21:23
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en plus, mettre des O à la place des 0 est énervant

le 26/03/2014 à 14:59
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Tous ça pour rien!!!!???

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