British Airways-Iberia, des profits insolents face à Air France-KLM et Lufthansa

Après la publication des résultats du troisième trimestre, IAG, l'entité qui coiffe British Airways et Iberia, surclasse Air France-KLM et Lufthansa. Ses profits sont non seulement supérieurs à ceux de ses rivaux, ils augmentent fortement quand ceux de ses concurrents reculent ou ne progressent qu'à peine. Décryptage.
Fabrice Gliszczynski

Moins de quatre ans après la fusion de British Airways et d'Iberia, regroupées sous la holding IAG (International Airlines Group), le couple anglo-espagnol survole le ciel européen. Au troisième trimestre de l'exercice 2014, il a affiché des résultats impressionnants, surclassant Air France-KLM et Lufthansa tant en termes de génération de recettes que de baisse de coûts.

Alors que sa taille est inférieure à celle de ses deux rivaux, IAG a dégagé un résultat d'exploitation de 900 millions, largement supérieur à celui de Lufthansa (735 millions) et d'Air France-KLM (623 millions sans l'impact des 14 jours de grève des pilotes d'Air France en septembre, 241 millions en réalité).

Surtout, les profits d'IAG font un bond en avant quand ceux de ses rivaux progressent à peine ou reculent.

Le bénéfice d'exploitaton augmente de 231 millions d'euros

En effet, les bénéfices du groupe anglo-espagnol bondissent de 231 millions par rapport à la même période de l'année dernière, quand ceux d'Air France-KLM baissent de 18 millions (hors impact de la grève) ou progressent modestement dans le cas de Lufthansa. En effet, si les profits opérationnels du groupe allemand augmentent officiellement de 145 millions d'euros, la hausse n'est plus que d'une trentaine de millions en tenant compte des charges de restructuration et de la politique d'amortissement du groupe, comme le fait remarquer Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Sur l'ensemble de l'année, IAG vise un bénéfice d'exploitation compris entre 1,320 et 1,370 milliard, l'équivalent d'une hausse allant de 71 à 78%. Lufthansa a quant à elle maintenu son objectif d'un profit de 1 milliard d'euros et a révisé à la baisse ses prévisions 2015. Le groupe allemand vise néanmoins un bénéfice supérieur à 1 milliard, contre 2 milliards jusqu'ici.

Cette différence de tendance se traduit dans le chiffre d'affaires. Il a augmenté de 8,5% chez IAG, à 5,866 milliards d'euros, alors qu'il progresse timidement chez Air France-KLM (hors impact de la grève) à 7,189 milliards (+0,2% mais -6,7% en réalité) et Lufthansa, à 8,458 milliards (1,8%).

Forte hausse des capacités, maintien des recettes unitaires

Les hausses de capacités British Airways-Iberia n'entraînent pas de pertes de recettes unitaires. Au contraire. Alors qu'Air France-KLM et Lufthansa ont justifié la baisse de leurs recettes unitaires sur l'Amérique du Nord et l'Asie par l'augmentation des capacités de leur concurrente (Lufthansa tient ce discours mais a pourtant augmenté ses capacités), IAG peut être satisfaite de sa stratégie. Sur l'Atlantique Nord, sa recette unitaire progresse de 1% malgré la hausse de ses capacités de 7% et sur l'Asie, l'offre a augmenté de 11% et la recette n'a que légèrement diminué de 0,5%.

Cette tendance continue au quatrième trimestre. IAG augmente son offre de 9%, quand ses concurrents sont beaucoup plus prudents.

"Ce maintient des recettes unitaires provient de la « relative » bonne santé des économies britannique et américaine, un axe qui représente l'essentiel de l'activité de British Airways", fait valoir Yan Derocles.

La performance sur les coûts est "hallucinante" juge un analyste

Mais c'est peut être la performance en matière de coûts qui impressionne le plus dans les résultats d'IAG. "C'est hallucinant", s'exclame Yan Derocles. Les coûts unitaires ont baissé de 4,5% (hors carburant) contre 1,3% par Air France-KLM qui achève dans deux mois son plan de restructuration Transform 2015.

Surtout, cela ne prend pas en compte l'impact positif du plan de départs chez Iberia, qui ne prendra effet qu'en 2015. Cette baisse des coûts provient donc du résultat des nouvelles conditions de travail imposées d'une main de fer par le directeur général d'IAG, Willie Walsh, aux pilotes d'Iberia et aux hôtesses et stewards de British Airways. "Il n'a rien lâché et aujourd'hui on voit le résultat", explique un observateur.

Le grand retour d'Iberia

Iberia a annoncé fin juillet avoir conclu un accord avec les syndicats pour un plan de départs volontaires devant toucher jusqu'à 1.427 personnes chez les pilotes et le personnel au sol. Ce nouveau plan de départ s'est ajouté à la suppression, annoncée en 2013, de 3.100 emplois. Iberia, qui comptait 18.000 employés au 31 décembre 2013, avait accumulé 850 millions d'euros de pertes entre 2008 et 2012 à cause notamment de la hausse des prix des carburants et de la crise économique en Espagne. Au troisième trimestre 2014, son profit opérationnel a plus que doublé. Celui de British Airways a décollé de 27%, bénéficiant notamment de la mise en service d'appareils plus économes, comme le Boeing 787 et l'Airbus A380.

IAG met la pression sur Air France-KLM et Lufthansa

Cerise sur le gâteau, IAG dispose au sein des transporteurs traditionnels de la meilleure riposte aux low-cost, avec sa compagnie à bas coûts Vueling, beaucoup plus puissante que Transavia ou Germanwings. Néanmoins, sur le court et moyen-courrier, IAG devra s'attaquer à la restructuration de l'activité moyen-courrier de British Airways.

Le groupe anglo-espagnol met donc la pression sur Air France-KLM et Lufthansa au moment où ils s'apprêtent à négocier l'an prochain de nouveaux plans de compétitivité avec leur personnel. Le groupe français n'a pas précisé le montant des économies espérées pour son plan Perform 2020. Les mesures s'annoncent drastiques. Le plan Transform 2015, qui s'achève fin décembre, n'a pas été suffisant pour remettre Air France-KLM au niveau de ses pairs.

Lufthansa va achever son plan de restructuration Score l'an prochain, lequel lui permettra de réduire ses coûts annuels de 1,5 milliard d'euros de manière pérenne. Au-delà, le groupe vise des 700 millions d'économies par an au cours des prochaines années.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 13
à écrit le 10/12/2014 à 14:44
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J'ai voyagé sur AF de Toronto à CDG en novembre dernier....économie siège 29J. Côté service, bof.... ni boisson /apéritif avant le repas, repas légèrement meilleur que sur les compagnies US mais très en deçà de la Turkish ou les compagnies telles AN...

à écrit le 10/12/2014 à 12:45
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J'ai utilisé Vueling avec un groupe pour aller en Andalousie; la moitié de notre groupe sans être constitué de géants ne rentrait pas dans les sièges. On s'en souvient encore. Si je peux faire autrement, je fais autrement

à écrit le 08/11/2014 à 22:54
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Avez-vous déjà voyagé sur Ibéria-Express (low-cost d'Ibéria), cela coupe l'envie de prendre l'avion. Avion surchargé et hôtesses à peine aimables, problèmes bagages !!! J'ai pourtant une carte Ibéria-Plus mais je ne peux pas faire autrement, pas d'au...

le 24/11/2014 à 8:22
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Hôtesses à peine aimables et qui en plus dissuadent du regard les passagers de trop les solliciter leur service à bord payant pour pouvoir papoter au bord de l'avion avec leurs copines oui. Le Lowcost, ça a un prix...

le 10/12/2014 à 12:17
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Sauf que j'ai pu aller à Barcelone en mai dernier pour 99 euros grâce à eux alors qu'Air France proposait au minimum un AR à 160 euros... 61 euros de plus pour une boisson+des cacahouètes, la collation servie sur AF, c'est un peu cher...

à écrit le 04/11/2014 à 9:09
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" Les coûts unitaires ont baissé de 4,5% (hors carburant) contre 1,3% par Air France-KLM" Baisser 3 fois plus les coûts du personnel, est ce "hallucinant" pour le meilleur ou pour le pire?J'espère que sur mon prochain vol Bristish Airways, le pilo...

à écrit le 03/11/2014 à 11:22
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A salaire égal, il suffit de comparer le temps de vol des PNT : de l'ordre de 20% d'écart !! Et je ne parle même pas des low-Costs ! Certains parleront des conditions de charges sociales... sauf que pour les PNT, on et loin au dessus, question retra...

à écrit le 03/11/2014 à 11:18
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Chez IAG, Vueling se développe à vitesse grand V... pendant ce temps là, le SNPL compte les avions chez Transavia : tout s'explique !!

à écrit le 03/11/2014 à 9:46
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Il y a quatre ans le groupe IAG était au bord du bilan, les licenciements se faisaient par centaines, et de nombreuses lignes abandonnées. Les pertes se succédaient. Alors que AirFrance et Lufthansa faisaient la course en tête. Aujourd'hui après ce r...

le 03/11/2014 à 11:47
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euh, il y a quatre ans AF ne faisait pas la course en tête. Les pertes dépassaient le milliard d'euros. Ca serait bien de ne pas raconter n'importe quoi

le 03/11/2014 à 12:41
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Chez Lufthansa c'est Swiss qui réalise les bénéfices ... et les allemands font pression pour fermer l'aéroport de Zurich et rapatrier Swiss sur Munich, motif : Zurich Airport fait trop de bruit. Les Allemands savent être encore plus incohérent que vo...

à écrit le 03/11/2014 à 9:21
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rien se surprenant...un bon service dès le départ: depuis Lyon direction Majorque en octobre une attente confortable pour l'embarquement au terminal 1( c'est quand même mieux que la terminal 3 ou il n'y a pas de siège pour s'asseoir en salle d'embarq...

à écrit le 03/11/2014 à 7:44
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Il y a peut-être des différences au niveau du financement des charges sociales entre ces compagnies européennes, et plus spécialement pour les retraites.

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