SNCF veut que l'Etat lui donne les moyens de lutter contre les cars

Concurrencée par le covoiturage, la SNCF teste de nouvelles baisses de prix sur son réseau de trains Corail qui a perdu près de 3 millions de voyageurs en trois ans. Face à la libéralisation du marché des autocars qui se profile, le directeur d'Intercités espère qu'il disposera, dans le prochain cadre conventionnel qui sera signé avec l’État, de la possibilité de réagir en modifiant les dessertes.
Fabrice Gliszczynski
L'agressivité tarifaire des compagnies aériennes mais surtout du covoiturage, inquiète beaucoup la SNCF. Comment rester concurrentiels ?

2,7 millions de voyageurs perdus entre 2012 et 2014, des trains à moitié vides, aucune ligne rentable, des pertes avoisinant les 300 millions d'euros pour un chiffre d'affaires d'un milliard : les trains intercités de la SNCF (les Corail), cette offre de trains classiques régie par un cadre conventionnel signé avec l'Etat, en grande difficulté. Ce produit hétérogène entre les TGV et les TER, qui combine des liaisons entre Paris et d'autres villes françaises avec des grandes transversales régionales comme Bordeaux-Marseille, souffre terriblement.

De l'agressivité tarifaire des compagnies aériennes mais surtout du covoiturage qui «nous bouffe des parts de marché », selon l'expression de Jean Ghedira, le directeur d'Intercités. Cette concurrence sera accentuée demain par l'arrivée des autocars longue distance avec la libéralisation du secteur inscrite dans la loi Macron.

Des bas tarifs en dernière minute

Pour enrayer le recul du trafic sur ses trains classiques, qui a baissé de 2% en 2014, à 31,3 millions de voyageurs, la SNCF, comme elle le fait sur IDTGV, teste des nouveautés tarifaires, spécifiques à cette activité qui représente un milliard d'euros de chiffre d'affaires.

«Avec notre nouvelle offre tarifaire, l'écart de prix avec le covoiturage ne dépassera pas trois euros », affirme Béatrice Chavanel, directrice marketing et commerciale de SNCF proximités.


A partir du 31 mars prochain (et pour des trains circulant à partir de début avril), la SNCF commercialisera une offre de dernière minute, permettant aux voyageurs qui réserveront entre J-5 et J-2 avant le départ de bénéficier d'une réduction de 50% sur l'ensemble du réseau Intercités (177 destinations). Par exemple, l'aller simple Paris-Amiens tombe ainsi à 11 euros l'aller simple en seconde classe. Vendue uniquement sur internet, cette offre, baptisée «Happy Hour», sera valable chaque jour sur au moins deux aller-retours par ligne. 
Elle va à l'encontre des principes de yield management jusqu'ici en vigueur, voulant que les meilleurs tarifs soient disponibles en réservant très tôt son billet.

«Une catégorie de clients se décident tardivement, cela peut expliquer l'essor du covoiturage », fait remarquer Béatrice Chavanel.

Le coefficient d'occupation des trains classiques étant de seulement 50% en moyenne, il y aura donc de la place. La SNCF a prévu de commercialiser 700.000 billets en offre «Happy Hour», d'ici au 31 décembre 2015. Reste à voir quel sera l'impact de cette offre de dernière minute sur les réservations habituellement réalisées en amont ? Autrement dit, est-ce que les gens qui réservaient jusqu'ici très en amont ne vont pas attendre les derniers jours pour le faire ?

Paris-Bordeaux à 15 euros

Autre nouveauté tarifaire : à partir d'avril, la SNCF lancera une offre 100% Eco sur la Paris-Bordeaux, comme elle l'a fait entre Paris et Toulouse depuis 2010, la seule ligne qui tutoie l'équilibre, avec peut être Paris-Caen-Cherbourg. Les billets seront compris entre 15 et 35 euros en deuxième classe (et 45 euros en première) le week-end (le lundi sera également concerné en 2016). 
D'autres lignes pourraient suivre.

«L'objectif est de ramener du monde dans les trains. Nous sommes souvent compétitifs en termes de prix, en termes de temps de parcours mais les gens se détournent du mode ferré», explique Jean Ghedira, dont l'objectif est de revenir à l'équilibre sur les trains classiques.

Aujourd'hui, les recettes générées par les trains classiques ne couvrent que 70% des charges. Si le déficit est payé par l'État, cette contribution provient essentiellement d'une taxe sur le TGV.

«En 2015, cette contribution s'élèvera à 309 millions dont 290 proviendront de la SNCF», explique Jean Ghedira.

Double peine

Si des mesures de baisse de coûts ont été lancées (récupération des centres de production, rationalisation des agents, baisse des coûts de maintenance, baisse des coûts de distribution...), l'avenir des Corail dépendra du nouveau cadre conventionnel qui sera signé en 2015 avec l'État pour une durée de plusieurs années à partir de 2016. Autrement dit de la carte de la desserte TET et TER qui sera arrêtée, du choix des trains qui sera décidé pour renouveler les Corail vieillissants au-delà d'une première commande passée fin 2013, dont les premiers exemplaires seront mis en service fin 2016, mais aussi de la capacité qui sera donnée à la SNCF de s'adapter à la concurrence des autocars longue distance. Un sujet qui inquiète Jean Ghedira.

«Face à la mise en place d'une offre d'autocars longue distance, je m'interroge sur les possibilités qui nous seront données de réagir. Je ne veux pas avoir la double peine avec d'un côté l'arrivée d'un nouveau concurrent disposant d'une offre intéressante et attractive en coûts et de l'autre Intercités dans l'incapacité de bouger ses dessertes et son offre».

Il prend l'exemple de l'offre à 1 euro le ticket mis en place pour les cars il y a quelques années dans les Pyrénées orientales avec une première ligne expérimentale Perpignan-Villefranche de Conflent/Vernet-les-bains :

«L'offre ferroviaire n'avait pas bougé et les autocars ont vidé les trains. Quand les trains sont passés à un euro, ils ont a vidé les cars».

Jean-Guedira espère donc que l'État lui donnera les moyens de riposter.

«Si l'État ne modernise pas les trains d'équilibre du territoire (TET), cela risque d'être assez mortifère pour le train», expliquait dans nos colonnes en en décembre Pierre Cardo, le président de l'ARAFER, le gendarme du rail, des autoroutes et du transport en autocars. D'autant que les opérateurs d'autocars vont aller sur les lignes à fort potentiel, comme Lyon-Bordeaux, Bordeaux-Marseille. La Commission Duron qui planche sur l'avenir des trains d'équilibre du territoire doit rendre ses conclusions d'ici à l'été. La Cour des Comptes publiera un rapport sur le sujet le 11 février. Selon Villes Rail & Transports, il recommande de réduire le nombre de lignes TET en transférant une partie d'entre elles aux TER et en remplaçant les plus déficitaires par un service en autocar.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 36
à écrit le 08/02/2015 à 9:32
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Il devrait demandé à MACRON le multimillionnaire comment faire car cette enarque est capable de tout plus souvent du mauvais et du pire. N'est ce pas le cas dans la loi qu'il présente en ce moment, s'il voulait couler la SNCF pour un pseudo sociali...

à écrit le 05/02/2015 à 14:45
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Qui a fait Idbus ? la SNCF, je crois.... la séparation entre TER; Intercités et TGV a fait que nombre de correspondances ne sont plus assurées en cas de retard. Les temps de trajet ne sont plus sûrs. Les tarifs débiles (Paris Marseille moins cher que...

à écrit le 05/02/2015 à 14:13
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Le yield management n'a pas mis du plomb dans le système en découragent ceux qui avaient le choix de prendre la voiture ? Se décider peu avant la date du départ et voir le prix du billet bondir, ça n'encourage pas à prendre le train. Il semble que c...

à écrit le 05/02/2015 à 11:01
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Cela va leur faire les pieds à la SNCF, ils sont trop chers. Perso je covoiture à fond en chauffeur ou passager et c'est génial et bien moins cher. Faut juste fermer la moitié des lignes.

à écrit le 05/02/2015 à 10:31
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Entre des frais de fonctionnement excessifs pour causes d'avantages et statuts exceptionnels (et digne d'un autre temps); entre des grèves à répétition et des retards trop répétitifs; entre des tarifs élevés, etc ... Le choix est vite fait : j'évite ...

le 05/02/2015 à 10:42
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Tant mieux,il y assez de passagers désagréables .

le 08/02/2015 à 22:20
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y a aussi beaucoup de conducteurs et controleurs désagréables à la sncf... d'ailleurs, les gens ne prennent plus le train, mais la voiture...bientot la faillite comme la sncm. et adieu la sncf.

à écrit le 05/02/2015 à 10:22
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Incorrigible! Toutes ces entreprises où l'Etat est partie prenante sont désespérément incapables de réaliser des améliorations substantielles de leurs modes de fonctionnement. Donc une prochaine "contribution" citoyenne aux "pertes" annoncées par la ...

à écrit le 05/02/2015 à 9:55
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Le plus écologique.

à écrit le 05/02/2015 à 9:52
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Des rames 2 x plus petites, des moteurs donc plus petits, le mode de pensée de la micheline,et entièrement automatisées, donc 2x plus de trains et surtout le week-end et ça repart. Et des correspondances facilitées avec le tgv. Quand aux tricheurs...

le 05/02/2015 à 10:08
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Entièrement automatisées ?Vous pouvez préciser? Après sur le fait d'augmenter les cadences quitte au début a faire rouler des trains quasi vide permet effectivement de relancer le rail ,en gros c'est le cadence ment .et ça marche.

à écrit le 05/02/2015 à 9:50
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Si la sncf veut concurrencer le bus, c'est facile : elle supprime le CE cheminots, et aligne les salaires SNCF sur les salaires s conducteur de bus, et ... c'est fait !

le 05/02/2015 à 10:05
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Encore un commentaire ras les pâquerettes,il y a une multitude de métiers,comment voulez vous avoir un salaire unique. La sncf embauche en ce moment et bizarrement a du mal a recruter.. Le métier de conducteur de train et de bus n'ont rien à voir.

le 05/02/2015 à 10:51
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Superbe idée. Faisons de même avec votre salaire. Pourquoi ne pas faire travailler les cheminots gratuitement ; la SNCF n’en serait que plus « compétitive ». N’oublions pas que la SNFC doit payer pour l’utilisation des sillons (des rails quoi). Do...

à écrit le 05/02/2015 à 9:46
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Retraite à 50 ans ou 55 ans, qu'est ce que vous voulez qu'une entreprise comme la SNCF fonctionnne ! Dès qu'il y a un "pet" de travers, hop on fait grève. Non, franchement une entreprise normal ne pourrait pas survivre avec de tels comportements. Po...

le 05/02/2015 à 9:54
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Pour info la retraite a 50 ans c'est fini,et pour certains comme moi par ex ca sera 64 ans d'après mon dernier décompte et je suis conducteur. Et il faut aussi passer annuellement la visite d'aptitude sécurité qui est assez sévère.

à écrit le 05/02/2015 à 9:38
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Vivement la privatisation de cet autre "mammouth" français!! Peur de la concurrence visiblement? Mais ce n'est pas pour l'intérêt de l'usager dont les syndicats de la SNCF se moque éperdument mais tout simplement pour préserver les "privilèges" de ce...

le 05/02/2015 à 10:02
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Pourriez vous m'indiquer quelles sont mes fameux privilèges,vous êtes apparemment un expert ferroviaire. Pour info la sncf fait encore figure de référence au niveau mondial,bon je vous l'accorde il faut être ouvert d'esprit et s'ouvrir au monde pour...

le 05/02/2015 à 10:53
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Oh oui, vive la privatisation. Ainsi, suppressions de dessertes, accidents à répétitions, forte hausse des tarifs, seront notre lot quotidien. Vous n’avez pas vécu en Angleterre à cette merveilleuse époque, vous, visiblement (moi, si…). Réfléchisse...

le 08/02/2015 à 15:18
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Ah si la privatisation est la seule solution, la sncf est ruinée car les billets sont trop chers...et ça permettra de garder seulement les bons employés...

le 08/02/2015 à 20:10
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moi j'"ai vécu en angleterre et leurs trains sont 10000x mieux qu'en france !!! à l'heure, et propres et respectueux, sans de la cgt qui vient faire du chantage à la grève !!! vive les anglais, eux ne sont pas des fonctionnaires qui prennent en otage...

à écrit le 05/02/2015 à 9:29
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Et vous pensez que nous a l'exécutif nous sommes responsables de certaines erreurs de production,management,et du tout tgv qui est le fruit de certains politiques. Après au lieu de déverser votre haine sur nous,regardez ce qui va bien .

à écrit le 05/02/2015 à 9:16
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Je m,interroge aussi dès qu'un train sncf a un problème,un retard ,les journaux en font leurs choux gras,et quand il s'agit des concurrents sncf rien .Pas de commentaires pas d'articles. Thello 24 h de retard et quasi quotidiennement 1 a 4 h ,ECR 2 ...

à écrit le 05/02/2015 à 9:13
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Va-t-on continuer à financer ce boulet qui se donne l'apparence d'un service public où le public ("les usagers" comme la sncf les appelle avec mépris) est au service des avantages acquis du service public). Il serait temps que le gouvernement reconna...

à écrit le 05/02/2015 à 9:10
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Masse salariale trop importante et productivité qui elle ne l'est pas assez, font un drôle de cocktail qui promet une fin comme à la SNCM...

le 05/02/2015 à 9:19
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Pourquoi vous êtes a plus de 35 h vous ?

le 05/02/2015 à 9:32
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la messe est dite :-)

à écrit le 05/02/2015 à 9:08
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La concurrence arrive, on n'avait pas l'habitude, on commence à trembler...

le 05/02/2015 à 9:18
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Oh que si au fret ça fait déjà quelques années et nous reprenons des trafics à ces concurrents donc non ca ne fait pas peur

à écrit le 05/02/2015 à 8:46
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"SNCF veut que l'Etat lui donne les moyens de lutter contre les concurrents non gréviste-hebdomadaire" oui, hors sujet avec l'article, mais un titre assez révélateur vous ne trouvez pas:

le 05/02/2015 à 9:06
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Vous êtes vraiment ras les pâquerettes,je suis conducteur,jamais de grève a mon actif. Moi je dis vive la concurrence mon salaire augmentera,voiture de service car je suis au fret ,et quand un train aura 2 h de train suite à un suicide vous allez râ...

à écrit le 05/02/2015 à 8:25
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La perte de trafic n'est elle pas liée à la baisse de l'activité? Un chomeur ne va pas continuer à prendre le train pour se rendre à un travail qu'il n'a plus, les budgets vacances ont été réduits et les sociétés cherchent à limiter les déplacements ...

le 05/02/2015 à 10:56
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La perte de trafic a plusieurs facteurs  : hausse continue des prix, qualité de service de plus en plus faible, dessertes de moins en moins nombreuses et fréquentes, réseau de moins en moins capillaires, etc. Et là, pour l’ensemble de ces cause, l’é...

à écrit le 05/02/2015 à 8:09
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C'est le même problème à Air France, à la SNCM, et progressivement, à tout le monde.

à écrit le 05/02/2015 à 8:06
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C'est un problème lié aux charges sociales et au prix de l'énergie. Il faut basculer a fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique.

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