Air France-KLM, le plan pour déployer Transavia en Europe

Selon nos informations, Air France va présenter en conseil d'administration le projet de création de Transavia Europe, une low-cost paneuropéenne qui ouvrirait des bases d'exploitation dans plusieurs pays d'Europe avec du personnel local. Porto et Lisbonne ainsi qu'un aéroport allemand seraient les premières bases.
Fabrice Gliszczynski

Air France-KLM lance la contre-attaque face aux compagnies low cost.  En plein bras de fer avec les pilotes d'Air France sur la manière de développer Transavia France, la filiale à bas coûts française d'Air France, Air France-KLM envisage de créer une compagnie à bas coûts paneuropéenne, comme le font Easyjet ou Ryanair qui disposent de bases d'exploitation partout en Europe.

Bases à l'étranger

Ce jeudi 4 septembre, la direction va, selon des sources concordantes, présenter au CCE d'Air France et au conseil d'administration d'Air France-KLM et d'Air France le projet de lancer en 2015 Transavia Europe, une entité qui aura vocation à exploiter des lignes au départ de bases d'exploitation situées hors de France et des Pays-Bas, fiefs de Transavia France et Transavia Hollande. Ceci avec du personnel local, des contrats du pays dans lequel la compagnie opère. Interrogé, le groupe n'a fait aucun commentaire.

À côté de ces sœurs française et hollandaise, Transavia Europe sera donc le troisième pilier de l'offre low cost du groupe dirigé par Alexandre de Juniac. Un Hollandais sera nommé pour coordonner l'ensemble. La marque commerciale sera toujours transavia.com comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour les entités française et hollandaise.

Début des opérations en 2015

L'idée serait de créer les premières bases l'été 2015. Si une quinzaine d'aéroports sont à l'étude, les premières bases seraient Porto, Lisbonne et un aéroport allemand. Bruxelles et Madrid figure sur la liste pour un développement ultérieur. Le projet est ambitieux.

À moyen terme, Transavia Europe pourrait compter très vite au moins autant d'avions que Transavia Hollande dont la flotte compte aujourd'hui une trentaine d'avions. Ce qui colle avec les ambitions d'Alexandre de Juniac qui, dans une interview accordée à La Tribune en février 2014, déclarait : "Pour que Transavia.com devienne une grande low-cost paneuropéenne de référence, comme nous en avons l'ambition, sa flotte devrait dépasser les 100 avions d'ici 7 à 8 ans, contre une cinquantaine aujourd'hui". Ce jeudi matin, Alexandre de Juniac a, selon une source syndicale, évoqué le chiffre de 115 avions à atteindre à terme pour Transavia.

Huile sur le feu

Ce projet risque de jeter de l'huile sur le feu sur les négociations que mène Air France avec le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) au sujet de la manière de développer Transavia France au-delà de la limite de 14 avions fixée par les deux parties lors des début de la compagnie à bas coûts en 2007.

"Il y a deux possibilités, soit ils crient au loup, soit ils prennent conscience que si Transavia France ne se développe pas, la direction se développera ailleurs", explique un observateur. "Une chose est sûre, a prévenu le PDG d'Air France Frédéric Gagey dans une interview au Figaro, je n'engagerai pas de nouvelles capacités, c'est-à-dire la mise en service de nouveaux appareils, si nous ne tombons pas d'accord sur un mode de fonctionnement et de rémunération compatible avec le marché".

Grève lancée par le SNPL

Le SNPL, qui a déposé un préavis de grève de 5 jours du 15 au 20 septembre (le SPAF, l'autre grand syndicat a suivi) demande la constitution d'un groupe unique de pilotes au sein du groupe Air France pour les appareils de plus de 100 places d'Air France et de Transavia, tous sous contrat Air France. Un schéma qui, selon le syndicat, entraînerait une grande flexibilité puisqu'il permettrait aux pilotes de passer très facilement d'une marque à une autre.

La direction refuse ce contrat unique et veut que les pilotes soient au contraire soumis aux règles de rémunération et d'utilisation en vigueur dans les compagnies dans lesquelles ils exercent. Ceci, explique-t-elle, pour ne pas importer les coûts d'Air France chez Transavia. La direction est plutôt favorable à l'élaboration d'une liste de séniorité unique, mais toujours avec des conditions de travail et de rémunération différentes selon la compagnie.

Création de postes

En outre, pour que le SNPL Air France garde une forte représentativité au sein de Transavia, la direction d'Air France souhaite que des pilotes d'Air France aillent chez Transavia et se rallient au SNPL Air France. Parmi les propositions de la direction à l'étude, Air France souhaiterait intégrer les pilotes volontaires de Transavia à Air France comme copilote A320, que les créations de postes de commandant de bord (35) qu'engendrera l'arrivée de 7 Boeing 737 en 2015 soit proposées à des copilotes d'Air France (majoritairement issus du long-courrier) et que les 35 postes de copilotes (plus ceux libérés par les volontaires de Transavia qui seront allés à Air France) soient proposés à des navigants de Hop ou venant de l'extérieur. Transavia se retrouverait du coup avec une majorité de pilotes provenant d'Air France.

Les syndicats voient rouge

Les informations concernant Transavia Europe ont suscité l'ire du SNPL et du Spaf. « Nous sommes contre. Il s'agit d'une délocalisation» a déclaré à La Tribune Julien Duboz, porte-parole du Spaf. Le président du SNPL, Jean-Louis Barber, voit rouge lui aussi. « La direction ne peut pas dire d'un côté que le développement de Transavia France ne touchera pas le moyen-courrier d'Air France. Comment Transavia va-t-elle se développer si ce n'est avec les créneaux d'Air France à Orly », a-t-ildéclaré à la Tribune. Par ailleurs, si les lignes assurées au départ des nouvelles bases en Europe touchent les marchés français et hollandais, ce sera de l'externalisation. Comment dire que cela n'impacter pas les emplois français ? Et si elles ne touchent pas la France et les Pays, comment une nouvelle filiale pourra-t-elle être rentable sans toucher ces deux marchés ». La situation devient de plus en plus en tendue. D'autant que le syndicat Alter vient lui aussi de déposer un préavis du 15 au 18 septembre.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 16
à écrit le 04/09/2014 à 20:38
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Le sur-éffectif chez Air France il existe pourtant. Même un Ancien Pilote Retraité que le connais le dit clairement. En Inde @polo, un célèbre syndicat, CGT n'existe pas dans ce pays. quelle est ta source concernant la somme de 300 Euros par mo...

à écrit le 04/09/2014 à 11:19
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Inutile de gaspiller de l'argent supplémentaire. Etant donné les grèves multiples et le peu de crédit à l'étranger, ainsi que le talent des sociétés existantes, ce serait du temps et des capitaux improductifs.

à écrit le 03/09/2014 à 20:52
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Une autre solution pour la compagnie : Racheter WIZZ puis transférer les droits à Orly... Droits de travail hongrois ou polonais...je ne suis pas sur que les pilotes soient gagnants ! Mais qu'ils ne viennent pas nous expliquer qu'AF peut être compéti...

le 04/09/2014 à 9:20
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Air France veut racheter votre parc autos Audi en plastique pour sas clients première.

le 04/09/2014 à 9:21
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Votre analyse vousl'appliquez également à vos salariés virtuels de votre garage en sable.

le 04/09/2014 à 9:23
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Vous pouvez parler vous êtes retraité, attention il était l'heure d'aller vous coucher, n'oubliez pas votre pilule avant de vous endormir.

le 04/09/2014 à 9:29
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Arrêtez de donner des conseils à dix balles en permanence occupez vous de votre entreprise en papier.

à écrit le 03/09/2014 à 20:08
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C'est peut être un peu tard non? Easyjet, Ryan Air, Wizz, Vueling,j'en passe et des meilleurs font déjà référence dans le low-cost..AF, plombée par sa masse salariale n'a absolument aucune chance....

à écrit le 03/09/2014 à 18:27
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J avoue ne pas l avoir vu venir...bon sinon Transavia a deja des A320 ex-AF. Mais qu ils soient transférés a des bases Transavia Européennes avec des PNC portugais, elle est forte celle la!

à écrit le 03/09/2014 à 17:29
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A quand le dépôt de bilan d'AF ????? Que ses pilotes arrogants soient obligés de trouver un boulot chez Ryan Air....

le 04/09/2014 à 0:50
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Quand toi aussi tu iras bosser en Inde pour 300 Euros !!! et surtout quand les têtes pensantes qui ont générées cette gabegie accepterons elles aussi de s'aligner sur la remuneration des PDG et DRH PORTUGAIS !! C'est marrant, ca il n'en parlent p...

à écrit le 03/09/2014 à 15:49
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Comme explicité ici précédemment, Transavia vole sur des B737 et Air France sur des Airbus A320 et dérivés (319,321), donc il n'y a aucune interopérabilité possible entre les équipages. Ou est la logique de développé une Transavia Europe en recrutan...

le 03/09/2014 à 21:31
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Vous savez, quand on roule sur Renault, on peut aisément passez sur Peugeot. Maintenant, Air France a tout intérêt à licencier pour recruter à des conditions bien plus avantageuses pour elle

le 03/09/2014 à 23:19
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Vous avez raison quant à l'"interopérabilité" actuelle des pilotes. Mais le schéma évoqué c'est copilote HOP > Transavia > Air France > Transavia en tant que Commandant de bord (et peut être > Air France après). Là ce n'est plus qu'une question de qu...

à écrit le 03/09/2014 à 14:04
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AF a au moins 10 ans de retard et il lui sera difficile de remonter la pente surtout avec des syndicats suicidaires qui se croient encore au bon temps du monopole.

le 03/09/2014 à 14:18
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Ca sent ou plutôt ca pue le dumping social à plein nez

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