Autoroutes : Vinci espérait une meilleure rentabilité

Se défendant de bénéficier d'une rente comme l'a déploré l'Autorité de la concurrence, Xavier Huillard, PDG de Vinci, estime au contraire qu'il faut parler de "sous-profits". En raison de la crise, la rentabilité est inférieure à celle imaginée dans les calculs de Vinci lors de valorisation des actifs de l'Etat au moment de la privatisation du secteur autoroutier en 2005.
Fabrice Gliszczynski
Voulant que "le contrat soit respecté", Vinci a lancé une procédure contentieuse auprès du Conseil d'Etat contre le gel des tarifs autoroutiers.

Gel des tarifs autoroutiers, accusation de bénéficier d'une rente..., le PDG de Vinci, Xavier Huillard, ne le cache pas : la polémique l'agace. Jeudi, lors de la présentation des résultats annuels du groupe, il s'en est pris avec véhémence aux conclusions de l'Autorité de la concurrence qui, saisie par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, avait conclu en septembre que "la rentabilité exceptionnelle des concessionnaires d'autoroutes est assimilable à une rente, qui doit être davantage régulée en faveur de l'Etat et des usagers".

Avalanche de critiques

Pour Xavier Huillard, il ne faut pas seulement regarder les résultats dégagés, il faut prendre en compte les capitaux injectés pour racheter les sociétés à l'Etat il y a une dizaine d'années et les énormes investissements depuis. "Les entreprises autoroutières ont déboursé il y a dix ans 22,5 milliards d'euros pour acheter des sociétés qui avaient 20 milliards d'euros de dette et des engagements d'investissements de 5 milliards", fait-il valoir.
Lors de la privatisation du secteur autoroutier en 2005, Vinci a racheté ASF et Escota.
Pour Xavier Huillard, l'avalanche de critiques vient de l'incompréhension du modèle de concession, notamment de l'Autorité de la concurrence.

"Le modèle de la concession française incompris"

"L'Autorité de la concurrence n'a pas compris ce qu'est une concession. Il aurait fallu qu'elle interroge certaines entités publiques connaissant le monde de la concession comme la Caisse des dépôts, EDF Invest ou Aéroports de Paris. Elle aurait vu que ces entreprises regardent le TRI, le taux de retour sur investissement. Il aurait été simple (...) de comprendre que le bon thermomètre pour mesurer une concession, ce n'est pas la marge, mais le TRI. Si l'Autorité de la concurrence avait fait cela, elle aurait compris que ce n'est pas de surprofits dont il faut parler mais de sous-profits parce que nous sommes en dessous du business plan imaginé en 2005-2006 lorsque nous avons fait notre valorisation des actifs à l'occasion de la privatisation. Elle aurait également compris qu'il ne s'agit pas d'une rente mais d'une activité à risques, qui impose de faire des paris à très long terme sur la croissance, l'évolution des trafics, l'inflation, les coûts d'exploitation, sur les taux d'intérêt, sur la disponibilité de l'argent...".

En raison d'un trafic inférieur aux prévisions réalisées au moment de la valorisation des actifs de l'Etat, Vinci "aurait ainsi perdu 1 point de TRI", lequel se situe en moyenne dans la profession autour de 7,5%. Cela fait beaucoup d'argent.

LES VÉRITÉS DE XAVIER HUILLARD

Xavier Huillard a présenté une autre réalité du contrat de concessions.

"La vérité, c'est que le modèle de concession à la française est mondialement reconnu et copié car il a permis dans notre pays, notamment sur le secteur autoroutier, de doter la France du plus beau réseau européen sans jamais faire appel aux contribuables ; la vérité, c'est qu'aucune critique ne nous a jamais été faite sur nos obligations contractuelles car nous les respectons de manière scrupuleuse et même au-delà ; la vérité c'est que les formules d'augmentation des tarifs sont gravées dans le marbre et d'une visibilité totale ; la vérité c'est que nous améliorons sans cesse la qualité de services et les conditions de sécurité sur nos réseaux autoroutiers ; la vérité c'est qu'un groupe comme Vinci aura en 8 ans drainé une quinzaine de milliards d'euros, de l'argent privé d'origine internationale au bénéfice de l'aménagement du territoire dans des schémas de type concessions et partenariats publics privés (PPP), et à ce titre nous sommes l'un des gros pourvoyeurs d'emplois. En dépit de ces réalités, nous avons fait l'objet d'une avalanche de critiques qui reposaient sur une incompréhension du modèle de la concession".

Plan de relance autoroutier

Voulant que "le contrat soit respecté", Vinci a lancé une procédure contentieuse auprès du Conseil d'Etat contre le gel des tarifs. Pour autant, il a affirmé sa "conviction" que l'Etat et les sociétés autoroutières trouveront "d'ici à quelques semaines" une "sortie de crise".

"Cela permettra enfin de mettre en oeuvre le plan de relance autoroutier de 3,2 milliards d'euros, totalement financés par les sociétés concessionnaires d'autoroutes", a-t-il poursuivi.
Le plan de relance autoroutier, validé par Bruxelles en octobre, prévoit un allongement de la durée des concessions, en échange de travaux à hauteur de 3,2 milliards d'euros. Sa signature définitive fait partie des discussions en cours entre l'Etat et les concessionnaires.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 27
à écrit le 16/12/2020 à 2:24
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De l'intérêt des actionnaires découle l'intérêt public, c'est bien connu.

à écrit le 09/02/2015 à 9:23
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Des bandits en col blanc... comme les vendeurs d'eau

à écrit le 08/02/2015 à 17:43
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Il a tellement besoin de sous Mr Vinci qu'il vient de supprimer la gratuité sur le réseau où ils ont travaillé pour les retraités d'Escota ! Cet "avantage" datait de plus de 50 ans et représentait une moyenne de 50€/an par retraité. C'est vraiment "p...

à écrit le 08/02/2015 à 14:38
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1) pourvoyeuse d'emploi: surement pas avec la suppression massives des péages manuels. Sinon c'est au travers le bétonnage de nos campagnes. Or il est bien connu que les bétonneurs routiers créent beaucoup moins d'emploi que les bétonneurs logements,...

à écrit le 08/02/2015 à 13:07
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Si ça ne rapporte pas assez, il faut arrêter la concession. Les péages seront au même niveau après, mais ça deviendra vertueux vu que l'Etat encaissera, peut-être moins entretenu pour encaisser plus. Y a pas de mystères, il faut remplir les caisses.

à écrit le 08/02/2015 à 11:06
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Une entreprise qui tient la route -

à écrit le 08/02/2015 à 10:50
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Les autoroutes sont bien trop couteuses, depuis 10 ans je ne les utilise plus.

à écrit le 08/02/2015 à 9:50
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Le traffic n'a pas augmente selon le plan car les prix des péages sont exorbitants. Mettez en place une vignette annuelle mensuelle et hebdomadaire sur tout le territoire et vous aller voir l'augmentation immédiate du trafic. Quant à l'histoire du m...

à écrit le 08/02/2015 à 8:42
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Si les programmes de construction d'autoroutes n'avaient pas été stoppés sous la pression des écolos et si la droite avait eu le courage de les relancer la question ne se poserait pas. Mais du courage en politique...

à écrit le 07/02/2015 à 22:03
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L etat n a aucune parole : même pb qu avec les professions réglementées Lamentable ! Va falloir faire du ménage au prochaines élections!

à écrit le 07/02/2015 à 22:01
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Seulement 7,5% de rentabilité (sur des autoroutes déjà amorties) , j'ai la larme à l'œil … pendant ce temps les pauvres automobilistes placent les économies à 1% ????? La société française commence à se " dualiser" de plus en plus …

le 07/02/2015 à 23:41
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Quand vous aurez fini de pleurnicher sur les profits des capital-risqueurs nous pourrons enfin aborder des sujets sérieux tels que le développement économique des déserts ruraux ou l'amortissement des futurs tronçons d'autoroutes... De plus, les "pau...

le 08/02/2015 à 9:47
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:) Franchement, tout le monde sait qu'il s'arrange pour que les benefices soient chaque année pas trop élevé. Mais que c'est und machine à cash sans équivalent!!! Donc oui on ne va pas quand même pleurer pour ce groupe. Si c'était si terrible que ça...

à écrit le 07/02/2015 à 21:56
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Les autoroutes françaises sont chères et les toilettes toujours sales (surtout dans les aires de repos sans station essence). Vu le prix c'est inadmissible . On a parfois l'impression d'être dans le tiers monde. À part ça, ce mec a peut être raison d...

à écrit le 07/02/2015 à 19:21
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Ah ok depuis quand le mot rente est un gros mot en France ? bn oui soyons pas hypocrite, c'est une rente. Et puis pourquoi privatiser des biens publics consttruits par nos parents et grands parents ?? Pour en faire profiter quelques milliardaires ? P...

à écrit le 07/02/2015 à 16:25
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Ils crient avant d'avoir mal! Que ne disent-ils pas pour conserver leur rente! Les pauvres! Ils ont sous-payé les concessions d'autoroute, il ne faut pas renégocier les contrats, mais re-nationaliser les autoroutes.

à écrit le 07/02/2015 à 14:48
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Les autoroutes françaises concédées offrent un service d'une très grande qualité. Les autoroutes gratuites sont dans un état de maintenance qui frise l'insalubrité. Il serait donc grand temps de privatiser l'ensemble du réseau autoroutier et RN franç...

le 07/02/2015 à 16:54
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J'utilise beaucoup d'autoroutes gratuites et leur état est tout à fait convenable. Je ne suis pas prêt à payer cher pour qu'elle soient mieux, ce serait de la sur qualitė.

à écrit le 07/02/2015 à 14:26
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J'accepte de payer le prix quand le sevice est a la hauteur . Quand je suis ralenti tous les 10 kms en raison de travaux , quand je dois faire la "queue" pour payer ( tres cher ) mon droit de rouler , ... j'estime que je ne dois pas payer l'integrali...

le 07/02/2015 à 15:10
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L'avantage avec le privé, c'est que vous n'êtes pas obligé de payer le service que vous n'utilisez pas. On ne peut pas en dire autant des services publics...

à écrit le 07/02/2015 à 14:00
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Mr X Huilard, il est sur, au prix de l'autoroute, si je dois traverser la France, j'évite de plus en plus. Plus cher de péage que de carburant... Soixante euros de péage Besançon Nantes sur des autoroutes amorties depuis belle-lurette...Ca suffit, no...

le 07/02/2015 à 15:15
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Pourquoi vous plaignez-vous si le réseau secondaire est de très loin supérieur au réseau autoroutier (non obligatoire)? Emprunter donc les nids de poules financés par vos impôts tout en déplorant la dégradation mécanique de votre véhicule à cause de ...

à écrit le 07/02/2015 à 12:41
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Avec des promesses d'une UE "au top" n'importe qui, ne pouvait que se faire leurrer! Si la rentabilité, qui n'est pas a l'ordre du jour, est une raison de se plaindre, pourquoi ne pas rendre "ces actifs" a ceux qui vous les ont concédés?

le 07/02/2015 à 16:24
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gratuitement??

à écrit le 07/02/2015 à 11:53
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Vinci : "une entreprise très bien gérée" -

le 07/02/2015 à 13:00
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C'est pour ca qu'il n'y a plus d'employé dans beaucoup de peage Economie sur les sa laires et charges De tout bord en plus l'automate ne tombe jamais malade et ne fait pas greve ne demande jamais d'augmentation et pas de conges payes .ils se gavent...

le 09/02/2015 à 21:31
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La France en est encore aux barrières de péage ! Il serait normal qu'il ne reste qu'une ou deux caisses par barrière pour le paiement (surtaxé) en carte ou espèces, le reste du trafic passant en flux libre à pleine vitesse ("free flow") avec badge...

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